Le recours de la DE à la justice, qui a prononcé «l’illégalité» de la grève, n’a fait que porter le bras de fer à son comble. La grève illimitée du Cnapeste, qui a bouclé ses 12 jours hier, continue dans la wilaya de Béjaïa et garde intacte la détermination des grévistes à poursuivre leur mouvement et fera jonction avec la grève nationale et illimitée à partir de ce mardi. Le syndicat a même appelé ses adhérents à une adhésion massive à cette grève nationale et au rassemblement, la veille, devant le siège de la direction de l’éducation (DE). Le recours de la DE à la justice, qui a prononcé «l’illégalité» de la grève, n’a fait que porter le bras de fer à son comble. Dans son dernier communiqué, le Cnapeste écrit que la DE a agit «sous instruction du ministère de tutelle» et «condamne énergiquement l’usage de mesures d’intimidations et de pressions exercées sur l’ensemble des enseignants grévistes et particulièrement sur les enseignant(e)s stagiaires et contractuels et dénonce avec force le recours aux ponctions intempestives sur salaire». Rien, dans le communiqué du syndicat, ne présage d’une baisse de tension et d’une intention de cesser le mouvement. Bien au contraire, le Cnapeste met même «en garde les responsables de la DE concernant les entraves au libre exercice du droit syndical» l’accusant de s’investir «dans les effets d’annonce et dans les ajournements qui ont de lourdes incidences autant sur la carrière des enseignant(e)s que sur le bon fonctionnement des établissements». Préférant ignorer le volet financier et notamment le conflit provoqué par la ponction d’un seul coup de neuf jours de travail sur les salaires du mois en cours, le Cnapeste rappelle à la DE les engagements cosignés sur des PV, dont ceux de décembre 2017 et même ceux qui remontent à mars 2015, conclus entre «le ministère de l’Education nationale et le bureau national du Cnapeste». Concernant l’inquiétude grandissante des parents d’élèves, le syndicat a deux oppositions. Tout en se disant «compréhensif et soucieux» et affirmant qu’il «les assure de sa totale disponibilité pour répondre à leurs attentes légitimes après le dénouement du conflit», trouve, par contre, qu’il y a «différentes manœuvres tendancieuses de la part de ceux qui se sont autoproclamés défenseurs des élèves, qui en réalité n’obéissent qu’à des injonctions de conjonctures». La flèche pourrait bien être adressée à la Fédération nationale des parents d’élèves. Hier, elle a battu le rappel de ses adhérents pour une assemblée générale au lycée El Hammadia, tandis que l’Union de wilaya s’est réunie au siège de la CDDH et a rendu publique une déclaration interpellant surtout la DE. L’Union considère que l’on est en train de dresser parents d’élèves et enseignants grévistes les uns contre les autres «par des structures interposées, dans le but d’épargner la responsabilité de la tutelle de l’assainissement de tout environnement qui favorise un enseignement de qualité». Elle refuse, cependant, de voir l’école «otage des antagonistes en conflit». Si «les revendications sont légitimes, la grève syndicale de par le monde est limitée dans la durée. Cette persistance d’une grève illimitée déborde sur un autre terrain qui est d’ordre politique et peut produire l’irréparable, dont les conséquences s’abattent sur la scolarité de nos enfants», écrit l’Union qui prévoit de ce concerter avec les parents d’élèves pour «une action d’envergure» afin d’exhorter les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités. La DE est interpellée aussi par le groupe d’élus indépendants de l’APW pour «trouver une solution juste et durable» à la crise. «Ce conflit, hélas, prend en otage nos enfants et risque de compromettre leur scolarité au seul motif que l’administration s’entête dans une démarche qui consiste à faire la sourde oreille aux revendications légitimes du corps enseignant», écrit le groupe de cinq élus.
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