De graves accusations ont été portées par Abderrahmane Achaïbou, président du conseil d’administration du groupe automobile Achaïbou, à l’encontre de l’ancien ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb. Dans une lettre au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, parue jeudi dernier sous la forme d’un encart publicitaire dans le quotidien El Watan, il dénonce ce qu’il nomme «des pratiques discriminatoires et mesures d’iniquité à l’égard du groupe pour le traitement de ses demandes de renouvellement de l’agrément de concessionnaire de véhicules neufs pour les marques Kia, Ford, Suzuki, Daewo, Isuzu et d’investissement dans la production et le montage de véhicules». Un blocage qui n’a pas été sans conséquences puisque, selon la même lettre, le groupe a été obligé de réduire ses effectifs de 1230 travailleurs sur les 1700 qu’il comptait en 2014 pour «assurer la survie de ses entreprises». En termes plus clairs, «72% du personnel ont été licenciés». L’ex-ministre de l’Industrie et des Mines «n’a jamais daigné répondre à près d’une vingtaine de correspondances que nous lui avons adressées depuis le 14 avril 2016, date à laquelle, pour nous écarter des quotas, il nous notifie, à l’identique, des réserves déjà levées». Cette situation est vite assimilée à un «blocage sélectif» et qui est à l’origine de la «redistribution de toutes les marques commercialisées par les entreprises du groupe Achaïbou, chacune étant concédée à un autre concessionnaire qui bénéficiera de toute la promotion que nous avons réalisée pour la marque». La lettre précise aussi sans la moindre ambiguïté que «l’ex-ministre Bouchouareb avait déjà organisé la faillite du groupe Achaïbou en le dépouillant de ses marques pour les donner à ses parents et amis». Selon l’enquête d’un site web algérien, le 18 septembre 2016, Achaïbou Abdelhamid, le directeur général de Kia Motors Algérie, avait transmis à Tera Amine, conseiller de Abdessalem Bouchouareb, une demande pour agréer un dossier d’investissement concernant l’implantation en Algérie d’une usine de montage des véhicules de Kia Motors. Le 25 octobre 2016, le constructeur sud-coréen adresse, depuis son siège régional à Dubaï, une note officielle où il fait part de sa volonté de travailler avec le groupe privé algérien pour développer un projet industriel en Algérie comme l’exige la nouvelle orientation fixée par l’Etat algérien. Abdessalem Bouchouareb a décidé unilatéralement d’enlever la marque Kia au groupe Achaïbou pour l’attribuer à un autre opérateur. «Il est inconcevable que le constructeur Kia Motors Corée ait décidé de changer son partenaire Kia Algérie, avec lequel il entretient depuis plus de 20 ans une relation parfaite et qui lui a permis de mettre en circulation plus de 180 000 véhicules de sa marque en Algérie», est-il mentionné dans la lettre. Achaïbou Abderrahmane espère par cette missive que le groupe soit rétabli dans ses droits légitimes avec la «levée de ces pratiques discriminatoires prises sans aucun justificatif». Il faut rappeler que l’Etat a constaté, il y a quelques années, que le secteur automobile fonctionnait de manière désordonnée et inadaptée et le gouvernement a retenu un ensemble de mesures afin de remédier à cela. En 2016, des mesures ont été prises par le gouvernement, telles que l’exigence des licences et les quotas d’importation, ainsi que l’introduction de nouvelles conditions dans les cahiers des charges des concessionnaires, réduisant ainsi les importations de près de 50% par rapport à l’année 2015. En 2017, le taux d’importation a encore baissé d’environ 45%. Ces mesures visent à la fois à économiser les réserves de change qui ont connu une forte baisse causée par la chute des cours des hydrocarbures, principale source de devises de l’Algérie, et à stimuler la production nationale. Le marché de l’automobile reste très convoité. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a décidé de différer l’instruction relative au montage de véhicules, datée du 14 décembre, ayant pour objet l’«encadrement de l’activité de production et de montage de véhicules en Algérie», dans laquelle une dizaine d’entreprises ont été agréées pour exercer l’activité, alors que d’autres ont été écartées. Dans une note du 25 décembre adressée aux ministres des Finances, de l’Industrie et des Mines et du Commerce, ainsi qu’au directeur général de l’ANDI, il est indiqué qu’«à la demande de Monsieur le ministre de l’Industrie et des Mines de revoir les données du dossier de l’activité de production et du montage de véhicules, la mise en application de ces instructions contenues dans la note n°555 du 14 décembre courant est différée au 31 janvier 2018». Il faut signaler que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a été destinataire également de cette note à titre de compte rendu.
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