mercredi 27 décembre 2017

Une liste et des interrogations

Le gouvernement passe à l’action. Il a officiellement dévoilé la liste des acteurs autorisés à opérer dans la filière de l’industrie automobile en Algérie. Moins d’une semaine après que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ait déclaré, en s’adressant aux concessionnaires à l’inauguration de la 26e Foire de la production nationale, que «vous serez 5 pour les véhicules particuliers et 5 pour les poids lourds», on connaît désormais l’identité des entreprises qui ont été retenues pour le montage automobile suite à un courrier des services du Premier ministre au ministère de l’Industrie. Selon une note du Premier ministère, datée du 14 décembre, portant l’objet «encadrement de l’activité de production et de montage de véhicules en Algérie», «les pouvoirs publics ont décidé d’encadrer et de réguler l’activité de production et de montage de véhicules. Le décret exécutif visé en référence vient d’être promulgué à cet effet et accompagné de son cahier des charges, et un Conseil interministériel a été consacré à ce dossier le 11 de ce mois». Et si le chef de l’Exécutif, qui s’exprimait face aux concessionnaires, n’avait pas donné plus de détails à ce sujet, la présente note, où il est fait référence au décret n°17-344 relatif au montage automobile, dévoile désormais l’identité des investisseurs autorisés à faire du montage automobile. Pour ce qui des véhicules de tourisme, l’Etat a retenu le groupe Sovac avec son partenaire le groupe Volkswagen (Volkswagen, Seat, Skoda) pour un volume de 100 000 unités, le groupe Tahkout avec Hyundai pour un volume de 100 000 unités, Renault Algérie (Renault, Dacia) pour un volume global de 75 000 unités, Peugeot Algérie pour un volume global de 100 000 unités et Nissan, du groupe Hasnaoui, pour 60 000 unités. Ce qui totalisera un volume de production de 435 000 véhicules à partir de 2022. Pour ce qui des poids lourds : le groupe Ival avec la marque Iveco, la SPA Saven du groupe Haddad, qui produira des véhicules Astra, la SAP Frères Salhi, la SARL Tirsam et l’EURL GM Trade des associés Mazouz et Namroud. Le document émanant des services du Premier ministère précise que «toute autre entreprise activant dans ce domaine, qui n’a pas obtenu d’accord formel des services du ministère de l’Industrie et des Mines, ni reçu l’accord du Conseil national de l’investissement (CNI), est considérée en situation irrégulière et devra cesser ses activités. Les administrations concernées, notamment celles de l’industrie, devront prendre les dispositions nécessaires pour que lesdites entreprises cessent d’importer les intrants nécessaires pour leurs activités». Cela dit, si la démarche du gouvernement à limiter le nombre des investisseurs dans le montage automobile est dictée par l’amenuisement des réserves de change du pays, elle est brutale pour certains constructeurs qui activent déjà et pour ceux qui sont en négociations pour avoir l’agrément leur permettant d’installer des unités industrielles. C’est le cas de Global Motors Industries (Hyundai Trucks & Bus) qui assemble, depuis octobre 2016, la série de produits HD de la marque Hyundai et qui est écarté, si l’on se réfère à la liste publiée dans la note du gouvernement. De même pour l’unité de montage de véhicules KIA de Batna, de Glovis (filiale du groupe Global Motors) qui devra, semble-t-il, fermer aussi ses portes dans les prochains jours. En s’adressant à la fin de la semaine dernière aux concessionnaires, le Premier ministre a estimé que beaucoup d’opérateurs essayent de se lancer dans cette activité (montage automobile, ndlr) sans même attendre d’avoir les agréments nécessaires. Le gouvernement avait, pour rappel, décidé en 2014 d’imposer aux concessionnaires de développer une activité industrielle ou semi-industrielle, faute de quoi, ils se verraient retirer leur agrément. Entre-temps, des opérateurs ayant obtenu des autorisations provisoires, mais aucune du CNI, ont commencé à assembler des véhicules. Est-ce que le groupe Global Motors est concerné par cette situation ? Contactée, une source du groupe GMI préfère ne pas encore se prononcer à ce sujet. Le gouvernement semble aussi avoir mis un terme à tous les autres projets en attente de validation, comme celui du groupe Emin Auto (JAC/JMC), Renault Trucks/Volvo, du groupe Cevital, Fuso (Diamal), Scania, Suzuki et Saipa du groupe Tahkout, Kiv/Foton, Fiat, et la liste est encore très longue. Le jeu pour le montage automobile est ainsi verrouillé. «Il y a trop de demandes sur l’automobile et nous n’allons pas consommer toutes les devises de l’Algérie en important des kits, nous mettrons de l’ordre dans ce marché», a d’ailleurs lâché le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, jeudi dernier.

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