Leur détermination est intacte et ils l’ont encore une fois prouvé. Ce sont les étudiants de l’Ecole normale supérieure (ENS) Assia Djebar de Constantine, qui entament leur troisième mois de grève. Pour ce rendez-vous hebdomadaire de contestation, qu’est devenue la journée du lundi, ils ont fait une démonstration de force inédite, celle de tenir un rassemblement sur le passage du tramway. A la station Kaddour Boumedous, face au siège régional de l’Entreprise nationale de la Télévision, ils sont plusieurs dizaines à s’être amassés sur la voie du tramway pour y tenir un piquet de grève. Une action spectaculaire qui a mis à l’arrêt les rames du tramway et fortement pénalisé les usagers, surpris par cette marrée humaine qui a investi la station. «Nous avons tenté plusieurs actions qui n’ont malheureusement eu aucun écho. Nous avons donc pensé à quelque chose qui induira des conséquences directes sur le quotidien des citoyens afin de les sensibiliser à notre cause», nous confiera une étudiante en fin de cycle. Cette décision de bloquer un moyen de locomotion très utilisé par les Constantinois résidant sur les hauteurs de la ville intervient après une tentative avortée de bloquer l’entrée de l’université Constantine 3 où est implantée l’ENS. En effet, tôt le matin, des normaliens ont essayé d’interdire l’accès à l’université sans réellement y parvenir. «Vers 7h30, des étudiants ont tenté de bloquer l’accès à l’université Constantine 3, mais ils en ont été empêchés par les agents de sécurité et le personnel administratif», nous a-t-on affirmé. Ce qui les contraint à déplacer le lieu de contestation vers le centre-ville. Lundi dernier, ils ont pris pour point de ralliement le siège de la direction de l’éducation afin d’interpeller la tutelle. La semaine d’avant, ces mêmes étudiants ont organisé une marche au centre-ville, perturbant largement la circulation. «Tout ce qu’on a entrepris depuis des semaines n’a fait réagir aucune partie», nous a dit une étudiante en 2e année de mathématiques, dépitée, mais sans perdre espoir d’une issue favorable. Elle s’interroge, autant que ses camarades, sur l’attitude immuable du ministre de tutelle, qui «pousse la situation au pourrissement». A rappeler que dans la plateforme revendicative, il est question de ne pas toucher à l’article 4 du contrat d’accès à l’ENS qui stipule le recrutement de l’étudiant dès la fin de son cursus, et ce, selon l’adresse mentionnée dans ledit contrat et, par conséquent, ne pas avoir à s’inscrire sur la base numérique du recrutement national, avoir accès au master et au doctorat et être prioritaires lors des recrutements. Le ministère de l’Enseignement supérieur a opposé une fin de non-recevoir aux revendications des étudiants grévistes. Une réunion entre son département et celui du recruteur, en l’occurrence le ministre de l’Education nationale, a abouti à l’installation d’une commission mixte chargée de l’examen de cette situation. Cette instance n’a pas non plus répondu aux doléances des normaliens. La difficulté de recruter des diplômés des ENS au niveau des wilayas de leur résidence, notamment pour certaines spécialités scientifiques, est l’argument brandie. Hier, devant un dispositif sécuritaire impressionnant, les grévistes ont réussi à paralyser pendant toute une matinée le trafic sur les rails. Chassés par les agents de l’ordre, ils ont libéré la voie pour aller battre le pavé à proximité du lycée Ben Badis. Dans cette cohue, au moins deux étudiantes ont été évacuées par les éléments de la Protection civile.
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