L’utilisation inappropriée des antibiotiques renforce de plus en plus la résistance aux médicaments et entraîne des décès dus à des maladies pourtant guérissables. La résistance aux antimicrobiens est un problème majeur de santé publique, qui nécessite un ensemble d’interventions d’équipes pluridisciplinaires. Il est urgent, estiment les spécialistes, de réévaluer l’usage des antibiotiques chez l’animal, car, note le Dr Rachid Bouhaddi, spécialiste en réanimation à Paris, «l’antibiorésistance commence à la ferme». Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont remonté l’histoire de la résistance à l’ampicilline, un antibiotique à large spectre commercialisé dès les années 1960 en Europe et encore très utilisé aujourd’hui dans le monde. Ils ont identifié les premières bactéries résistantes à cet antibiotique et ont montré que l’apparition de cette résistance a précédé la commercialisation de cet antibiotique chez l’homme. Elle pourrait avoir été causée par l’administration de pénicilline au bétail dans les années 1950, expliquent les chercheurs dans une étude publiée dans The Lancet Infectious Diseases, le 29 novembre dernier. La réévaluation doit, selon ces chercheurs, «passer notamment par une veille étroite des résistances bactériennes, à la fois chez l’homme et chez l’animal, et ce, à l’échelle mondiale». A l’occasion de la célébration de la Journée nationale de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, le 4 décembre à l’Institut national de santé publique (INSP), le Pr Mokhtar Hasbellaoui, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a souligné qu’au cours des dernières décennies, elle représentait une menace croissante, entravant l’efficacité du traitement d’un ensemble d’infections émergentes et réémergentes, causées par des bactéries, des parasites, des virus ou des champignons. «L’impact de la résistance aux antimicrobiens nécessite le recours à des médicaments plus coûteux, engendre la prolongation de la maladie, de son traitement et de son hospitalisation, accroît les dépenses de santé et la charge financière pesant sur les familles et la société», a noté le ministre de la Santé. Et d’informer que dans le cadre de la riposte à ce grave problème de santé publique, un projet de plan d’action mondial a été élaboré, lors de la 68e Assemblée mondiale de la santé, en mai 2015. Les Etats membres ont adopté une résolution invitant à mettre en œuvre ce plan, à savoir le renforcement des connaissances et les bases factuelles par la surveillance et la recherche, réduire l’incidence des infections, optimiser l’usage des agents antimicrobiens et garantir des investissements durables pour combattre la résistance aux antimicrobiens. Dans ce cadre, a-t-il ajouté, tous les Etats membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont l’Algérie, ont réaffirmé leur engagement à élaborer et mettre en œuvre leurs plans d’action nationaux sur la résistance aux antimicrobiens, sur la base du plan d’action mondial. Il a signalé que le plan national d’action va renforcer le dispositif, déjà mis en place par le ministère de la Santé, à travers le réseau algérien de surveillance de la résistance aux antibiotiques, avec comme laboratoire de référence le laboratoire de l’IPA et celui mis en place par le ministère de l’Agriculture, à savoir le Réseau vétérinaire de surveillance de la résistance aux antibiotiques. Il a noté que l’Algérie dispose maintenant d’un ancrage juridique, à travers la promulgation récente du décret exécutif 17-310 du 24 octobre 2017 portant «création, missions, organisation et fonctionnement du comité national multisectoriel de lutte contre la résistance aux antimicrobiens pour l’élaboration et la mise en œuvre du plan d’action national». Il a annoncé, à cette occasion, que la célébration de cette Journée nationale de lutte contre la résistance aux antimicrobiens sera institutionnalisée par arrêté ministériel et célébrée chaque année le 13 novembre, durant la célébration de la Semaine mondiale sur la résistance aux antimicrobiens.
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