l Il s’agit uniquement des harraga qui ont été arrêtés, sans tenir compte de ceux qui sont morts noyés en mer lors de leur fatale aventure. Quinze candidats à l’émigration clandestine ont été arrêtés, tôt dans la matinée d’hier, par les éléments du commandement des garde-côtes de la wilaya de Annaba, relevant de la 5e Région militaire, avons-nous appris de la Protection civile locale. Parmi les harraga figurent 3 femmes, dont une jeune fille mineure de 16 ans, et quatre enfants de 2 à 6 ans. Il était 5h, lorsque, en patrouille, les unités des forces navales ont intercepté, à 21 miles nautiques au nord-est de Ras El Hamra, une embarcation artisanale. A bord de cette dernière, avaient pris place 15 jeunes, la tête pleine de rêves. Agés de 2 à 30 ans, ils ont appareillé vers 1h, de Sidi Salem, réputée pour avoir été la première plage à avoir inauguré le phénomène des départs vers les côtes européennes. Les malheureux harraga ont tenté de tromper la vigilance des gardes-côtes, mais c’était sans compter sur leur omniprésence, d’autant plus qu’ils sécurisent davantage les lieux depuis la multiplication du phénomène. Tous originaires de la wilaya de Annaba, ces jeunes et les infortunées mamans ont obtempéré à l’ordre des gardes-côtes d’éteindre le moteur pour leur permettre d’être ramenés à terre. Au port militaire, ils ont subi une visite médicale avant d’être auditionnés par la police judiciaire et présentés en fin d’après-midi devant le procureur près le tribunal de Annaba pour répondre de leurs actes, dont la tentative de quitter le pays clandestinement. Selon un décompte de la LADDH, depuis le 1er janvier 2017 jusqu’au 31 décembre 2017, 3109 tentatives d’émigration clandestine avaient été déjouées par les gardes-côtes algériens. «Ces jeunes fuyaient le chômage, dont le taux enregistré dépasse les 35%, et la dégradation de leur niveau de vie, tandis que seuls 10% des Algériens détiennent 80% des ressources du pays. Une situation très inquiétante et qui confirme que les différences s’agrandissent entre les classes du peuple de façon inédite», analyse le document de la LADDH. La LADDH attire, par ailleurs, l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur le fait que les chiffres avancés — 3109 tentatives d’émigration dont 189 femmes, 839 mineurs accompagnés ou bien non accompagnés — ne reflètent en aucun cas la réalité du terrain. En effet, il s’agit uniquement des harraga qui ont été arrêtés, sans tenir compte de ceux qui sont morts noyés en mer lors de leur fatale aventure. Cet état de fait conduit la LADDH, notamment le secrétaire national de la Ligue en charge de la communauté et des relations extérieures, Mahmoud Djenane, «à prendre en charge ce lourd dossier». En l’absence de statistiques officielles, la LADDH a tenté de cerner le nombre des ressortissants algériens détenus à l’étranger en se basant sur les informations partielles collectées auprès des familles de détenus, dans les rapports des ONG. Ces informations restent sûrement incomplètes et exigent plus d’efforts pour cerner de plus près ces chiffres, on parle de «plus de 17 500 Algériens qui sont détenus en Europe». Cité dans le document de la LADDH, Maître El Helmi Abou Bakr Seddik affirme de son côté qu’«il est dans l’intérêt de toutes les parties et celui de notre jeunesse aujourd’hui martyrisée de se situer dans le sens de l’histoire. Les autorités algériennes ont privilégié le volet répressif au lieu de s’occuper plus sérieusement des candidats à l’émigration qui, au péril de leur vie, cherchent à rejoindre l’autre rive. En effet, le dispositif criminalisant l’émigration clandestine (loi n°09-01 du 25 février 2009 portant sur les infractions commises contre les lois et règlements relatifs à la sortie du territoire national) n’a visiblement servi à rien».
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