Paris (France) De notre bureau Nouveau rebondissement dans l’affaire des moines de Tibhrine. Les conclusions des dernières expertises scientifiques, rendues publiques par la presse française jeudi dernier, mettent globalement en exergue quelques points. Outre le fait que les religieux auraient été assassinés plusieurs semaines avant la découverte officielle de leurs têtes, l’enquête, menée par des experts français, a conclu également que ces têtes ne portaient pas de trace de balle. C’est un point extrêmement important à ce stade de l’enquête. Il invalide pleinement la thèse défendue par certains cercles français, selon laquelle c’est l’armée algérienne qui aurait tué, par erreur, les moines par des tirs depuis un hélicoptère. Pourtant, en mai 1996, l’ex-GIA (Groupe islamique armé algérien), par la voix de son chef Djamel Zitouni, avait revendiqué l’assassinat des sept moines dont les têtes avaient été retrouvées le 30 mai 1996 près de Médéa, à 90 km au sud d’Alger. Kidnappés vers la fin du mois de mars de la même année, le GIA avait menacé de les égorger, si la France n’accédait pas à certaines de ses «revendications». Pour rappel, El Watan avait rapporté, dans une de ses éditions, en septembre 2011, que des contacts avaient été établis entre l'ambassade de France et les preneurs d'otages. Un émissaire français s'était même déplacé pour rencontrer les ravisseurs. Sur place, il avait exigé de voir les moines avec lesquels il s’est entretenu pendant quelques minutes, selon le témoignage d'un repenti. Mais le Français portait une montre un peu bizarre. En la lui enlevant, son guide a découvert une puce de géolocalisation. C’est à ce moment-là que le sort des moines avait basculé. Les contacts étaient rompus et la suite est connue. Par ailleurs, si les mêmes conclusions ont souligné que les «moines auraient été tués avant la date officielle de leur mort, le 21 mai, et décapités post mortem», elles ont montré aussi qu’il n’y avait pas de présence de particules métalliques au niveau de leurs têtes, autrement dit pas d’impact de balle. «Ce qui fragilise la version selon laquelle une patrouille de l’armée aurait commis une bavure en tirant sur les moines depuis un hélicoptère», a reconnu Patrick Baudouin, avocat des familles des moines au journal Le Monde. Me Baudouin continue néanmoins de marteler, sans apporter la moindre preuve, que ceux qui savent des choses sur cette affaire se trouvent toujours au sein du pouvoir algérien. L’Algérie avait remis en juin 2015 un premier rapport d’experts à la justice française sur la base des consultations effectuées sur place. Une année après, c’est-à-dire en juin 2016, elle a remis également les prélèvements pour analyses scientifiques. Mais 22 ans après les faits, force est de constater que ce dossier continue d’envenimer les relations entre Paris et Alger.
samedi 31 mars 2018
«Le tamazight n’a pas besoin de consultation pour être généralisé»
La ministre de l’Education nationale a démenti avoir lancé une quelconque consultation sur la généralisation de l’enseignement de tamazight. Plusieurs titres de presse ont relayé, à la fin de la semaine, avec copie du questionnaire à l’appui, le lancement d’une consultation prétendument adressée par les services du ministère de l’Education, invitant les parents d’élèves à se prononcer s’ils sont pour ou contre l’enseignement de tamazight dans l’établissement de leur enfant. Tamazight, qui est une langue nationale et officielle, «n’a pas besoin d’une consultation pour être généralisée», a souligné Nouria Benghabrit, en marge de la conférence des cadres de son secteur, tenue jeudi dernier. La ministre dénonce «une campagne orchestrée ciblant son secteur». Ce vulgaire «fake news», selon la ministre, va à l’encontre de la politique de son département, visant la généralisation de l’enseignement de tamazight dans les 48 wilayas, dès la rentrée de l’année scolaire 2018/2019. «Cette rumeur va à l’encontre de la politique du secteur et de l’intérêt de la société», ajoute Mme Benghabrit. Le lancement d’une consultation serait donc à l’encontre de la politique prônée jusque-là par le département de l’Education. Le 5 février dernier, à l’occasion du lancement officiel de la première édition du concours Plumes de mon pays, la ministre avait annoncé que tamazight, qui est enseigné actuellement dans 38 wilayas, sera généralisé aux 10 autres wilayas dès la prochaine rentrée. Mme Benghabrit a toujours souligné l’engagement de son département pour la promotion et la généralisation de l’enseignement de cette langue ainsi que l’amélioration de l’encadrement, à travers la création de nouveaux postes budgétaires. La ministre a annoncé en outre que les épreuves du baccalauréat se dérouleront du 20 au 25 juin prochain, avec une journée de repos le vendredi 22 juin. La date de cet examen a été, pour rappel, reportée conformément aux résultats de la consultation lancée sur la question, en raison du retard accusé dans certaines wilayas à cause du débrayage du Cnapeste. Le bac blanc est prévu du 27 au 31 mai, précise la ministre. Les dates de déroulement des examens de la fin du cycle primaire et du Brevet de l’enseignement moyen restent inchangées. L'examen de fin du cycle primaire a été maintenu pour le 23 mai, tandis que celui du cycle moyen se déroulera du 28 au 30 mai 2018.
Le ministère navigue à vue
Le développement de l’appareil productif national semble un slogan creux. Plus de quatre années après l’annonce d’un nouveau modèle économique visant la diversification des exportations, très peu de choses ont été faites. Le ministère de l’Industrie, censé préparer le terrain et réunir toutes les conditions pour créer une véritable industrie nationale, semble pécher par manque de stratégie. Les polémiques récurrentes sur la balbutiante industrie de montage automobile et l’ampleur qu’elles prennent renseignent sur l’absence d’une politique industrielle claire, aux objectifs bien définis. En rendant publics tout récemment les prix des véhicules sortis d’usine, le ministère de l’Industrie a démontré un intérêt tout particulier à cette branche d’activités qu’il semble suivre de près plus que toutes les autres industries, dont certaines sont totalement à l’abandon, quand elles ne sont pas soumises à la loi de la jungle. Les Algériens savent aujourd’hui combien coûte le véhicule monté localement à sa sortie d’usine. Mais ils ne savent pas combien coûtent à la sortie d’usine le kilogramme de pâtes, le litre d’huile de table, le pot de yaourt, la boîte de fromage, le paquet de biscuits, le sac de semoule, le sac de ciment, le quintal de rond à béton... Car, tous les Algériens ont constaté la hausse importante des prix de divers produits, allant de l’alimentaire, aux vêtements en passant par tout ce qui est manufacturier, les matériaux de construction... Des hausses qui vont jusqu’à 100% pour certains produits touchés par l’interdiction à l’importation. Une hausse que la seule dépréciation du dinar ne peut expliquer. S’il est vrai que l’automobile passionne les Algériens et que pouvoir produire des véhicules localement reste un prestige que tous les pays n’ont pas, il n’en demeure pas moins que cette branche d’activité ne peut pas constituer, à elle seule, l’industrie nationale. En effet, l’intérêt du ministère de l’Industrie, en charge de ce secteur, ne doit pas se limiter à une seule branche d’activité. Son plan d’action doit coiffer l’ensemble du secteur, de l’agroalimentaire à la métallurgie, en passant par la pétrochimie, la sidérurgie et l’électronique. Cela d’autant plus que beaucoup reste à faire pour sortir notre pays de cet immense désert industriel. Tout le monde sait que l’Algérie n’arrive toujours pas à produire localement. Les taux d’intégration, bien qu’ils varient d’une filière à l’autre, demeurent des plus faibles dans la région. Notre industrie est dépendante du savoir-faire étranger et surtout des intrants importés. Il n’y a pas une seule filière qui échappe à ce triste constat, reflété notamment par la structure des exportations. En effet, la «rubrique» relative aux équipements, intrants et diverses matières et composants destinés à l’industrie nationale représente 65% des importations globales. Et les produits faits localement ne sont pas toujours moins chers que ceux importés. Si l’on prend, par exemple, le cas de l’industrie pharmaceutique, le générique fabriqué localement coûte plus cher que le produit importé. L’une des raisons de ce coût élevé est que tous les intrants viennent de l’étranger. Qui doit-on blâmer ? Le producteur qui ne trouve pas localement de fournisseurs ou l’Etat qui n’a rien fait pour permettre le développement de l’ensemble des filières industrielles ? En effet, en Algérie, l’industrie des intrants est quasi inexistante. Et même quand elle existe, elle ne correspond pas aux normes requises en la matière. Ce constat a été établi par bien des producteurs. Le cas le plus récent est celui des céramistes qui ont interpellé le Premier ministre sur l’absence de fournisseurs locaux de frites et engobe deux intrants, qui entrent dans la fabrication de la céramique, interdits à l’importation. Dans le domaine de l’électroménager ou l’électronique, les producteurs nationaux ramènent l’essentiel des composants de l’étranger. Même les entreprises publiques font dans ce qu’on appelle en jargon économique du CKD, SKD et dépendent totalement du marché extérieur. Les exemples sont nombreux et tous illustratifs de ce désert industriel, qui n’est que le résultat de la gestion politicienne des affaires économiques. Malgré toutes ces déficiences dont souffre notre industrie et l’énorme retard à rattraper, l’acte d’investir n’est toujours pas libre dans notre pays. Combien de dossiers d’investissement sont en souffrance au ministère de l’Industrie ou au niveau du Conseil national d’investissement qui attendent l’aval d’on ne sait quelle puissance ? Combien de projets sont bloqués par des bureaucrates qui sont beaucoup plus préoccupés par leur carrière que par l’avenir de l’industrie ? Le réveil industriel ne semble pas pour demain.
«Bouteflika doit adopter notre proposition»
La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a réitéré, encore une fois, hier à Annaba, sa demande au Président pour la mise en place d’une Assemblée nationale constituante. «Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, doit adopter la proposition de notre parti, qui consiste en la mise place d’une Assemblée nationale constituante dont la mission est de désigner un gouvernement selon la nature politique du pays. Elle sera composée de technocrates et dotée de pleins pouvoirs pour établir un calendrier électoral pour élire les différentes instances du pouvoir», a insisté Mme Hanoune en marge d’une rencontre régionale avec les cadres de son parti venus de Tébessa, Guelma, El Tarf, Skikda et Annaba. La patronne du PT croit dur comme fer que «la véritable solution pour une sortie de crise demeure, inéluctablement, la refondation politique, qui ne peut se concrétiser qu’à travers la convocation par Bouteflika des élections pour une Assemblée nationale constituante. Pour crédibiliser notre action, nous sommes actuellement en pleine opération de sensibilisation». Parallèlement, la secrétaire générale du PT a estimé que l’Assemblée nationale constituante concrétisera la réforme politique globale que Abdelaziz Bouteflika a souhaitée en 2012, mais a échoué dans les murs de l’hémicycle. «Mais qui a peur de cette Assemblée nationale constituante ?» s’est-elle interrogée. «Les partis au pouvoir et leurs relais qui ont peur du changement», a-t-elle répondu en ajoutant : «Je suis étonnée de la position des partis de l’alliance présidentielle qui ne veulent pas entendre parler de ce projet politique sans justification plausible. Finalement, ils ont peur du peuple et de ses réactions. Au Parti des travailleurs, nous n’avons pas peur de lui, au contraire c’est notre allié. Sachant que ces couches sociales sont tirées vers le bas, on leur lance un appel pour nous rejoindre dans cette initiative pour sauver l’Algérie.» Abordant l’état du front social, la politicienne a prévenu : «Ces mouvements sociaux vont finir par devenir politiques et peuvent être récupérés politiquement contre le système en place qui ne fait que bloquer le pays. C’est ce qui nous pousse à miser sur la classe intellectuelle pour s’impliquer davantage afin de sauvegarder notre nation.» Avant de quitter le palais de la culture Mohamed Boudiaf, Louisa Hanoune a annoncé à l’assistance qu’elle rencontrera, aujourd’hui, ses cadres issus de neuf wilayas à Constantine pour une opération similaire de sensibilisation.
