L’impact du mouvement de protestation des résidents sur le fonctionnement du CHU d’Oran est évalué de manière mitigée. Les protestataires avaient décidé de suspendre leur travail entre 8h et 16h, tout en continuant à assurer les gardes de 16h à 8h les jours ouvrables d’une part, puis de 8h à 20h et de 20h à 8h les week-ends et jours fériés, d’autre part. Après quatre mois de protestation, les perturbations sont nombreuses, mais les services fonctionnent. Mohamed Amine, coordinateur par intérim du service de neurochirurgie, estime que la désaffection des médecins résidents nuit au bon fonctionnement de l’hôpital, car les charges de travail retombent sur les maîtres assistants qui se retrouvent, par exemple, à prendre en charge le tri au niveau des urgences. Dans certains cas, on a fait appel à des médecins généralistes pour combler le vide. «La direction a promis de renforcer les équipes par des médecins généralistes, mais certains ne sont pas encore arrivés», indique-t-il. Par ailleurs, le service de chirurgie, qui fonctionnait avec 8 maîtres assistants, a été renforcé par deux autres depuis que les consultations ne sont plus assurées par les médecins résidents. Les consultations concernent les «pré-opérés» mais aussi les «post-opérés», précise le Pr Belbaghdadi, qui assure lui aussi l’intérim du chef de service. Au préalable, en fonction des rotations, «ce service fait à appel à deux résidents de spécialité pour la chirurgie infantile et deux autres résidents pour la chirurgie générale», ajoute-t-il, précisant que, pour les résidents, c’est surtout l’aspect apprentissage qui prime et non pas le travail que ceux-ci peuvent fournir, même si leur apport est indéniable. Pour lui, «s’il s’agissait de revendiquer de meilleures conditions de travail, de meilleurs moyens pédagogiques, une meilleure qualité de la formation avec des stages à l’étranger ou même des échanges à l’intérieur du pays, leur action aurait un meilleur sens». Le professeur Belbaghdadi est contre le principe adopté de la grève illimitée alors que d’autres actions ponctuelles auraient suffi à faire passer le message de leurs revendications. Certaines sont jugées inadmissibles, telles que l’abrogation du service civil. «Nous ne pouvons pas délaisser les malades, car lorsque nous avons à faire à des interventions qui concernent des cancéreux, par exemple, ou des fracturés, on ne peut pas différer les opérations», explique le même professeur. Et de signaler que certains résidents refusent de suivre le mouvement de grève et tiennent à marquer leur présence dans le service. Si le mouvement de grève ne fait pas l’unanimité, il reste néanmoins important, mais au CHU, on minimise son impact sur le bon déroulement des services. «L’essentiel du travail qui se fait au CHU et surtout la prise en charge des malades sont assurés», indique le secrétaire général de cet établissement, qui confirme néanmoins le fait qu’on ait fait appel aux médecins généralistes pour combler les lacunes en termes de tri dans les urgences, par exemple. «Ce ne sont pas les résidents qui assurent le fonctionnement des services, car ils sont là avant tout pour apprendre», estime Nouredine Alaili, qui tient compte du fait que les structures de soins de proximité (polycliniques) sont bien équipées, assurent les gardes et disposent elles aussi de médecins spécialistes. C’est une manière de dire que les citoyens ont pris l’habitude de solliciter le CHU, y compris pour des problèmes ne nécessitant pas d’intervention lourde. «On laisse le spécialiste de la polyclinique pour venir se faire consulter par un résident», s’étonne-t-il, en estimant qu’il y a aussi un travail de sensibilisation à mener auprès de la population pour désengorger les urgences du CHU, en orientant les malades vers les autres structures de soins. Chiffres à l’appui, avancés comme preuve que l’établissement fonctionne, le chargé de communication du CHU indique que 21 700 consultations ainsi que 20 047 admissions aux urgences concernant plusieurs services (cardiologie, ORL, pneumologie, etc.) ont été enregistrées durant le mois dernier. A titre comparatif, ici, on a fait le parallèle avec l’information relayée par les médias concernant certains hôpitaux en France, où les urgences sont tellement débordées que des malades étaient contraints de passer la nuit sur des brancards. Une manière de dire que tout n’est pas rose, y compris dans les pays développés, notamment ceux justement qui constituent une destination privilégiée d’un bon nombre de médecins formés en Algérie.
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