Critiques ouvertes, attaques, contre-attaques et grand malaise… Les différends entre les partis du pouvoir et proches de la Présidence sont désormais étalés publiquement. Alors qu’ils affichaient, en automne dernier, une sorte d’ «union sacrée» en vue de faire bloc face à l’opposition, les chefs des principaux partis de «l’Alliance présidentielle», réactivée par Ahmed Ouyahia, s’entredéchirent. Et sans ménagement aucun. Tout a commencé en ce début de l’année 2018. Et c’est le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, qui était le premier à ouvrir les hostilités. Le patron de l’ex-parti unique s’illustre avec un discours ambivalent, dans lequel il assène des coups au secrétaire général du RND, tout en déclarant son «amour» au Premier ministre, Ahmed Ouyahia. «Des gens veulent attiser le feu entre moi et mon ami Ahmed Ouyahia. Il n’y a aucune rivalité entre lui et moi», avait-il déclaré il y a quelques jours, lors d’une rencontre avec ses militants à l’ouest du pays. Mais cela ne l’a pas empêché de lui adresser de nouvelles flèches à partir de M’sila, dimanche dernier. «Toutes les décisions sans l’accord du FLN, première force politique du pays, sont nulles. Nous soutenons toutes les décisions du président de la République qui portent sur la sauvegarde des entreprises publiques», lance-t-il, sans se référer au gouvernement chargé de mettre en œuvre le programme du chef de l’Etat. Et d’ajouter : «La sauvegarde des entreprises publiques est l’un des principes fondateurs du FLN depuis la Déclaration du 1er Novembre 1954.» Depuis le début du mois en cours, Djamel Ould Abbès ne rate aucune occasion pour charger le Premier ministre en le montrant comme «celui qui veut brader» ce qui reste du tissu industriel public. Il s’est dit même contrarié par la tenue d’une tripartite pour avaliser le partenariat public-privé «sans qu’il soit consulté au préalable». Ahmed Ouyahia ne s’est pas laissé faire. Profitant de la réunion du conseil national de son parti, le secrétaire général du RND rétorque d’une manière aussi virulente. «Le président de la République appartient à tous les Algériens», lance-t-il, en guise de réponse au responsable du FLN qui se présente comme le «représentant attitré» du chef de l’Etat et «défenseur de son programme». Au début de cette semaine, le président du MPA, Amara Benyounès, s’est mis lui aussi de la partie en critiquant, à son tour, et le FLN et le gouvernement. Intervenant samedi denier à Jijel, Amara Benyounès, dont le parti est membre de cette Alliance présidentielle factice, critique violemment les décisions du gouvernement sur les importations et les entreprises publiques. «Il ne fallait pas complexer le peuple algérien parce qu’il consomme certains produits», déclare-t-il en réaction à la décision du gouvernement de stopper l’importation de plusieurs produits. «Tout problème économique doit être réglé avec des solutions économiques et non politiques, sociales ou administratives car ces solutions ne seront pas efficaces et leurs effets seront très négatifs», ajoute-t-il. Après cette critique visant le gouvernement, Amara Benyounès règle aussi ses comptes avec Djamel Ould Abbès qui se montre défenseur des entreprises publiques. «Ils parlent de souveraineté, est-ce que la souveraineté réside dans un hôtel ou une usine de textile gérés par l’Etat ? En Amérique, au Japon, en Allemagne et ailleurs, il n’y a aucune entreprise publique. Est-ce que ces Etats ont perdu leur souveraineté ?» interroge-t-il encore. Que cache cette guéguerre ?
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