Le projet de la loi en «phase avancée», selon Bedoui
Le ministre de l’Intérieur, des Collectivité locales et de l’Aménagement du territoire, Nourredine Bedoui, estime que le développement local viendra de la nouvelle loi sur les collectivités territoriales, qui est en gestation au niveau de son département ministériel. En effet, en réponse jeudi à une question d’un sénateur, le ministre de l’Intérieur a souligné que l’élaboration du projet de loi a atteint une phase avancée, insistant sur le fait qu’il conférera un rôle pionnier en matière de missions relatives au développement local. «L’amendement constitutionnel, initié par le président de la République en 2016, a induit un changement dans le concept de décentralisation, qui est devenu un concept dynamique introduisant les valeurs de participation et de concertation dans l’élaboration des programmes et leur concrétisation sur le terrain, d’où la nécessité d’une loi unifiée relative aux collectivités territoriales, et qui conférera inéluctablement un rôle pionnier aux différentes missions, notamment dans le volet du développement», a affirmé M. Bedoui, dans sa réponse reprise par l’agence officielle APS. Ainsi donc, ce projet de loi, comme l’a expliqué le ministre de l’Intérieur, va renforcer les prérogatives des assemblées locales élues pour relancer la dynamique de développement et garantir une répartition claire des prérogatives. A cela s’ajoutera «la rationalisation de l’intervention des collectivités territoriales à travers la révision de l’organisation et du fonctionnement des entreprises publiques locales, conformément à la nouvelle vision économique», a précisé le ministre, selon lequel, ce projet de loi prévoit également «la délégation du service public pour associer les acteurs et les jeunes porteurs de projets à la gestion des structures locales». Le ministre considère que ce projet de loi répond favorablement à la demande des élus des assemblées communales qui réclament plus de prérogatives afin de pouvoir agir et créer une dynamique économique locale. Le texte de loi va donner, selon M. Bedoui, une grande autonomie à l’assemblée communale en matière de prise de décision. Mais pas seulement. Le ministre de l’Intérieur évoque la réorganisation des méthodes de l’exercice de la prise de décision ainsi que la promotion des valeurs de solidarité et de coopération intercollectivités locales en tant que mécanismes «efficaces à la disposition de l’élu local en prévision d’un développement durable et équilibré». Le ministre de l’Intérieur fait état, dans ce sillage, de «réformes profondes» engagées par son département afin d’améliorer la finance et la fiscalité locales. Ces réformes seront traduites par une loi sur la fiscalité locale. Le ministre de l’Intérieur est revenu, en outre, sur le nouveau découpage administratif dont les contours ont été définis lors du Conseil des ministres restreint de janvier 2015, consacré à l’examen du développement local dans le Sud et les Hauts-Plateaux. M. Bedoui a assuré que son département ministériel s’attelle à concrétiser cette feuille de route fixée par le président Bouteflika.
Redonner du sens au métier de journaliste
Une rencontre très instructive a réuni des journalistes de divers médias francophones, dont El Watan, et près de 300 élèves. C’était le 22 mars, aux Archives et Bibliothèque départementales de Marseille, dans le cadre de la Semaine de la presse à l’école et des Journées académiques de la langue française et de la francophonie, organisées à l’initiative de l’Académie d’Aix-Marseille. L’occasion d’explorer les coulisses et les arcanes du monde des médias et de voir en quoi le métier de journaliste peut encore faire sens et être socialement utile au milieu des fake news, de la «dictature» des réseaux sociaux et du brouhaha des infos en continu... Marseille (France) De notre envoyé spécial L’auditorium des Archives et Bibliothèque départementales de Marseille a abrité le jeudi 22 mars une passionnante rencontre autour du métier de journaliste assortie d’un état des lieux lucide, sans complaisance, de la presse. Cette rencontre qui s’est déroulée en deux temps, a réuni près de 300 élèves avec huit journalistes de différents médias dont El Watan. Elle intervenait dans le cadre de la Semaine de la presse, une manifestation annuelle qui en est à sa 29e édition, et qui est pilotée par le Clemi : le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information qui relève du ministère de l’Education en France. «Chaque année, au printemps, les classes de tous niveaux et de toutes disciplines peuvent participer à la Semaine de la presse et des médias dans l’école. Cette activité d’éducation civique a pour but d’aider les élèves, de la maternelle aux classes préparatoires, à comprendre le système des médias ; former leur jugement critique ; développer leur goût pour l’actualité ; forger leur identité de citoyen», indique le ministère français de l’Education. Cette année, elle s’est étalée du 19 au 24 mars 2018. Cette 29e édition de la Semaine de la presse «vient d'enregistrer une participation record avec 17 500 établissements scolaires inscrits (…). Il s'agit d'une mobilisation sans précédent des enseignantes et enseignants dans le cadre d'une opération d'éducation aux médias et à l'information qui va impliquer près de 3,8 millions d'élèves», se félicite le Clemi. Le lycée Thiers, pionnier dans la formation aux médias C’est une équipe du lycée Thiers qui s’est chargée d’organiser cette table ronde sous le titre générique «Presse française, presse francophone». Il faut noter que dans la ville de Marseille, le lycée Thiers s’est forgé une réputation d’établissement pionnier en matière de formation aux médias. «Créé en 1802, c’est l’un des cinq premiers lycées ouverts en France par Napoléon», précise un document présentatif, en ajoutant que le prestigieux établissement compte parmi ses anciens élèves Edmond Rostand, Marcel Pagnol ou encore Edouard Balladur. Les élèves ont leur propre journal : La Terre en Thiers. Depuis plusieurs années, le lycée Thiers organise une table ronde à cette même période avec des journalistes professionnels, suivie d’un atelier presse. Jean-François Vilanova, professeur agrégé d’histoire-géo dans ce même lycée, pilote à partir de 2016 le projet «Presse française, presse francophone». «Quand je suis arrivé au lycée Thiers (en 2014), j’ai donné forme à un projet un petit peu plus ambitieux. Au départ, c’était centré uniquement sur la presse française (…). Mais à partir de 2015-2016, on a étoffé le projet jusqu’à l’année scolaire 2016-2017 où j’ai commencé à imaginer un projet presse ouvert à la presse francophone», explique-t-il (voir interview). «Citoyenneté d’ici et d’ailleurs» Depuis septembre 2017, en plus de son travail de professeur au lycée Thiers, Jean-François Vilanova a intégré le rectorat de l’Académie d’Aix-Marseille en qualité de chargé de la francophonie. A ce titre, il s’est beaucoup impliqué dans l’organisation de ce rendez-vous qui a réuni quelque 260 élèves issus de 9 établissements relevant de l’Académie d’Aix-Marseille ainsi qu’une trentaine d’élèves venus de plusieurs pays partenaires, en l’occurrence : l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Libye, le Liban, l’Egypte, le Sénégal et la Roumanie. Les élèves issus de ces pays ont été invités par l’Académie d’Aix-Marseille à échanger, partager, communier, les 22 et 23 mars, avec leurs camarades des établissements partenaires en France, sous le thème : «Citoyenneté d’ici et d’ailleurs. Paroles d’élèves». «Neuf établissements français ont échangé tout au long de l’année avec neuf établissements étrangers dans le cadre des Journées de la francophonie dans des domaines culturels différents», précise l’Académie. «L’intérêt de ces échanges, c’est la citoyenneté et sa perception par les élèves, et la perception de la citoyenneté de l’établissement partenaire», a souligné Jean-François Vilanova à l’ouverture de ces journées. L’Algérie était présente à cet événement avec une école privée : l’établissement Ecole et loisirs d’Oran, dirigé par Mme Sari. Sept élèves de cette école, accompagnés de leur prof de français, Khalida Boukri, ont été du voyage. Les élèves de cet établissement ont réalisé des BD très inspirées en collaboration avec le collège Les Matagots de la Ciotat. Outre les travaux croisés exécutés en amont par les élèves des neufs établissements invités et leurs camarades étrangers, des débats entre les élèves des deux rives étaient organisés par petits cercles sous des galeries situées dans le hall de la Bibliothèque départementale. Ces galeries abritaient, faut-il le signaler, une belle exposition de Cartooning for Peace intitulée «Dessins pour la paix». L’expo était prolongée par une formidable production journalistique mêlant articles et caricatures de très bonne facture, réalisés par des élèves du collège et lycée Thiers, ainsi que ceux de leurs partenaires d’une école libanaise, le lycée Adonis de Kfarchima. «Avez-vous des heures de repos ?» Comme nous l’avons indiqué, l’ensemble des élèves étaient conviés à assister à cette table ronde sur l’univers des médias et le métier de journaliste. Si l’édition de cette année 2018 avait pour thème «D’où vient l’info ?», la discussion a embrassé finalement toutes les grandes questions liées à la situation de la presse. Côté journalistes, ont pris part à cette table ronde : Françoise Verna, directrice de rédaction du journal La Marseillaise ; Marie-Christine Lauriol, journaliste à France Inter ; Michel Couartou, journaliste spécialisé en urbanisme et président du Club de la presse Marseille-Provence ; Hélène Bourgon, cofondatrice du magazine en ligne 15-38 Méditerranée (https://ift.tt/2IkcXzf) ; Michel Gairaud, rédacteur en chef du mensuel Le Ravi, un magazine alliant satire et investigation ; Nadine Muhorayeke qui a été journaliste à la Radio nationale du Burundi avant de s’exiler en France, elle collabore à Jeune Afrique ; enfin, Eric Espanet du grand quotidien régional La Provence. C’est Nadia Spire, professeur documentaliste au CDI du lycée Thiers, qui a eu à modérer le débat. Nadia a tenu à préciser que le travail réalisé avec les élèves en amont de cette table ronde «s’inscrit dans un parcours de deux classes de seconde». «On est une équipe de six enseignants et on travaille sur l’éducation aux médias toute l’année avec les profs d’histoire-géo, de sciences économiques et sociales, et avec des professeurs documentalistes», a-t-elle indiqué. D’emblée, la parole est donnée à la salle. Une fois n’est pas coutume, les poseurs de questions ne sont pas les reporters. Un élève s’empare du micro : «Est-ce que vous avez des heures de repos ou bien vous êtes toujours sur le qui-vive, toujours prêts à partir sur le terrain ?» «Ça dépend du statut du journaliste, s’il appartient à une rédaction avec un poste précis ou s’il est pigiste», répond Marie-Christine Lauriol. «Moi, je suis correspondante pour France Inter. Je travaille 5 jours par semaine. Je dois être disponible de 9h à 19h, et j’ai trois nuits d’astreinte où je dois avoir un téléphone à proximité pour qu’on puisse me joindre et me faire partir n’importe où, pour n’importe quel sujet. Après, ça dépend de l’organisation de chaque rédaction», témoigne-t-elle. Eric Espanet prend le relais : «J’ai été responsable de la rubrique Faits divers à La Provence. Lorsqu’il y a un règlement de comptes, une attaque d’un fourgon blindé… il faut partir rapidement. Nous, à