Abdelhamid Temmar, ministre successivement entre 1999 et 2007, de l’Industrie, de la Participation et de la Coordination des réformes, de la Participation et de la Promotion des investissements, et enfin de l’Industrie et de la Promotion des investissements, aurait mieux fait de se taire. Lui qui défendait il y a quelques jours la privatisation des entreprises publiques durant son exercice s’est fait descendre par la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, militante acharnée du secteur public. Lors d’une conférence de presse qu’elle a animée le week-end dernier, elle ne critique pas seulement les orientations de Abdelhamid Temmar, mais l’accuse ouvertement de corruption ! «Viendra un jour où le bilan des privatisations sera connu et dévoilé, et là, vous répondrez de vos actes, car les crimes économiques sont imprescriptibles», promet-elle en lançant un pavé dans la mare : «Les privatisations ont fait exploser la corruption et les pots-de-vin, et nous avons des preuves.» Louisa Hanoune dit bien être en possession de preuves, et l’information a dû parvenir à la seconde près à qui de droit. Via plusieurs canaux, la presse et les renseignements généraux qui couvrent systématiquement les conférences de presse des responsables politiques. Mais visiblement les accusations de la secrétaire générale du PT n’ont eu aucun écho. Du moins pas pour l’instant. Elles semblent être tombées dans l’oreille d’un sourd. Qu’attend en effet la justice pour ouvrir une information judiciaire sur cette affaire qui a été, selon les termes de Mme Hanoune, une catastrophe pour le pays ? Si prompt à s’autosaisir sur des dossiers vides ou des questions qui dérangent, comme il l’avait fait en 2015 contre l’ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi, suite à une conférence qu’il avait animée à Béjaïa, le département de Tayeb Louh brille par son silence sur un sujet grave qui pourtant peut donner une bonne matière à la justice. Les preuves sont toutes prêtes. Elles sont chez la secrétaire générale du PT. «La corruption et les pots-de-vin» sont des délits sévèrement punis par la loi. Ce ne sont pas de simples erreurs de gestion mais de véritables «crimes économiques». Il n’est un secret pour personne que la manière avec laquelle a été menée l’opération de privatisation de pas moins de 800 entreprises publiques était loin de répondre aux critères de transparence qu’exige la gestion des biens de la collectivité. Louisa Hanoune a raison de demander à Abdelhamid Temmar les détails de la cession au privé des sociétés étatiques sur laquelle pesaient déjà d’énormes soupçons d’avoir servi surtout les amis, la cour et soi-même. Et c’est «dans le détail que sommeille le diable». Ces détails ne sont pas encore livrés à l’opinion publique qui est en droit de savoir. Mais ils tarderont certainement à être mis sur la place publique. Peut-être le jour où le bilan des privatisations sera fait, comme le dit celle qui semble en connaître les dessous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire