- Les professionnels contestent depuis plus d’un mois une augmentation des prix du bois qualifiée d’«excessive» et d’«exagérée». Comment l’expliquez-vous ? Il faut que vous sachiez que nous avons mené au niveau du ministère du Commerce une enquête sur ce sujet et nous n’avons rien relevé d’anormal. Il n’y a aucune spéculation dans nos marchés, et du coup je ne vois pas l’augmentation dont parlent ces professionnels. Au contraire, ces derniers évoquent plutôt l’insuffisance du produit dans nos marchés ; une situation qui revient au manque d’approvisionnement en la matière depuis sa soumission aux licences d’importation en janvier 2017. Nous avons constaté un petit retard dans la délivrance de ces licences, ce qui a fait que les toutes premières n’ont été attribuées qu’à la fin juillet. Deux entreprises seulement l’ont acquises au début. Il s’agit de deux sociétés spécialisées dans la transformation, à l’image de l’entreprise publique Divindus. Vous devez comprendre que c’est un temps très court. De plus, la procédure administrative d’étude du dossier et d’ouverture de la lettre de crédit prend beaucoup de temps. Nous importons de 38 pays différents qui sont géographiquement très loin de l’Algérie. Importer du Brésil, par exemple, est un processus long. Ce n’est que pendant ces dernières semaines que le marché a commencé à reprendre son souffle. Mais bon, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu d’importation avant les licences. Il y en a eu, mais en quantités jugées insuffisantes par les professionnels. C’est peut-être cela qui expliquerait l’augmentation des prix dont parlent les professionnels en question. - Donc, vous avouez quelque part que les prix ont réellement augmenté ? Pourriez-vous être plus clair sur cette question ? Il y a d’abord la chaîne commerciale qui pose problème. Les prix augmentent d’un revendeur à un autre. Chacun souhaite avoir sa marge bénéficiaire car de plus en plus il y a d’intermédiaires, plus il y a de l’augmentation des prix. Autres facteurs. Si vous importez de l’Union européenne où ce produit est franchisé, le cas de la Finlande par exemple, il faut savoir qu’à ce moment là vous ne payez pas les frais de douanes qui sont de 15% et la TVA qui est de 19%. Mais le bois ne provient pas que de ces pays seulement car la plus grande quantité provient des zones hors Union européen. Les importations à partir de ces pays là sont soumises au payement des droits de douanes. Si vous prenez le bois en hors taxe, le montant de la tonne qui coûte pratiquement 413 dollars, auquel il faudra ajouter les 15% des frais de douanes et les 19% de la TVA, elle sera de 57 000 DA le m3. Si vous ajouter les frais de transport et la marge bénéficiaire de l’importateur, le coût d’une tonne sera autour des 60 000 à 65 000 Da. Au final, une tonne sera vendu chez les grossistes autour de 80 000 à 85 000 Da le m3, parfois même plus, d’où l’augmentation des prix dont parlent certains professionnels du domaine. Donc, c’est plutôt une structure normale des prix et non une augmentation. De plus, les prix du bois sont libres comme l’est beaucoup d’autres, excepté pour les produits de base qui constituent une sensibilité économiques pour le consommateur. De plus, même les prix à l’international augmentent et diminuent. Le marché est aussi en lien avec ce facteur. - Pouvez-vous développer un peu plus ce point du manque d’approvisionnement que vous évoquez ? Selon les chiffres du Centre national d’informatique et des statistiques des douanes, les quantités importées jusqu’ici, soit avant le système des licences, s’élèvent à plus 739 000 tonnes de bois, ce qui correspond pratiquement à 924 000 m3 , toutes qualités confondues (rouge, blanc ou hêtre). Sur les 739 000 tonnes, il y a plus de 202 000 tonnes qui sont destinées à la fabrication des meubles. Autre chose : en termes de valeur, le quota réservé pour l’importation de bois et qui reste à réaliser en cette année 2018 est de 211 millions Dollars. La quantité évaluée en dollars et qui a été donnée cette année pour l’importation du bois est de 302 millions Dollars, ce qui fait que nous n’avons importé que pour seulement 92 millions Dollars. 