La Provence, on tourne avec trois ‘‘fait-diversiers'' avec des nuits d’astreinte, de sorte que s’il se passe quelque chose, vous devez partir immédiatement sur le terrain (…) d’autant plus qu’il y a une forte concurrence de la part des sites internet. Le site laprovence.com tourne 24h/24, et s’il y a un gros fait divers, il faut que ça soit d’abord sur le site web, et dès le lendemain matin dans le journal.» Et de faire remarquer : «Quand on fait ce métier, c’est par passion, alors, en général, on ne compte pas les heures, sinon on fait autre chose.» Nadine témoigne de l’urgence qui habite même le journaliste pigiste. «Il faut tout le temps être prêt pour la rédaction pour laquelle tu fais la pige, donc tu es toujours aux aguets», dit-elle. La précarité du correspondant à l’étranger Hélène Bourgon rebondit sur les propos de Nadine pour livrer un témoignage saisissant sur le statut de correspondant dans un pays étranger et la précarité des freelances : «Les rédactions font de plus en plus appel à des pigistes, des journalistes indépendants qui sont déjà basés dans les pays qui les intéressent. C’était d’ailleurs mon cas. Je suis partie en Syrie pour apprendre l’arabe. J’ai proposé des reportages à des rédactions : Radio France, France Info, Radio Canada, Radio Suisse… Depuis la révolution qui s’est transformée en conflit, là, les médias vous tombent dessus à n’importe quel moment. C’est des nuits très courtes, vous ne comptez pas vos heures, vous ne savez même pas comment vous allez être payé. On est très peu formés dans les écoles pour faire ce métier, et il y a de moins en moins de correspondants à l’étranger», relate-t-elle. «J’ai développé un regard critique par rapport à ce que j’ai vécu pendant six ans en Syrie et au Liban dans le rapport avec les médias qui ont été assez compliqués à gérer. On ne vous demande jamais si vous allez bien, vous êtes très mal payé, c’est très, très précaire», poursuit Hélène. Et de préciser : «On est payé à l’intervention, et il faut faire beaucoup de reportages pour atteindre 1000 euros par mois.» «C’est l’investigation qui va régénérer le métier» Autre question diablement pertinente qui va droit au but comme la devise de l’OM : «Quelle vision avez-vous de votre métier aujourd’hui ?» Françoise Verna : «Je crois que le plus important, c’est de toujours garder à l’esprit que le droit à l’information est un droit fondamental des citoyens.» «Je pense aux collègues qui sont sur le terrain dans des pays en guerre parce que si, aujourd’hui, dans nos journaux quotidiens, on peut rendre compte aussi de ces réalités-là, c’est parce qu'il y a des collègues qui prennent des risques énormes pour ce droit à l’information du citoyen. Ma vision du métier, c’est ma responsabilité vis-à-vis du citoyen. Il faut toujours revenir aux fondamentaux et au sens de notre travail», proclame-t-elle Pour Michel Couartou, «le métier est en mutation très profonde». Avec une pointe d’ironie, il lance : «Je vous informe qu’il n’y a pas très longtemps, les gens vivaient sans internet et sans smartphone ; ça va vous paraître étonnant.» Cette mutation technologique a «chamboulé nos vies au quotidien et ça a chamboulé notre métier de journaliste», analyse-t-il. «L’information nous arrive de partout avec les réseaux sociaux ; le journaliste, qui était le seul tenant de la diffusion de l’information, est aujourd’hui mêlé à tout ça.» Michel continue à croire que «journaliste» est un métier à part entière qui est encore utile socialement : «Avec l’information qui est omniprésente dans notre vie, qui est biaisée la plupart du temps, fausse – on parle de fake news mais on devrait dire ‘‘information fabriquée’’ – avec tout ça, il faut revenir aux fondamentaux. Le journaliste est un artisan de l’information, il la cherche, la décrypte, l’analyse, la replace dans tout un contexte. Une information brute ne vaut pas grand-chose.» Le gage d’une véritable réinvention du métier reste le journalisme d’investigation, plaide-t-il, en citant en exemple le travail de Mediapart. «C’est ça le vrai journalisme et c’est ça qui va régénérer le métier», espère-t-il avec ardeur. «Il y a un appauvrissement des contenus» Michel Gairaud, le rédacteur en chef du magazine Le Ravi, confie pour sa part que l’état de la presse lui inspire «à la fois de l’inquiétude et de l’enthousiasme». Il estime que «la profession est menacée (…). Même si en France, nos vies ne sont pas en danger, par contre, la vie des médias, des journaux, des radios, est menacée. Il y a une menace sur ce qu’est le métier. Il y a trop d’images, trop de sons, de choses écrites, mais en réalité, tout cela s’appauvrit. Souvent, c’est de la communication, à cause de la question économique, la question de l’argent. Les médias appartiennent à une poignée de milliardaires, de propriétaires privés qui ne sont pas des journalistes. Ces chaînes de télé, d’infos en continu, qui circulent sur les smartphones, sur internet, ces infos ont les mêmes sources, en fait. Et, souvent, il y a de moins en moins de journalisme derrière. Ce ne sont pas des journalistes qui les produisent mais des communicants qui veulent faire de la pub plutôt que de révéler des faits vérifiés, donner des éléments pour faire réfléchir les gens». Michel Gairaud insiste à son tour sur l’importance de l’enquête. «Si une porte est fermée, on essaie de passer par la fenêtre», sourit-il. «L’essentiel, c’est de continuer à enquêter, ne pas se contenter d’un seul point de vue, aller chercher ce qui est caché, révéler, faire débattre, assumer une fonction de contre-pouvoir.» «Les raisons de faire ce métier me paraissent plus que jamais nécessaires : on a besoin de s’informer, de documenter, de réfléchir, il y a sans arrêt des faits qui nous redonnent envie d’y aller», martèle-t-il avec conviction. «Il y a des jeunes qui sortent des écoles de journalisme et qui viennent vers des médias comme Le Ravi, qui veulent faire ce métier même s’ils savent qu’il n’y a pas beaucoup d’argent et que ça va être difficile, qu’il faut se lever tôt, se coucher tard… ça, c’est l’espoir !» «C’était très difficile de travailler au Burundi» Nadia Spire évoque la crise de confiance qui touche les médias dans leur rapport au public, à la société. «On vit une période difficile, une crise de la démocratie et une crise de confiance dans les journalistes, particulièrement chez la population des 18-24 ans. Il y a un sondage qui a été fait dernièrement, en janvier 2018, et qui indique que l’intérêt pour l’actualité nationale et internationale est en baisse dans la population jeune. Il est autour de 48%. Les jeunes s’informent beaucoup par les réseaux sociaux, par internet», nous apprend la modératrice. Une élève interroge sur l’emprise réelle de la censure et de l’autocensure sur le travail des journalistes. Nadine témoigne : «J’ai déjà été censurée au Burundi. Je travaillais pour le média public Radio-Télévision nationale du Burundi. Les conseillers de la Présidence avaient tout le temps l’œil ouvert, les oreilles aux aguets pour filtrer toutes les infos qui passaient. La censure venait du ministère de la Communication, après, c’était relayé par les directeurs généraux et les directeurs de l’information. A certains moments, les journalistes étaient sur le terrain, ils recueillaient les infos, mais ce n’était pas leur information qui était diffusée. Les directeurs de la rédaction réécrivaient tout. C’était une information contournée qui voulait faire plaisir au pouvoir en place. C’était très difficile de travailler dans ces conditions-là. La liberté d’expression est complètement absente et les journalistes sont devenus des clandestins pour pouvoir travailler correctement.» Censure financière Michel Couartou considère qu’en France, «la censure stricte n’existe plus». Néanmoins, les journalistes, dit-il, subissent toutes sortes de pressions qui ne sont pas moins fatales pour le métier. «Il y a des pressions qui sont exercées sur les journalistes en leur faisant des procès sur tout et sur rien. On leur fait subir des pressions économiques quand des sociétés menacent des journaux de ne plus acheter de la pub chez eux parce que tel ou tel article ne leur a pas plu (…). Il y a des pressions qui viennent des patrons de journaux. Les journaux traditionnels en France appartiennent tous à de grands industriels», pointe notre confrère. La question de l’argent est revenue dans la deuxième partie de la table ronde qui s’est tenue avec d’autres élèves. A un moment donné, il était question de publicité et comment l’argent de la pub peut influencer l’orientation éditoriale des médias. Hélène défend l’idée de «responsabiliser le citoyen». «On veut un modèle économique basé sur l’engagement du citoyen.» «C’est un devoir citoyen de soutenir une presse indépendante», clame-t-elle. La directrice du site 15-38 Méditerranée mise sur une plus grande implication des lecteurs en participant plus activement aux campagnes d’abonnement et de souscription. De son côté, Eric Espanet a mis l’accent sur la nécessité déontologique de dessiner une ligne de démarcation très claire entre publireportage et contenu rédactionnel. «A La Provence, nous avons une charte des partenariats pour délimiter les choses», affirme-t-il. Il révèle que dans la trésorerie de La Provence «qui emploie 473 salariés dont 178 journalistes, 65% des revenus proviennent de la diffusion», le reste étant couvert par la pub. «Si on coupe le bras de la pub, on ne peut pas continuer à payer tous les salariés. Il ne faut pas cracher sur la pub», lâche-t-il. Michel, du Ravi, enchaîne sur le ton de la boutade : «Nous, on veut bien de la pub mais c’est la pub qui ne veut pas de nous !» «Notre goût immodéré pour l’impertinence fait peur aux annonceurs.» Il insiste sur le fait qu’il y a un réel appauvrissement de la presse, notamment magazine, «noyée par la pub», même quand elle produit des articles de qualité. «Si la presse n’a pas assez d’abonnés, elle vivra de la pub. Même si la rédaction fait un travail de qualité, c’est une faiblesse. L’idéal pour un journal, c’est de ne dépendre que de ses lecteurs», professe-t-il. «Le Net ne rapporte rien» Nous terminerons sur la question ô combien actuelle du virage numérique et le passage qu’on nous dit inévitable du print au web. Pour Françoise Verna, «il faut de la complémentarité entre les deux». Eric Espanet tempère : «Il faut qu’il y ait un modèle économique. Le journal n’est pas hors-sol. L’édition web de La Provence compte 20 journalistes sur 178. Le Net, c’est la quasi-gratuité. Pour chaque clic, le journal touche 25 centimes, contre 1,30 euro pour l’édition papier. 80% de nos ressources proviennent du papier. Le papier n’est pas encore mort. Cependant, les jeunes préfèrent picorer l’info sur le web. Et ce n’est pas toujours de l’info crédible. Les journalistes sont formés, ont fait des études, ils ont un savoir-faire, alors que les infos pêchées sur les réseaux sociaux ne sont même pas vérifiées.» Il admet que nous sommes à «un tournant». «On doit aller vers le Net, mais ça ne rapporte rien !» Hélène lance un appel audacieux à la salle, pétillant de bons lecteurs potentiels : «Il faut que vous sachiez qu’il y a des gens qui travaillent derrière (le site 15-38, ndlr). On ne calcule pas nos heures. N’hésitez pas à nous soutenir. On fonctionne sans pub. On n’a pas de grand groupe derrière nous, et on ne trouve pas le soutien nécessaire. C’est vous les futurs lecteurs, vous avez le pouvoir de faire vivre une presse de qualité.»
