mardi 20 mars 2018

Le cancer de la thyroïde, le Sida et les maladies tropicales

La rougeole est au centre des discussions à Tamanrasset. Les rumeurs persistantes du décès que sept malades a mis en état d’alerte la population mais aussi les structures sanitaires, dont les moyens restent largement insuffisants. Responsable du service des maladies infectieuses du seul hôpitale que compte la ville, Dr Lyes Akhamouk, parle « d’épidémie », mais dément tout décès, en affirmant que « la situation est totalement maitrisée ». Lors d’une longue discussion sur la situation sanitaire de la wilaya de Tamanrasset, il évoque chiffres à l’appui, l’état des lieux. « Depuis l’apparition des premiers cas de rougeole, il y a une vingtaine de jours, nous avons enregistré 90 cas, au niveau des services d’urgence. Seulement une vingtaine d’enfants et huit adultes ont été maintenus en hospitalisation. Les autres sont rentrés chez eux. Aucun mort n’a été signalé, fort heureusement… », dit-il. Il refute catégoriquement, les rumeurs selon lesquelles, « des malades auraient décédé chez eux, et enterrés par leurs familles », comme l’ont indiqué certaines chaines de télévision privées. « Comment peut-on parler de rougeole si nous n’avons pas les causes du décès ?Pour nous, la situation est maitrisée grace à une large compagne de vaccination, dans les régions les plus reculées, comme Tazrouk, Abalessa, Tin Zaouatine et Ain Guezzam. Pour réussir l’opération, et vu le manque de personnels qualifiés, nous avons fait appel à des médecins généralistes, auxquels nous avons assuré une formation accélérée. Fort heureusement, les cas de rougeoles sont circonscrits dans les zones urbaines de Tin Zaouatine et Ain Guezzam et à un degrès moindre, à a périphérie de Tamanrasset », explique Dr Akhamouk. Selon lui, cette situation est la conséquence de la compagne médiatique menée il y a une année, par les chaines de télévision privées contre la vaccination. « Nous avons remarqué les populations les plus touchées résident dans les zones urabaines. Les nomades n’ont pas boycotté la vaccination. Il faut reconnaitre qu’ils sont très demandeurs et lorsqu’il y a une compagne de rappel, ils sont les premiers à vacciner leurs enfants… ». Selon lui, la population de Tamanrasset, vit des problèmes beaucoup plus lourds dont la prise en charge demande des moyens qui se font rares. « Pour moi, il est anormale que les autorités n’aient pas pensé à doter Tamanrasset, d’un centre anti-cancer, alors qu’elle a connu des essais nucléaires durant la guerre de libération. Une unité, ne suffit pas à prendre en charge les centaines de cancéreux qui la sollicitent. En trois ans seulement, nous avons enregisté, 280 nouveaux cas de cancer, ce qui donne une centaine, par année. Ce qui est énorme pour une population de 135 000 habitants. Le cancer du sein vient en première position, mais celui de la tyroide, lié aux essais nucléaires, vient juste après et connait une hausse fulgurante. Un service de chimiothérapie a été ouvert cette année, mais pour la radiothérapie, les malades sont obligés de se déplacer jusqu’à Ouargla, à 1200 km, pour accéder au traitement, alors que nous n’avons qu’un seul ancologue, et manquons terriblement de spécialistes », explique Dr Akhamouk, qui met l’accent sur la « volonté » de l’équipe « très réduite » qui travaille sur le terrain. « Malgré cette situation, nous avons eu des guérisons, mais les résultats seraient meilleure s’il y avait un centre anticancer, avec des spécialistes multisciplinaires, et un plateau technique performant… », note notre interlocuteur. Sur la question de la prise en charge des malades atteints du virus HIV (Sida), il tient à préciser que contrairement à ce qui est répandu : « Tamanrasset n’est une ville de sidéens. Une bonne partie des malades sont des passagers. Il faut savoir aussi, que 37 % porteurs de HIV, sont des ressortissants étrangers. Les hôpitaux sont ouverts à tous les malades sans istinction de race ou de nationalité. Beaucoup d’étrangers, profitent de la gratuité des soins puis disparaissent. Ce qui est important, c’est que durant les cinq dernières années, nous avons constaté que 49 femmes porteuses de la maladie, ont accouché d’enfants sains.Le budget consacré à cette thérapie de 4 milliards, par an, pour trois wilayas Adrar, Tamanrasset et Illizi.. ». Dr Akhamouk, insiste cependant, sur les maladies tropicales, qui sont pour la wilaya de Tamanrasset, « une préoccupation majeure ». « Le paludisme,ou malaria, constituent 90 % de ces pathologies. En 2017, nous avons enregistré 383 cas, importés du Niger et du Mali, tous traités. Nous avons demandé à est-ce que Tamanrasset puisse avoir un centre de formation pour le personnel, mais aussi de recherche », révèle notre interlocuteur, ajoutant : « nous avons unpeuplus de 65 spécialistes pour toute la wilay, mais le problème c’est qu’ils sont très instables et manquent terriblement de moyens. Il faut des mesures incitatives comme le logement, les prix du transport aérien, le cadre de vie pour les sédentariser sur place. Nous avons vraiment besoin d’eux… ».  

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