253 000 m3 importé sous le régime de licence. A ce chiffre, il faudra ajouté la quantité qui sera importée avec les 211 millions Dollars qui reste. Il faut savoir, que les dernières licences distribuées ont été reçues fin septembre dernier. Nous sommes actuellement à 164 licences attribuées, au lieu de 16 en août 2017. Donc, je suppose que l’importation va atteindre ses objectifs incessamment et que les prix seront vus à la baisse d’ici là. Ainsi, le problème sera résolu pour ces gens qui posent la problématique de l’augmentation des prix. - Peut-on dire aujourd’hui que c’est le système des licences qui a conduit à l’augmentation des prix du bois ? On peut dire oui, comme on peut dire non. Il y a un facteur psychologique. Le fait de dire que ce produit est soumis à licence, cela fait craindre les opérateurs économiques. De ce fait quand on parle de licence, on parle directement de la raréfaction du produit, alors que le système des licences n’a pas été créé dans cet objectif. Il a été initié dans le but de rationaliser le marché de l’importation de bois. Car, il est tout à fait normal qu’on agisse quand l’importation s’opère d’une manière massive ou aveugle. Dans notre cas, l’Etat a agi justement dans ce sens. Donc, je reviens au point discuté au début. Le facteur psychologique joue beaucoup dans ce genre de situations. On a tendance à penser que le produit sous licence est rare. - Donc, ce n’est pas le ministère qui contrôle les prix du bois, mais les importateurs... ! Du point du vue du droit, je dirais que les prix sont libres. Le ministère n’intervient aucunement. Quand le ministère constate quel ou tel autre marché commence à prendre des proportions au point d’être déréglé ou de créer des problèmes, à ce moment là le gouvernement peut intervenir et réglementer le marché, comme nous l’avons fait avec le système des licences. Le marché économique est par définition la rencontre de l’offre et de la demande. Je prends l’exemple de Tadjenanet à Sétif. Les professionnels doivent savoir que ce marché est illégal. Les licences ont été octroyées à la fois aux producteurs, aux importateurs et aux consommateurs, en fait aux gens qui ont l’habitude d’importer ce produit. Et par définition, aux gens qui ont la maîtrise du coût à l’international et dans les marchés national. Maintenant, pourquoi les professionnels ne sont-ils pas allés voir l’entreprise Divindus, par exemple ? Cette dernière a 18 filiales de vente à travers le pays. Pourquoi ne vont-ils pas s’approvisionner chez Divindus ? Elle a obtenu le gros du contingent. Elle a importé sur la quantité de 249 000 m3, évoquée précédemment, 109 000 m3 jusqu’au fin novembre. Sur cette quantité importée, Divindus a procédé à la répartition de 61% de cette marchandise qui est pratiquement destinée à des marchés publics. Les 39% restants ont été attribuées au secteur privé comme le BPTH (bâtiment travaux publics et de l’habitat), aux transformateurs et à quelques distributeurs (4%). Divindus a desservi plus 1489 opérateurs économiques à travers le pays. De plus, elle a en phase de commercialisation une quantité d’environ 41 000 m3. C’est juste pour vous dire que la répartition a été faite. De plus, de par son statut public, elle participe aussi à la régulation du marché. Même si on ne parle pas de marchés légaux au sens propre du terme, mais plutôt d’implantations de transformateurs, il faut savoir qu’il y a Blida, le centre algérois, Koléa où se trouvent des transformateurs installés légalement et qui ont une tradition dans le métier. - Qu’en est-il de la production nationale ? Il n’y a pas de production nationale. Il faut peut-être poser la question au DG des forêts. Nous ne sommes pas gâtés par la nature. Nous sommes un pays nettement importateur de cette matière.
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