«L’Algérie est un pays majeur de la langue française»
Entretien réalisé par Mustapha Benfodil Comment est né ce projet autour de la presse francophone et de l’éducation aux médias au lycée Thiers où vous continuez à enseigner ? Je suis arrivé au lycée Thiers de Marseille lors de la rentrée scolaire 2014. Et j’ai tout de suite vu le potentiel de l’établissement en termes d’activités et de projets par rapport à d’autres établissements. Je menais déjà dans mon établissement précédent des activités autour de la presse depuis très longtemps. J’étais à ce moment-là dans l’Académie de Nice. Je faisais cela depuis le début des années 2000. Mais c’étaient des activités très ponctuelles. On en faisait aussi un petit peu pendant la Semaine de la presse qui se tient chaque année, à la fin mars. Quand je suis arrivé à Thiers, j’ai donné forme à un projet un peu plus ambitieux. Au départ, c’était un projet centré uniquement sur la presse française. La première année, on a commencé avec des activités relativement modestes mais centrales sur le métier de journaliste et l’importance de la liberté d’expression et la liberté de la presse. A partir de 2015-2016, on a étoffé le projet jusqu’à la rentrée scolaire 2016-2017 où j’ai commencé à imaginer un projet presse ouvert à la presse francophone. Dans le premier format, il y avait déjà cette idée de journalistes qui viennent parler aux élèves ? Absolument. La grande originalité du lycée Thiers, c’est que, en plus des activités sous le format d’un cours autour de la presse, mes collègues m’ont proposé d’organiser sur une matinée, en gros entre 9h et 13h, deux choses pendant la Semaine de la presse. D’abord une table ronde des journalistes qui prendrait environ 1h30, ensuite, dans la foulée, pendant 1h30, des ateliers encadrés par les journalistes. Exemple d’ateliers : réaliser une «une» de presse, écrire un article de presse, réaliser une interview, un dessin de presse… Et quand on est passé au concept «Presse française, presse francophone», alors, évidemment, le projet a pris une plus grande ampleur puisqu'on s’est attaqué à un sujet qui n’est finalement pas très connu, celui de la presse francophone. Et c’était très intéressant parce qu’il a fallu d’abord travailler sur la notion de «francophonie». Il fallait briser un certain nombre de représentations de la francophonie qui étaient erronées. Voilà en gros la genèse du projet. En parallèle, le rectorat de l’Académie d’Aix-Marseille a lancé le projet Francophonie. Ça, c’est la volonté du recteur Bernard Beignier, de façon à ouvrir un peu plus l’Académie d’Aix-Marseille sur la Méditerranée, qui est sa vocation première, et donc lui donner une ampleur nouvelle ou, pour le dire autrement, renforcer l’ancrage méditerranéen de la région à travers la francophonie. Dès le départ, vous avez pensé à ramener d’autres élèves des pays de la région ? En fait, je ne suis en charge, au niveau académique, du projet francophonie que depuis le 1er septembre 2017. Et il se trouve que l’année dernière, la responsable qui m’a précédé m’a demandé d’entrer dans le projet francophonie quand elle a découvert le libellé «Presse française, presse francophone». ça s’est fait comme ça. Cela a été une rencontre inattendue. Du coup, le lycée Thiers a proposé des travaux autour de la presse française et de la presse francophone, et cette année, c’est toute la cité scolaire Thiers (collège et lycée, ndlr) qui s’est engagée dans ce projet autour de la presse. Peut-on avoir le détail de la participation des élèves par pays ? Au niveau académique, il y a environ 260 élèves impliqués dans 9 établissements de l’Académie d’Aix-Marseille, auxquels il faut ajouter une trentaine d’élèves issus de pays francophones – une trentaine pour l’ensemble des délégations. Au départ, il y avait 9 établissements de l’Académie d’Aix-Marseille : 5 collèges et 4 lycées. Et le principe veut que ces établissements soient mis en partenariat (avec ceux de pays francophones, ndlr). Cela supposait donc qu’il fallait qu’on trouve 9 établissements partenaires. Au début, les pays étaient : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye, et le Liban, comme l’année dernière. Et puis de nouveaux pays sont entrés : l’Egypte, la Roumanie et le Sénégal. Si on peut zoomer sur l’Algérie, comment qualifieriez-vous cette relation ? Les relations avec l’Algérie sur le plan scolaire et sur le plan de la francophonie sont excellentes, et j’insiste là-dessus. Moi, j’aime bien rappeler que l’Algérie est un pays majeur de la francophonie. Si le mot «francophonie» peut être interprété de plusieurs façons, on va dire que c’est un pays majeur de la langue française. Pour moi, c’est une réalité : il y a vraiment un enthousiasme, un engouement, en Algérie, à l’égard de la langue française. Donc, les relations sont appelées à s’approfondir et à progresser, et on ne peut que s’en réjouir. Je tenais beaucoup, à travers ce projet, à rappeler que la langue française fait partie de notre richesse commune. C’est elle qui va être le vecteur de ces échanges culturels. La langue française est le reflet de la vitalité de l’espace francophone qui est notre espace commun, ce que l’on oublie.
Boissons sucrées, le déclin
La filière des boissons gazeu-ses et jus de fruits stagne alors que de plus en plus d’Algériens consomment de manière moins régulière des boissons con-tenant des sucres ajoutés. Ce recul de la consommation, constaté par des défenseurs des droits des consommateurs (lire entretien) et des industriels, s’explique essentiellement par la faiblesse du pouvoir d’achat, mais surtout par une prise de conscience chez les consommateurs des risques sur la santé publique. «Le consommateur algérien a pris conscience des risques liés à une consommation abusive des boissons sucrées. On le sent au niveau packaging. Autrefois, il y avait énormément de consommation de bouteilles de deux litres. Ac-tuellement, celle-ci a diminué. D’ailleurs, le consommateur s’est rabattu sur les bouteilles d’un litre», estime le président de l’Association des producteurs algériens des boissons (Apab), Ali Hamani, dans une déclaration à El Watan. Depuis 2001, la filière des boissons, un des secteurs les plus dynamiques du marché algérien de l'agroalimentaire, enregistrait une forte croissance annuelle de près de 8%. «Mais, depuis 2016-2017, cette progression a chuté», précise-t-il. La production globale du secteur tourne autour de 4,5 milliards de litres par an, couvrant 85% de la consommation nationale. Les Algériens consomment près de 54 litres de boissons gazeuses par habitant et par an et 15 litres par habitant et par an de jus de fruits. Par filière, les boissons gazeuses ont évolué de seulement de 2% alors que les jus ont stagné à fin 2017. Le soda quant à lui a progressé de 2% entre 2016-2017, tandis que la moyenne annuelle dans cette sous-filière était de 8%, selon les chiffres fournis par Ali Hamani. «En 2018, je pense qu’il y aura la même tendance, même si le taux de sucre sera réduit», note le président de l’APAB. Vers une réduction du sucre Selon des spécialistes, il est établi que la surconsommation de breuvages sucrés favorise le développement de maladies chroniques et augmente les dépenses publiques en santé. Pour y remédier, le gouvernement s’emploie à la préparation d’une réglementation qui limitera le taux de sucre, de sel et de graisses dans les aliments. Un comité interministériel a été installé récemment par le ministère du Commerce. Pour Ali Hamani, l’Apab n’a pas attendu la mise en place d’un dispositif normatif pour agir. «Entre 50 et 60% des producteurs ont déjà abaissé le taux de sucre (...) Avant la canette contenait 33 cl. Aujourd’hui, il y a des canettes de 25 cl. Pour les jus, il y a des produits de 20 cl et maintenant il y a des jus de 10 cl. Indirectement, le consommateur peut réduire sa consommation de sucre», observe le président de l’Apab, en plaidant en faveur d’une large campagne de sensibilisation. Son association milite pour une réduction graduelle du taux de sucre pour atteindre un seuil de 105-110 grammes/litre sur une période de 5 à 6 ans. «C’est ce que nous retrouvons dans les boissons sur les marchés européens. Certaines associations estiment qu’il faudrait réduire le taux de sucre de manière brutale (…) Nous avons dit qu’il faudrait réduire le taux de sucre graduellement pour habituer le palais du consommateur à moins de sucre», argue-t-il, en précisant que les pays qui ont adopté cette démarche ont eu des résultats positifs. Celui-ci bat en brèche l’idée selon laquelle il existerait des normes internationales en matière de taux de sucre dans les produits agroalimentaires. «C’est totalement faux ! Il n'y a aucune norme internationale qui détermine le taux de sucre ou de sel dans les produits alimentaires. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a plutôt déterminé la consommation globale journalière du taux de sucre. Mais, il n'y a aucune norme sur tel ou tel produit», explique-t-il. Le président de l’Apab recommande aussi l’élargissement de la limitation du taux de sucre à d’autres produits agroalimentaires : «Si vous touchez les boissons et que vous maintenez la chocolaterie, les biscuiteries, la confiserie, etc., avec un taux de sucre aussi élevé, c’est comme si nous n'avions rien fait. Il faut que tous les produits soient concernés.» La filière des boissons consomme, selon lui, uniquement 11% du sucre importé et/ou produit localement. S’agissant de l'étiquetage nutritionnel des denrées alimentaires dont l’arrêté interministériel tarde à être signé, l’Apab a également pris les devants. «En tant qu’association, on n’a pas attendu la promulgation du décret. Nous avons sensibilisé un certain nombre de producteurs pour lancer l’étiquetage nutritionnel. De nombreuses boissons disposent d’un certains nombre d’informations nutritionnelles», souligne notre interlocuteur. Une fois entré en vigueur, l'étiquetage nutritionnel devrait, d’après lui, «inciter les gens réticents à une implication stricte». L’Apab attend par ailleurs la publication des textes d’un décret relatif aux principes de l’HACCP (règles d’hygiène minimales dans la production) qui devraient être appliquées par toutes les unités industrielles.
«La santé du consommateur passe avant tout»
De plus en plus d’Algériens consomment des boissons gazeuses sucrées de manière moins excessive. Quelles sont, d’après vous, les raisons de ce changement dans les habitudes de consommation ? A mon avis, il y a deux facteurs essentiels qui sont à l’origine du recul de la consommation. Le premier est lié au pouvoir d’achat des Algériens qui ne cesse de se dégrader. Actuellement, les gens n’en consomment plus comme auparavant. Parmi les produits touchés, citons ceux qui sont secondaires, à savoir les fruits, les jus, etc. Ces derniers mois, les consommateurs s’orientent davantage vers des produits laitiers, comme les yaourts. Le second facteur est lié à un problème de santé publique induit par la consommation excessive de boissons sucrées. De plus en plus de spécialistes se prononcent, ces dernières années, sur ce sujet et les chiffres des maladies chroniques sont rendus publics. Il y a une prise de conscience des consommateurs sur le fait que les produits sucrés de manière générale sont nocifs, propagateurs et inducteurs de pathologies chroniques. Les producteurs de boissons recommandent une réduction graduelle du taux de sucre dans les boissons gazeuses. Etes-vous favorable à cette démarche ? Une commission nationale a été mise en place pour établir un programme sur ce sujet, c’est-à-dire la limitation graduelle du taux de sucre, sel et matières grasses dans les produits alimentaires. Malheureusement, notre organisation n’a pas été associée à cette commission. Quand on parle de réduction graduelle, il ne faut pas qu’elle soit étalée dans le temps. Il faut que cela soit dans des délais acceptables, car il s’agit d’un problème de santé publique. Il ne faut pas favoriser les intérêts financiers et commerciaux des industriels au détriment de la santé du consommateur. Nous jugeons inacceptable et inadmissible de songer ou même de se prononcer qu’il y ait une limitation sur une période de cinq à six ans, ce qui a été proposé. Apparemment, notre organisation est la seule à s’y opposer. Même pour un drogué, il n’a pas besoin de 4 à 5 ans pour une cure de désintoxication. Puisqu’il s’agit d’un problème de santé publique, puisqu’il y a urgence et puisqu’il y a gravité, nous pensons que la réduction du taux de sucre, sel et matières grasses dans les produits alimentaires jusqu'à atteindre un seuil acceptable, selon les recommandations internationales, ne devrait pas dépasser une période de deux années. Je comprends qu’il y ait une certaine frustration et peur des opérateurs économiques, mais la santé du consommateur passe avant tout. Le ministère du Commerce s’attelle à la mise en place d’une réglementation qui limitera le taux de sucre dans les boissons, le sel et les graisses dans les aliments. Pensez-vous que cela serait suffisant pour prémunir les consommateurs des maladies non transmissibles, dont le diabète ? Il y a une utilisation accrue dans les produits agroalimentaires de sucre, sel et matières grasses. L’opérateur est entré dans une course pour satisfaire le consommateur, alors qu’il sait que ces produits sont nuisibles à sa santé. Actuellement, il y a des marques internationales de boissons gazeuses dont les concentrations algériennes de sucre sont beaucoup plus importantes que les concentrations européennes, sous prétexte que le consommateur algérien raffole de sucre. Nous jugeons qu’il est primordial qu’il y ait une réglementation qui va mettre un seuil de concentration de sucre, sel et matières grasses dans les produits agroalimentaires. De cette façon, nous réglerons le problème à la racine. Ce que nous avons proposé, c’est que tout opérateur qui dépasse le seuil toléré ou recommandé par les instances de santé internationales paye une importante taxe sur son produit. Celle-ci ira au Trésor public afin de soigner les gens qui ont eu des problèmes de santé suite à une consommation abusive de sucre, sel et matières grasses. Nous avons aussi proposé un gel des subventions sur le sucre. Pourquoi ne pas subventionner les fruits de saison, par exemple, pour qu’il y ait une alternative à ces boissons ? Pourquoi subventionner le sucre, alors que c’est un produit nocif pour la santé du consommateur ? Nous attendons avec impatience cette réglementation et nous voudrions être partenaires complets dans l’élaboration de ces textes réglementaires. Le ministère du Commerce a annoncé en septembre dernier la réactivation de l’étiquetage nutritionnel des denrées alimentaires pour combler le vide juridique… On nous a demandé de formuler des recommandations et des propositions sur l’étiquetage nutritionnel. Le plus important pour nous est de simplifier la lecture de l’étiquetage nutritionnel par la mise en évidence des couleurs, comme cela se fait ailleurs. Ces couleurs sont élaborées par des professionnels de la santé selon la concentration de sucre, sel et matières grasses. Quand il s’agit de la couleur verte, c’est un produit qu’on peut consommer sans hésitation. Pour la couleur orange, il faut faire attention, surtout pour les cardiopathes. Pour le rouge, le produit doit être banni pour les diabétiques. On espère que le ministère du Commerce prendra en sérieux nos recommandations.
Des obsèques émouvantes et poignantes à Bir Ben Abed
Le petit patelin de Bir Ben Abed, distant d’une centaine de kilomètres au sud-est du chef-lieu de wilaya de Médéa, à la limite de la wilaya de Bouira, n’a jamais connu autant de monde et de voitures rassemblés sur son territoire que lors de la soirée de mercredi dernier. Une foule compacte, venant de partout et de toutes les localités du pays, a tenu à assister aux obsèques et à faire un dernier adieu et hommage aux deux sœurs Dahmani, étudiantes en médecine, mortes tragiquement mardi matin avec une autre consœur de Djelfa, par asphyxie au monoxyde de carbone, émanant d’un chauffe-bain, dans leur chambre louée, à Douéra. Elles ont été happées tristement à la fleur de l’âge, alors qu'elles préparaient avec détermination des études très poussées, loin de la tendresse des leurs, pour un avenir prometteur, mais le sort inattendu en a décidé autrement. Le ministre de l’Agriculture, le directeur général des forêts, le wali de Médéa et le P/APW étaient présents sur les lieux pour soutenir la famille Dahmani et compatir à sa douleur et dont le père des deux jeunes filles occupe le poste de conservateur des forêts par intérim à Médéa. Un coup fatal très dur pour les parents qui ont du mal à supporter ce malheur qui s’est abattu subitement sur eux. Au cimetière de la petite localité rurale, ils étaient inconsolables, effondrés et profondément émus par cette perte si cruelle.
On vous le dit
Une autoroute fermée par… les autorités Des usagers de la RN 12, entre Tizi Ouzou et Azazga, ont pris contact avec notre bureau hier, en milieu de matinée, pour dénoncer une situation inédite : la route nationale a été fermée à la circulation à l’initiative des autorités. La raison est l’organisation d’une activité sportive, le semi-marathon entre le barrage Taksebt et le chef-lieu de wilaya. Un citoyen bloqué avec sa famille à Oued Aïssi n’en revenait pas : «Tous les automobilistes sont descendus de leur voiture pour essayer de comprendre ce qui se passe. Et on apprend que ce n’est pas une action de protestation, mais ce sont les organisateurs de ce marathon qui ont fermé la route. Et s’agissant d’une autoroute, il est impossible de faire demi-tour. Vous imaginez qu’il y a des urgences parmi toutes ces personnes qui attendent sur la chaussée.» Et de poursuivre : «En plus des désagréments, c’est un manque de respect caractérisé. Ils auraient pu nous informer la veille pour ne pas emprunter la RN12. On aurait tout simplement annulé nos déplacements et laissé la route nationale aux coureurs.» Un documentaire algérien en lice au Festival d’Agadir Le film documentaire Nna L’Djoher, une femme d’exception participera à la 11e édition du Festival international du film amazigh, Isni N’Ourgh, qui aura lieu du 2 au 6 avril à Agadir, au Maroc. Coréalisé par Malek Amirouche et Amrouche Mehmel, le film retrace le parcours professionnel et militant de Djoher Amhis, connue dans le monde littéraire pour avoir revisité bon nombre d’œuvres algériennes. Elle a notamment écrit Taâssast sur le roman la Colline oubliée de Mouloud Mammeri, Dar Sbitar sur le livre la Grande maison, de Mohamed Dib, et le Prix de l’honneur sur l’œuvre de Malek Ouary, la Graine dans la meule. Elle s’était également intéressée aux œuvres de Abdelhamid Benhadouga, Tahar Djaout et Taous Amrouche. Parmi les nombreuses personnalités intellectuelles ayant témoigné dans cette production sur cette «femme d’exception», Mouloud Achour, Denise Brahimi, Mme Boucebci, Adriana Lassel, Youcef Merahi et Malika Hachid. Ce film documentaire avait obtenu le Prix d’encouragement lors du festival du film amazigh de Tizi Ouzou en 2016. 20 détenus s’évadent d’un commissariat de police au Venezuela Vingt détenus se sont évadés jeudi d’un poste de police de la ville de Maracay, au lendemain d’une des pires mutineries de l’histoire du Venezuela, au cours de laquelle 68 personnes ont perdu la vie dans un commissariat de Valencia (Nord). A Maracay, toujours dans le Nord, avant leur évasion, les détenus étaient dans l’attente d’une décision qui devait établir s’ils allaient être placés dans une prison, a déclaré à une radio locale le commandant du commissariat Donan Conde. Les fugitifs se sont emparés de trois armes à feu et d’une moto de la police, a-t-il ajouté, tout en assurant que les cellules de son commissariat n’étaient pas surpeuplées. Au départ, 21 détenus avaient pris la fuite, mais l’un d’entre eux a été arrêté quelques heures plus tard. «Les habitants l’ont repéré et il s’est rendu», a poursuivi le chef du commissariat. Leur moto dérape dans un virage à Zelfana Ils étaient deux sur la moto, dépourvus de casque de protection, et roulant à pleine vitesse vers Guerrara. Subitement, pour des raisons que seule l’enquête ouverte par la brigade de gendarmerie de Zelfana élucidera, la moto quitte la chaussée dans un virage très prononcé et à forte inclinaison. Elle fera plusieurs embardées et les deux corps voltigeront en l’air avant de retomber violemment sur le sol. Le conducteur de la moto, la trentaine, est mort sur le coup, alors que son accompagnateur, la vingtaine, est gravement blessé. Arrivés sur place, les éléments de la Protection civile évacueront les deux victimes vers la polyclinique de Zelfana, où la dépouille sera déposée à la morgue, alors que le blessé est rapidement pris en charge par l’équipe médicale des urgences médico-chirurgicales. Le drame a eu lieu jeudi, à 22h50, sur le CW 201, qui relie la ville thermale de Zelfana à Guerrara, exactement, à cinq kilomètres à la sortie sud de Zelfana en direction de Guerrara, au même endroit où eut lieu, le 2 novembre 2016, le terrible accident qui a coûté la vie à l’enfant d’El Idrissia (Djelfa), l’humoriste et ex-député indépendant, Cheikh Attallah, de son vrai nom Ahmed Ben Bouzid.
vendredi 30 mars 2018
Lutte/championnats méditerranéens (1 j ) : les algériens raflent la mise
Les sélections algériennes seniors (messieurs et dames), avec trente médailles (11 or, 11 argent et 8 de bronze), ont remporté la première place par équipes, jeudi lors de la première journée des championnats méditerranéens de lutte cadets, juniors et seniors (garçons et filles), organisés du 29 au 31 mars à la Coupole du Complexe olympique Mohamed-Boudiaf d'Alger. En lutte gréco-romaine, les lutteurs algériens ont dominé en long et en large les finales, en allant chercher dix médailles (8 or, 1 argent et 1 de bronze), devant la Grèce qui a remporté deux médailles d’or, confirmant ainsi la suprématie de l’Algérie dans ce style. Les médailles d’or ont été l’úuvre de Sid Azara Bachir (87 Kg), Doulache Chawki (82 Kg), Akrem Boudjemline (77 Kg), Tarek Aziz Benaissa (72 Kg), Ishak Gaiou (67 Kg), Naanaa Mohamed Chrif (63 Kg), Laouini Abdenour (60 Kg) et Fergat Abdelkrim. Je suis très heureux de remporter cette médaille d’or puisqu’il s’agit d’une finale disputée devant mon coéquipier, Adem Boudjemline. Je viens juste de changer de catégorie ce qui est un peu compliqué pour moi. Nous avons dominé les finales de la grèco-romaine, le style apprécié par les lutteurs algériens. , a confié à l’APS, Sid Azara Bachir. En lutte libre, dix médailles (3 or, 1 argent et 6 de bronze) ont été décrochées par les lutteurs algériens. Les trois médailles d’or ont été remportées par Fardj Mohamed (97 Kg), Bouchaib Chemsedine (70 Kg) et Kaetb Salahedine (57 Kg). La lutte féminine a également participé à la consécration algérienne lors de cette première journée, en décrochant dix médailles (9 argent et 1 de bronze) La cérémonie d'ouverture a été présidée par le ministre de la Jeunesse et des Sports , El Hadi Ould Ali, en présence du président de la Fédération algérienne des luttes associées (FALA), Rabah Chebah, du vice-président du Comité méditerranéen des luttes associées (CMLA), le Serbe Rajko Baltic et le secrétaire général, le Français Didier Sauvaire. Deux-cent-trente (230) athlètes représentant 11 pays dont l’Algérie prennent part à la 3e édition des championnats méditerranéens des luttes associées. Les pays participant sont : la France, la Serbie , la Grèce , le Portugal, l'Italie, le Maroc , la Tunisie, la Palestine , la Syrie et l'Egypte. L'Algérie est représentée par 92 athlètes, toutes catégories confondues : cadets (24 athlètes), cadettes (10), juniors garçons (21 athlètes), juniors filles (08 athlètes), seniors messieurs (19 athlètes) et dames (10 athlètes). Cette première journée a été consacrée aux éliminatoires et finales de la catégorie des seniors (messieurs et dames), alors que la deuxième journée (vendredi) verra l’entrée en lice des juniors (garçons et filles). Les finales auront lieu à partir de 17h00.
- Sports
Pas de terrain d’entente au sein de l’opposition
A pratiquement un an de l’élection présidentielle, la scène politique demeure très calme et aucun candidat ne semble décidé à se présenter pour destituer l’actuel président Bouteflika qui, bien que très affaibli depuis son AVC survenu en 2013, compterait, selon les allégations des uns et des autres, briguer un 5e mandat. Entre un pouvoir affaibli, une opposition clairsemée et une société civile en mouvement… «Si Bouteflika se représente une nouvelle fois, il sera élu Président encore une fois. Il n’y a plus de suspense. C’est pour cette raison qu’on ne vote pas. On sait pertinemment que notre voix ne sera pas décisive», se désole Mourad, un jeune Algérois de 33 ans. Une opinion largement partagée par Kamel, un père de famille de 51 ans qui ajoute : «Malheureusement, nous n’avons pas le choix. On n’entend parler de l’opposition que lors des élections. Tout le reste de l’année, c’est silence radio. On ne peut pas faire confiance à un candidat qui se présente comme étant opposant et qui nous promet monts et merveilles, alors qu’en vérité il n’est là que pour ses propres intérêts. La voix de l’opposition doit se faire entendre à longueur d’année, sinon ça ne sert à rien de se prendre pour ce qu’on n’est pas». Cet état d’esprit est celui de nombreux algériens qui n’ont plus confiance en la machine électorale et se retrouvent souvent contraints de voter blanc ou pour le candidat FLN «par défaut», assurent-ils. Conscience Une situation qui décourage autant les citoyens que les militants, à l’image d’Amira Bouraoui. En effet, le 12 mars dernier, la militante a fait véhiculer un message poignant et a promis de se retirer de la scène et carrément de quitter le pays si cinquième mandat il y aura. «J’ai milité contre le viol de la Constitution en 2008. J’ai milité contre un 4e mandat en 2014 et je militerai contre un 5e mandat pour 2019. Ceci dit, s’il y a un 5e mandat malgré tout, je quitterai l’Algérie. J’estime que si un peuple accepte un tel mépris, il faut changer de peuple et de pays. Ne pas se reconnaître parmi les siens nécessite de changer d’endroit. Les peuples soumis ne sont pas ma tasse de thé. Je ne parlerai plus jamais de l’Algérie.» Promesse «Une nation est avant tout la conscience d’un peuple. Sans conscience, il n’y a pas de peuple. Je ne militerai plus jamais pour des soumis», promet-elle. Face à cette situation, le parti Jil Jadid a proposé l’idée de présenter «une candidature commune de l’opposition». Une idée qui n’a pas fait long feu auprès des autres partis… et à chacun ses raisons. Le parti du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) estime que tant que la fraude n’est pas éradiquée, qu’ils soient un ou plusieurs candidats, «aucun ne passera face au candidat du pouvoir». Yassine Aïssiouane, son chargé de communication, confie : «C’est pour cela que nous demandons une élection ouverte et transparente, pilotée par une instance indépendante de gestion des élections.» Consensus Même son de cloche du côté du Parti des travailleurs (PT) ou presque ! Pour Djelloul Djoudi, cadre dirigeant du parti de Louisa Hanoune, chaque parti a le droit d’avoir une idée sur la solution qui pourrait faire avancer la situation. «Notre parti, via sa secrétaire générale, a lancé, le 14 février dernier, une pétition pour demander au président Bouteflika la convocation d’élections pour une Assemblée nationale constituante afin de jeter les bases d’un véritable renouveau politique institutionnel à même de sauver l’Etat algérien et d’immuniser notre pays», explique Djelloul Djoudi. Selon ce dernier, le PT est donc déjà en campagne populaire à laquelle il invite les autres partis à adhérer. Pour le Front des forces socialistes (FFS), cette idée d’un candidat commun pour l’opposition n’est pas nouvelle. «L’idée n’a juste pas été formulée clairement dès le départ. Mais elle a toujours été évoquée¸ affirme Hassan Ferli, le secrétaire national chargé de la communication. Si notre parti n’a pas adhéré à cette idée, c’est tout simplement qu’au-delà de la personne de ce candidat unique, on cherche à préserver notre pays», soutient-il. Selon lui, le FFS plaide pour un consensus national répondant à l’aspiration de tous, entre autres les partis politiques, syndicats et société civile «pour mettre fin au régime actuel et permettre l’avènement d’une deuxième République fondée sur le droit et la démocratie», explique-t-il. Richesses Ce consensus ne sera conduit que par un dialogue sérieux avec le pouvoir et toutes les parties de la société. Pour le politologue Mourad Goumiri, l’idée d’un candidat commun pour toute l’opposition est généreuse mais impossible à réaliser tant le paysage politique de l’opposition est fragmenté. «Le pouvoir ne laissera jamais émerger la candidature unique d’un opposant capable de remporter l’élection présidentielle. Les tenants du pouvoir ne souhaitent pas rendre des comptes de leur gestion et sur l’accumulation des richesses qu’elle a générées pour le pouvoir et sa clientèle au cours de ces vingt dernières années. C’est un risque majeur que le pouvoir ne prendra jamais pour lui-même et pour les intérêts qu’il représente... Donc, le statu quo est de rigueur», confie-il. Par ailleurs, selon le politologue, si l’opposition n’arrive justement pas à se mettre d’accord sur un seul candidat, c’est parce que le débat ne porte pas sur les programmes et les idées mais sur les hommes et les personnages. Dès lors, les aspects subjectifs l’emportent sur ceux objectifs. Le spécialiste n’en oublie pas pour autant l’emprise du pouvoir sur ces partis. Il explique que la raison pour laquelle on n’entend pas trop la voix de l’opposition, c’est parce que tout a été fait pour la rendre inaudible, voire muette de par le refus de lui allouer des salles, l’absence de financement, l’interdiction de rassemblement et l’accès équitable aux médias lourds. Scrutin «Au niveau organique, dès qu’un parti commence à s’implanter dans la société, il est immédiatement ‘‘redressé’’, c’est-à-dire l’émietter de manière à l’amoindrir, voire le faire disparaître. Mais pour avoir une image démocratique, le pouvoir laisse survivre une certaine opposition pour la consommation internationale. Il s’en sert pour se crédibiliser en quelque sorte, ce qui rend sa démarche ambigu뻸affirme-t-il. De plus, le politologue confie que l’autre raison pour laquelle on n’entend pas la voix de l’opposition jusqu’à présent, et ce, même si nous sommes à un an de l’échéance présidentielle, c’est parce que «tout le monde est accroché aux lèvres du président elliptique : pouvoir, opposition, étranger». Mourad Goumiri affirme qu’en cas de renoncement forcé ou volontaire, le problème de la succession jaillira. «Mais dans le cas d’une reconduction du bail pour 5 ans, il ne fait aucun doute pour tous que l’opération passera comme ‘‘une lettre à la poste’’», assure-t-il. Selon lui, tout le problème réside dans la crédibilité nationale et internationale de ce scrutin. Un scrutin qui ne sera porteur, selon Mourad Goumiri, d’aucun suspense ni autre possibilité que celle d’un cinquième mandat pour l’actuel président. «Je peux même vous donner le résultat du scrutin : 52% de participation et 73% de bulletins en sa faveur. Mais ce qui m’angoisse vraiment, c’est le lendemain de l’élection», conclut-il.
Le président est aujourd’hui otage de ses fantasmes mais aussi des appétits voraces de ses entourages
Le pays est en ébullition depuis quelques mois déjà, mais le gouvernement peine à trouver des solutions. A votre avis, pour quelle raison ? En mathématiques, certaines questions d’apparence simple ne trouvent aucune réponse logique et sont connues sous le vocable de «propositions indécidables». En biologie aussi, certaines pathologies ne trouvent d’issue que dans la mort. En économie, l’absence de solutions mène à la faillite. En politique, les crises systémiques provoquent la fin des régimes. Il faut se rendre à l’évidence, le système politique algérien ne peut plus offrir de réponses aux multiples crises qui secouent le pays. L’unique solution est à chercher en dehors du système. Autrement dit, le pays ne pourra entrevoir un nouveau chemin pour retrouver ses équilibres interne et externe que si l’obstacle de l’actuel pouvoir est levé. Tout autre objectif ne serait que vaine tentative et une perte de temps précieux. A un an de l’élection présidentielle, la scène politique reste très calme. Comment expliquez-vous cela ? C’est un calme bien précaire et qui peut annoncer la tempête. Le clan présidentiel s’est piégé dans une bulle qu’il a lui-même fabriquée. Obsédé par sa volonté d’absolutisme, le président est aujourd’hui otage de ses fantasmes, mais aussi des appétits voraces de ses entourages. Maintenant, tout le monde craint le moindre changement. Les institutions sont délabrées, l’armée dans le désarroi et l’opposition emmaillotée. A cela, il faut ajouter la fin de la rente à grande échelle. C’est-à-dire qu’on a là tous les ingrédients de l’explosion. Le régime de Bouteflika a travaillé durant deux décennies à dévitaliser l’opposition institutionnelle et populaire. Il a de ce fait sciemment corrompu tous les rouages de l’Etat et du politique en général et favorisé le régionalisme à outrance, le clientélisme, le népotisme, l’affairisme le plus vilain. Il a surtout sélectionné une faune servile, docile et redevable à tous les niveaux de responsabilité. Voyez comment sa clientèle se prosterne publiquement devant ses portraits. Voyez comment ses laudateurs parlent de lui. Voyez comment les ministres de la République sont complices de cette situation. Ces gens n’ont, à l’évidence, aucun sens de l’honneur. Votre parti a proposé à l’opposition de s’accorder sur un seul candidat. Comment cette idée a-t-elle mûri ? La classe politique est très divisée et reflète en fait les multiples ruptures à l’intérieur de la société. Pour proposer un vrai changement au pays, il faut avoir un projet concret et rassembleur. L’idée d’une phase transitoire était dans la tête de tout le monde depuis au moins Mazafran 1 (juin 2014). Remettre de l’ordre dans les affaires du pays, proposer un nouveau contrat politique, reconstruire les institutions sur une base saine sont des objectifs qui passent par une élection légitime d’un président de la République rassembleur. Celui-ci devra engager le pays dans un processus constituant, puis électoral avec des instruments légaux négociés. C’est la seule voie possible pour changer de régime dans la paix et la stabilité. Un candidat unique de l’opposition pourrait créer une dynamique populaire avec un objectif clair : l’Etat de droit. Le cas échéant, c’est la rue qui interviendra tôt ou tard avec des conséquences pour le moins hasardeuses. Les partis de l’opposition n’ont visiblement pas accepté cette idée. A votre avis, pourquoi ? Vous savez, l’opposition institutionnelle est tellement faible politiquement et moralement qu’elle ne croit pas en elle-même. Elle sait que le peuple ne la porte pas dans son cœur. Elle sait qu’elle a trop longtemps côtoyé et collaboré avec le régime pour pouvoir incarner un quelconque changement. Alors, elle se conforme au jeu. Elle fait de l’opposition dans le discours et énonce des vœux pieux, mais elle ne veut pas sortir de sa zone de confort et se donner les moyens de sa propre libération. Volontairement ou non, elle est devenue une opposition du système. Elle n’est pas en mesure de défier le pouvoir, alors elle louvoie. Cela n’est bon ni pour elle-même ni pour le pays. Certaines parties laissent penser qu’il y aura un 5e mandat. Quel est votre avis ? Un 5e mandat est dans la logique du système. Plus que cela, le régime actuel est prisonnier de Bouteflika. Le départ du président actuel signifiera la fin de ce régime, et ce, dans tous les cas de figure, y compris si un substitut à lui est imposé au pays. C’est pour cela que nous refusons frontalement le 5e mandat. Comment voyez-vous l’issue de la prochaine élection ? Le rendez-vous de 2019 sera un révélateur de l’état du pays. D’ici là, nous vivrons des tensions extrêmes. Le régime mène son dernier combat pour sa survie tout en sachant qu’il est irrémédiablement condamné. Un 5e mandat signifiera que la société est autant affectée sinon plus que son président. Le départ de ce dernier montrera, au contraire, qu’il y a encore une conscience active qui aura refusé la fatalité et aura peut-être réussi à éviter à la nation un funeste destin.
Une candidature commune de l’opposition, ou la chance d’imposer une fin au statu quo mortifère
Le pays semble avoir complètement perdu la boussole. Plus grave encore, il donne l’impression de vivre une période de grande déprime. Le gouvernement, faute de pouvoir résoudre les problèmes du pays qui s’accumulent, fait dans l’improvisation et les effets d’annonce, avec des ordres et contre-ordres successifs. Parce que ce gouvernement connaît deux handicaps majeurs : l’absence de légitimité et le tarissement de la manne pétrolière. En fait, il y a de temps à autre de l’agitation, mais sans plus, tels que les discours lus au nom du président de la République à tout bout de champ. Quant à l’opposition, elle semble à court d’imagination, préférant, apparemment, le confort de l’inaction sauf pendant les bien tristes campagnes électorales que le pays connaît périodiquement. D’aucuns vous diront «le calme qui précède la tempête» ! L’on voit bien que la vie politique nationale s’est tellement appauvrie et corrompue qu’elle se résume, depuis des années, aux différentes élections, si bien qu’à peine une élection est évacuée qu’on pense déjà à la suivante et comment faire figurer son nom sur les listes électorales, même si c’est à coups de milliards ! Dans tout ce remue-ménage, force est d’admettre que Jil Jadid, ce parti relativement récent soit, aujourd’hui, celui dont la voix est la plus entendue. Je trouve que ce qu’il préconise, «une candidature commune de l’opposition», est fort intéressant. Aussi, l’idée d’un unique candidat aux prochaines élections mérite bien d’être étudiée avec attention. Car cela pourrait bien être le moyen le plus à même de perturber l’ordre archaïque dominant. Mais dans l’état actuel des choses, je doute fort que la chance va sourire à cette idée, ô combien généreuse. D’abord et en temps normal, tout parti est censé avoir son propre candidat, notamment à une élection présidentielle. Mais vu l’emprise pathologique du pouvoir actuel, les partis de l’opposition ont besoin de se coaliser, le temps d’une élection présidentielle, pour avoir plus de chance d’imposer une fin au statu quo mortifère qui prévaut depuis plus d’une décennie. Cela va surtout leur permettre de prendre à témoin l’opinion publique internationale aussi bien que nationale. Ces partis auront-ils suffisamment de lucidité pour adhérer à cette idée ? Difficile à dire, d’autant plus qu’ils manquent toujours de maturité qui leur fait distinguer entre le tactique et le stratégique. Ces partis, ou plutôt leurs leaders, demeurent, par certains égards, narcissiques. Lorsque je parle de partis d’opposition, j’exclus, évidemment, ceux qui sont carrément dans le parasitage de la vie politique nationale. Ceux que l’on peut qualifier, à juste titre, de bandits de la politique ! Pour ce qui est de l’éventuel 5e mandat, il faut se rendre à l’évidence que depuis l’amendement de la Constitution de novembre 2008, Abdelaziz Bouteflika est président à vie. C’était cela le dessein inavoué de l’entreprise. Ensuite, à proprement parler, il ne pourra y avoir un «cinquième mandat» mais un «premier mandat» suite à l’autre amendement constitutionnel intervenu en 2016, lequel est revenu à la limitation des mandats présidentiels à deux. Abdelaziz Bouteflika aura, donc, deux mandats devant lui (10 longues années) avant d’avoir besoin de procéder à un autre amendement constitutionnel, pourvu que Dieu veuille bien lui prêter vie. Par Mohamed Hennad. Politologue
Le poulet de la discorde
«L’électronarcose est pratiquée en Algérie.» Cette affirmation a fait l’effet d’une bombe. La raison : cette pratique, qui a pour but l’étourdissement de l’animal avant l’abattage en vue d’inhiber sa perception de la douleur, est très critiquée. En effet, nombreux sont ceux qui ont crié au scandale, jugeant cette pratique «non hallal». La narcose en abattoir, ou étourdissement des animaux, est une étape indispensable précédant la saignée et permettant de maintenir l’animal dans un état d’inconscience jusqu’à sa mort. Cette méthode consiste donc à faire passer les volailles dans un bain électrifié à 12V pour provoquer une dépolarisation du système nerveux central et une désorganisation de l’activité électrique normale. «Je ne m’en serais jamais doutée», avoue Samia, une mère de famille de 43 ans. «Depuis que cette nouvelle s’est répandue, j’ai de plus en plus de mal à acheter du poulet. Le doute s’est installé. Je préfère donc me rabattre sur les viandes rouges. Tant qu’on ne nous dit pas clairement la nature des aliments qu’on consomme, le poulet se fera de plus en plus rare dans nos assiettes», affirme-t-elle. Idem pour Nora, une mère de famille de 51 ans qui se désole : «De manière générale, c’est à l’étranger que je faisais attention à la provenance des aliments que je mangeais. Apparemment, je dois le faire maintenant chez nous.» Saignée Pourtant, dans un arrêté ministériel datant du 19 mars 2014, la loi autorise cette méthode. Elle stipule : «Pour faciliter l’abattage selon la religion musulmane, l’étourdissement peut être utilisé, à condition qu’il ne cause pas la mort de l’animal.» Pour Zakia Djitli, vétérinaire, cette question reste complexe. «En l’absence d’études scientifiques réalisées chez nous, par nos soins, je préfère opter pour l’égorgement qui est un geste sanitaire qui garantit la saignée complète de l’animal.» La spécialiste avoue : «Je ne sais pas si égorger l’animal après électronarcose permet d’évacuer le sang complètement.» Critère imposé par la loi du 19 mars 2014 qui stipule que «le saignement doit être spontané et complet. Le temps du saignement doit être suffisant, pour assurer une saignée complète». La vétérinaire explique les deux méthodes : «Quand on égorge l’animal de manière standard, le cerveau émet des signaux au cœur afin que ce dernier pompe le plus de sang possible. Ceci est directement évacué en dehors du corps. Ce qui permet une saignée complète. Pour ce qui est de l’égorgement après électronarcose, je ne peux établir s’il y a activité cérébrale afin d’évacuer le sang est complètement.» De plus, la spécialiste assure qu’on ne peut pas appliquer un paramètre unique à tous les sujets. «Il est vrai que 12V ne tuent pas l’animal. Mais il faut aussi se référer à la capacité individuelle de chaque sujet. S’il ne tue pas certains, il peut provoquer la mort d’autres.» Fatwa Ainsi donc, il se pourrait qu’il y ait des animaux morts avant même d’être égorgés. «Pour vérifier l’état de l’animal, il suffit de pratiquer le réflexe de la pupille. Faut-il encore que la chaîne d’abattage ne soit pas très longue. Malheureusement, on ne peut pas vérifier chaque volaille», explique-t-elle. Mustapha Zebdi, président de l’Association de la protection des consommateurs (APOC) explique : «C’est suite à la publication de cet arrêté en 2014 que nous avons confirmé la présence de cette pratique en Algérie. Nous avions des doutes quant à son utilisation et l’arrêté n’a fait que confirmer nos soupçons.» La nouvelle s’est ensuite propagée comme une traînée de poudre. Ce qui a poussé le Conseil scientifique du ministère des Affaires religieuses de se réunir en 2014 à Ghardaïa afin de prononcer une fatwa. Celle-ci est sans appel. Cette pratique est bannie par la religion. La raison : la limite entre l’étourdissement de l’animal et sa mort est très réduite. Ainsi donc, cette pratique, qui a pour objectif de tranquilliser les volailles et d’inhiber leur sensibilité à la douleur lors de l’abattage, a été interdite par le Conseil scientifique algérien. Et l’Algérie n’est pas un cas à part. Incapacité En effet, selon le Conseil islamique du Fiqh, qui dépend du Congrès islamique mondial, «il est interdit d’utiliser l’électronarcose pré-mortem pour la volaille, car l’expérience a montré qu’elle provoque la mort dans la plupart des cas». De même pour l’Union des savants de la recherche islamique en Egypte qui a «refusé d’accéder à la demande d’associations internationales de protection animale qui souhaitaient que le Conseil accepte l’utilisation de l’électronarcose». N’empêche, depuis 4 ans déjà, cette pratique, pourtant jugée interdite, continue d’être utilisée dans de nombreux abattoirs algériens. Adda Fellahi, l’ex-conseiller du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, se désole : «Malheureusement, cette polémique est encore d’actualité même après 4 ans. La raison : le non-respect de la fatwa établie par le Conseil scientifique.» Selon lui, cela reflète l’incapacité de l’institution religieuse à s’occuper des questions qui préoccupent les citoyens dans leur vie quotidienne. Par ailleurs, Adda Fellahi estime que le suivi de cette question n’est pas du ressort du ministère des Affaires religieuses. «De plus, comment voulez-vous que le ministère des Affaires religieuses surveille cette affaire, alors qu’il n’est même pas capable de contrôler le discours religieux dispensé dans les mosquées, dans lesquels dominent une tendance salafiste extrémiste», confie-t-il. Labellisation Ainsi donc, pour Adda Fellahi, «c’est aux autorités locales et au ministère du Commerce précisément de veiller à ce que les techniques d’abattage soient en adéquation avec les fatwa prononcées. Chose qu’il n’a visiblement pas fait. Il se peut qu’il y ait complicité avec les propriétaires d’abattoirs, car il y a toujours une contrepartie à gagner. Mais en même temps, cela ne dispense pas le ministère des Affaires religieuses de la responsabilité de l’avertissement et d’alerte et de notification», explique-t-il. Pour remédier à tout souci de doute, l’idée de la labellisation et le pictogramme, afin de différencier les volailles, a émergé. «Après un dur labeur de 3 ans, nous avons réussi à établir un consensus. Son but : trouver un terrain d’entente avec l’arrêté ministériel afin de ne pas aller à son encontre ou l’amender. Ce travail a été fait en collaboration avec l’Ianor, l’organisme national de normalisation, qui est chargé notamment de veiller à l’élaboration des normes nationales en coordination avec les autres secteurs», explique Mustapha Zebdi. Ce dernier confie qu’une autorité publique est intervenue par la suite afin de stopper tout le processus et remettre les compteurs à zéro. Pour Adda Fellahi, l’étiquetage halal dans les produits algériens n’est pas logique : «La Constitution est tirée de la religion. Cette dernière interdit tout ce qui n’est pas halal. Il est donc anormal de proposer ce pictogramme.» Rentabilité Mais concrètement, pour quelle raison cette pratique persiste ? «Les conditions industrielles et le rythme de production effréné rend très difficile la mise en place d’alternatives autre que l’électronarcose», assure un vétérinaire. N’empêche, cela peut s’avérer mauvais en commerce. Souhil Meddah, expert financier, explique : «Le passage par un acte de rentabilité économique suppose une limitation significative des coûts et des sources de coûts visibles ou cachés. Le fait de procéder à ce type d’abattage qui est intimement lié à l’esprit spirituel et de croyance des consommateurs expose son auteur à des risques d’endosser des conséquences fâcheuses sur son business par les actions boycottées, par exemple ou d’autres actions similaires, et aussi des sanctions probables. Le fait de miser sur un acte totalement délibéré sans respecter les règles du marché peut provoquer de facto et à tout moment un risque très significatif d’effet de retour de manivelle.»
Le rythme de production effréné rend très difficile la mise en place d’alternatives autres que l’électronarcose
Qu’est-ce que l’électronarcose ? L’électronarcose est un procédé provoquant l’étourdissement transitoire d’un animal, à la suite de la traversée du cerveau par un courant électrique. Elle a pour objectif de tranquilliser les volailles et d’inhiber leur sensibilité à la douleur lors de l’abattage. Elle a été imposée en 2009 par la réglementation européenne en vue de réduire la souffrance de l’animal. En Algérie, la méthode de narcose la plus généralement utilisée est l’électronarcose par bain d’eau. Son principe repose sur la conduction d’un courant électrique jusqu’au système nerveux de l’animal pour inhiber sa perception de la douleur, ce qui provoque un état d’inconscience. L’électronarcose par bain d’eau impose un courant minimum devant être distribué à chaque poulet, en fonction de la fréquence appliquée, et devrait toujours être suivie, dès que possible, de la saignée, dans un intervalle maximal de 15 secondes suivant leur plongée dans le bain d’eau. Quels sont les avantages de cette méthode ? Plusieurs avantages sont liés à ces méthodes de «tranquillisation». Les volailles non étourdies s’agitent tellement qu’elles peuvent se briser les ailes ou abîmer leur chair. Hormis le bien-être animal, notion de plus en plus mise en avant, on peut citer le confort de l’opérateur du fait de l’immobilisation temporaire de l’animal, l’hygiène de l’abattoir en raison de moindres mouvements convulsifs et de battements d’ailes qui feraient gicler le sang sur les murs lors de l’égouttage, une décapitation rapide et précise, une stimulation du muscle cardiaque qui engendre une accélération du rythme et une meilleure saignée, etc. Cette dernière remarque ne fait cependant pas consensus puisque certains auteurs avancent des résultats différents, voire une fibrillation ventriculaire, selon l’intensité du courant électrique utilisé. N’y a-t-il pas d’autres alternatives ? Les conditions industrielles et le rythme de production effréné rendent très difficile la mise en place d’alternatives autre que l’électronarcose. Actuellement, il n’y en a pas qui soient utilisables dans les abattoirs avicoles. Des prototypes sont en cours de développement et ont fait l’objet d’essais, mais ne sont pas encore commercialisés. Il s’agit de systèmes d’étourdissement, électriques toujours, permettant un contrôle plus précis du paramétrage électrique reçu par chaque oiseau. Le système d’étourdissement crânien comprend en outre un équipement de contention de l’animal dans des cônes en plastique ; les pattes des oiseaux sont toujours maintenues par des crochets métalliques, mais les cônes permettent de soutenir le poids de l’animal, ce qui a pour conséquence un effet tranquillisant et une diminution de la tension exercée sur les pattes. Est-elle pratiquée dans beaucoup d’abattoirs du pays ? Il existe encore des abattoirs qui pratiquent l’électronarcose, soit par ignorance de la réglementation, soit par souci de productivité (la narcose permet un gain de temps appréciable dans la chaîne d’abattage), soit encore pour des motifs techniques : les chaînes d’abattage modernes sont pourvues de bacs fixes, difficiles à contourner ou à éliminer. L’utilisation de systèmes d’électronarcose par bain d’eau pour les poulets de chair devrait être éliminée progressivement et non de manière brutale, afin de permettre aux abattoirs de s’y conformer graduellement. Cette pratique comporte-t-elle un risque quelconque ? Le processus de narcose, s’il n’est pas bien contrôlé (tension, ampérage, etc.), peut engendrer des défauts de qualité des carcasses et de la viande. Il semblerait même que des paramètres électriques induisant un niveau d’inconscience optimal engendrent une dégradation de la qualité des produits, mais les données de la littérature sont encore assez contradictoires sur ce sujet. Les résultats de plusieurs études suggèrent qu’une amélioration du bien-être des animaux (diminution des comportements révélateurs de stress ou de souffrance) peut être compatible avec une amélioration de certains critères de qualité des carcasses. Les variations observées par d’autres auteurs ne sont donc probablement pas à relier avec les paramètres électriques de narcose mais plutôt avec l’organisation des chaînes d’abattage et les caractéristiques des animaux qui varient fortement entre lots étudiés. Les affaires religieuses ont interdit cette pratique par souci de prudence étant donné que la limite entre «l’évanouissement» du poulet et sa mort est réduite. Selon eux, cette pratique ne serait donc pas halal. Quel est votre avis d’expert ? Si les paramètres électriques cités plus haut sont correctement maîtrisés, l’électronarcose n’entraîne pas la mort de l’animal avant sa saignée. Celui-ci pourrait même reprendre totalement ses esprits quelques secondes plus tard s’il n’est pas abattu. La législation européenne impose des paramètres électriques précis pour chaque espèce animale, c’est-à-dire une puissance suffisamment forte pour rendre inconscient le sujet. En Algérie, ces paramètres ont été modifiés, car la décharge électrique ainsi obtenue, trop puissante (réglementation européenne), pouvait provoquer la mort. Selon les données de la littérature, il apparaît que l’inconscience est mieux garantie lorsque les fréquences appliquées sont inférieures à 200 Hz et l’intensité appliquée par animal supérieure à 120 mA, alors que la qualité des produits est meilleure lorsque les fréquences appliquées sont supérieures à 1000 Hz et l’intensité appliquée par animal inférieure à 100 mA. Le compromis entre ces valeurs doit donc toujours être recherché par tâtonnements, au cas par cas. Précisons qu’il est restrictif d’assimiler l’abattage rituel à l’abattage sans étourdissement préalable, car d’autres éléments doivent assurer le caractère rituel de l’acte ; la meilleure preuve en est l’existence d’une certification halal (en Allemagne, en France, et dans bien d’autres pays) alors que les animaux ont été étourdis avant l’abattage. Y a-t-il un risque sur la santé ? S’il s’agit ici de risques pour la consommation humaine, il n’en existe aucun, en dehors d’éventuels défauts organoleptiques, cités par certains auteurs mais contestés ou minimisés par d’autres, chacun y allant de ses arguments. Le seul débat véritable est donc strictement religieux et ne concerne pas les scientifiques. Que conseillez-vous aux abattoirs afin d’éviter tout doute possible ? Il est difficile de fournir des recommandations générales sur un sujet aussi délicat, étant donné qu’il dépend largement de la conception de chaque opérateur. Il n’est pas non plus possible d’indiquer une conduite à tenir face à une réglementation non compatible avec les systèmes d’abattage commerciaux. Pour cette raison, la réglementation algérienne interdisant cette pratique, les abattoirs sont simplement tenus de respecter celle-ci. Comme il n’existe actuellement aucun test scientifique pouvant déterminer s’il y a eu narcose avant la saignée, seules la conscience et la volonté individuelle des opérateurs (propriétaires et travailleurs) peuvent conduire à l’abandon ou pas de cette pratique, qu’on y adhère ou non. Il semble donc que l’épineux dossier de l’électronarcose n’est pas près d’être clos. Certains pensent qu’il faudrait laisser libre court à ces pratiques industrielles, mais qu’il faut exiger également, en tant que consommateurs, d’être informés de la nature exacte de l’abattage, ainsi que des pratiques associées au mode d’abattage, par un étiquetage explicite, qui laisserait le choix de consommer tel ou tel produit en connaissance de cause.
Oran : La liberté de culte en point de mire
Qu’en est-il de la liberté de culte à Oran ? Les minorités sont-elles respectées ? Les personnes ayant épousé une religion autre que l’Islam peuvent-elles exercer leur culte en toute quiétude ? Il n’est pas une mince affaire de répondre à de telles questions, tant le sujet est alambiqué. A Oran, de l’avis de plusieurs spécialistes, il semblerait que les chrétiens algériens sont divisés en deux catégories : ceux affiliés à l’église catholique, et qui ont le loisir d’exercer pleinement leur culte, et ceux appartenant à l’église méthodiste, ou plus généralement au protestantisme, qui éprouvent, eux, certaines difficultés dans l’exercice de leur foi. Ainsi, Karim S., 47 ans, tenant les rênes de l’église protestante dite l’Oratoire, au centre-ville d’Oran, (celle faisant angle entre la rue Ho Chi Min et le boulevard des Chasseurs), nous parle de la fermeture de 3 églises protestantes le 27 février dernier, respectivement à Oran-centre, Aïn El Bia (commune de Béthioua) et Bouiseville (commune d’Aïn El Turk) . A vrai dire, cette information n’est pas nouvelle, et elle a déjà fait les choux gras de la presse, le début de ce mois de mars. Il faut dire que la fermeture de ces temples a eu lieu le même jour que celles des associations féministes Fard et l’Afepec (pour rappel, ces dernières ont ré-ouvert depuis). L’édifice appelé «l’Oratoire», érigé en 1845, fait office d’église depuis 1915. D’après les dires de Karim S, les autorités sont d’abord allées à l’église de Aïn El Turk, qu’elles ont mise sous-scellés en accusant ses propriétaires «d’imprimer des bibles dans plusieurs langues», ce qui sous-entend qu’ils s’adonneraient à des actions de prosélytisme. «Mais il n’y aucune preuve à cela», argue-t-il. Agrément Après cela, les propriétaires de ladite église ont fait un recours, et ont été reçus par le cabinet du wali d’Oran pour s’insurger contre le motif avancé. «A ce moment-là, dit-il, les autorités nous ont parlé de problèmes d’agréments.» Le mois de décembre qui s’en est suivi, une commission rattachée au ministère des Affaires religieuses, et épaulée par la sûreté de wilaya, s’est rendue au niveau de ces trois églises pour vérifier l’adaptation des lieux, voir s’ils étaient bel et bien conformes à l’exercice du culte. suite à quoi, fin décembre, ladite commission leur a émis une notification, leur donnant un délai de 3 mois pour régulariser leur situation juridique, sans quoi, elle se verra obligée d’actionner la machine répressive, et procéder à leur fermeture. «On nous a demandé de régulariser notre situation juridique alors qu’on avait l’agrément nationale datant du 16 novembre 1974», nous dit Karim en nous faisant part dudit agrément. Et de s’insurger : «On ne peut pas demander l’agrément d’une section locale pour une association nationale», précisant par là que l’église dite l’Oratoire fait partie de l’association nationale des protestants d’Algérie, dont le siège central n’est pas à Oran. «Il est vrai qu’en 2012, avec la nouvelle loi sur les associations, il fallait qu’on s’y conforme. On a déposé un dossier, mais il n’y a eu aucune suite. Même pas un récépissé.» Le même topo a eu lieu à Aïn El Bia, où l’église protestante a été scellée jusqu’à ce jour. «Comme la commission a émis une notification fin décembre nous donnant un délai de 3 mois pour régler notre situation, théoriquement, les autorités ne devaient procéder à la fermeture qu’au mois d’avril prochain. or, elles l’ont fait fin février dernier, sans avancer aucune explication !» Un juriste reconnu sur la place d’Oran, en évoquant ce problème, nous a parlé de la nouvelle loi des associations, celle de 2012, en comparant celle-ci à l’épée de Damoclès. «Cette loi oblige les associations à renouveler leurs agréments, qu’on ne le leur donne pas, cela dit, les autorités les laissent activer, mais fort de cette loi, elles ont le pouvoir, à tout moment, de demander à ces associations d’arrêter leurs activités.» Agrément Enfin, pour avoir une idée plus nette sur cette question, il est utile de se référer à l’ouvrage collectif, paru en 2017 à Casbah éditions, sous la direction d’Issam Toualbi-Thaalibi, qui s’intitule A l’épreuve de la diversité culturelle. Droit société et éducation. Dans un des chapitres qui a pour titre «Les minorités religieuses en droit positif algérien» Zohra Aziadé Zemirli, juriste, doctorante à l’université Paris 1 la Sorbonne, revient sur ce problème : «Même si on ne retrouve aucun recensement officiel de ces minorités religieuses, on retrouve quelques chiffres dans des rapports et articles concernant la liberté de religion en Algérie. Ainsi, selon le rapport de l’US Departement of State de 2013, les estimations officieuses de la communauté chrétienne en Algérie oscilleraient entre 20 000 et 100 000 individus. Il s’agit, bien entendu, d’un chiffre à considérer avec des réserves.» Concernant la communauté protestante en Algérie, elle citera Mustapha Krim, l’ancien président de l’Eglise protestante d’Algérie, rencontré au cours d’un entretien à Béjaïa en juin 2014, qui «avançait le chiffre de 30 000 protestants alors que Mahmoud Haddad, l’actuel président, a préféré éluder la réponse à la question en se contentant d’affirmer que leur nombre allait en grandissant». Et de résumer que «l’église protestante dans le pays ne donne donc aucun chiffre officiel quant à sa présence dans le pays, même si elle évoque plus de 32 lieux de culte». Cela dit, Karim, le représentant de l’église de l’Oratoire, affirme, lui, que l’église protestante recense aujourd’hui non 32 lieux de cultes, mais au moins 45. Evoquant plus loin le régime juridique des minorités religieuses en Algérie, Zohra Aziadé Zemirli écrit : «Le droit individuel au libre exercice du culte semble bien restreint, et la loi de 2012 sur les associations exclut le fait qu’un groupe d’au moins dix personnes non musulmanes puisse se retrouver librement dans un cadre privé pour exercer leur culte. Cette situation est d’autant plus préoccupante que l’article 7 de l’ordonnance de 2006 précise que ‘l’exercice collectif du culte a lieu exclusivement dans des édifices destinés à cet effet, ouvert au public et identifiable de l’extérieur’. Article confirmé par le décret exécutif n°07-135 du 19 mai 2007 dont l’article 2 définit la manifestation religieuse comme étant ‘un rassemblement momentanée de personnes, organisé dans les édifices accessibles au public, par des associations à caractères religieux’.» Dans le même ouvrage, Jean Paul Vesco, l’actuel évêque d’Oran, a également contribué en apportant son témoignage sur l’église catholique à Oran, une église qu’il veut citoyenne et «qui a cœur d’apporter sa part à la vie et à la construction de la société. C’est ce qu’elle s’est efforcée à faire depuis 50 ans en Algérie (…) On ne peut pas vouloir être catholique en Algérie sans aspirer à être pleinement citoyen de ce pays de droit et/ou de cœur».
Le coup de gueule de la semaine
Cambriolages, tapage nocturne, caillassage, consommation de drogue… Ce sont là les multiples dépassements signalés par les résidents du quartier de Sidi Youssef de Beni Messous. Une situation des plus compliquées qui rend le quotidien des résidents insupportable. «Cela dure depuis des années déjà. Chaque jour, c’est la même histoire qui se répète. Des jeunes du quartier s’adonnent à des faits complètement intolérables : consommation de drogue, d’alcool… Malgré les nombreux signalements que nous avons déposés auprès des services de police, ça persiste toujours», raconte Nawel, une habitante du quartier. Cette dernière, ainsi que des membres de sa famille ont été agressés à de nombreuses reprises, comme l’attestent les certificats médicaux. La raison d’un tel acharnement ? «Ma famille s’est attiré les foudres de ces jeunes à partir du jour où j’ai décidé d’alerter les forces de police par rapport à ce qui se passait en bas de chez moi. La série d’agressions a alors commencé. Ils ont agressé physiquement mon frère. Ils s’en sont pris également à ma mère à trois reprises. Et moi, j’ai des sutures à la tête suite à une agression», confie-t-elle. Le quotidien de cette famille est devenu un enfer. Face à cette situation et à de nombreuses alertes, les forces de police ont commencé à effectuer régulièrement des descentes dans ce quartier. Cependant, ces interventions sont insuffisantes. «Malgré les efforts de la police à sécuriser les lieux, leurs opérations ne semblent pas affecter ces individus, qui au moment de la présence des policiers, s’éclipsent. Une fois ces derniers partis, les jeunes rappliquent aussitôt et reprennent leurs nuisances», témoigne-elle. Aujourd’hui, Nawel lance un appel aux forces de police et de gendarmerie afin d’intensifier leurs descentes au quartier de Sidi Youssef et de mettre en place un dispositif de sécurité qui permettra aux habitants de vivre sans peur d’être violentés.
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