Plus de 200 recommandations ont été formulées par les ateliers de la conférence nationale d’évaluation de l’application de la réforme qui s’est déroulée les 25 et 26 juillet à Alger.
Des groupes de travail sont installés pour peaufiner ces recommandations et en faire des mesures concernant les trois paliers de scolarité. «Ces recommandations et celles obtenues lors des conférences de 2014 seront soumises au gouvernement, dont le soutien a été exprimé lors de la dernière intervention de M. Sellal», explique M. Messeguem, inspecteur général au ministère de l’Education nationale, dans une conférence de presse animée hier à Alger.
Les ateliers ont proposé des changements «radicaux» sans toucher à l’esprit de la réforme de 2003. «Les propositions s’articulent autour d’approches favorisant le respect des spécificités régionales dans l’application des programmes nationaux, de façon à réaliser l’équité qui fait défaut aujourd’hui», précise le même inspecteur.
C’est ainsi que plusieurs propositions ont été formulées pour le respect des spécificités régionales et le respect des langues maternelles dans les premières années de scolarité. «L’école doit respecter la langue maternelle de l’enfant pour qu’il puisse détenir tous les avantages pour l’acquisition des connaissances le long de sa scolarité et en faire plus tard un citoyen respectueux et défenseur des droit de l’homme», selon le même responsable.
C’est dans ce même contexte, d’ailleurs, que la généralisation de l’enseignement de tamazight sera effective dans 20 wilayas dès la rentrée prochaine.
La capitale, qui a longtemps été zone interdite à tamazight, sera concernée par cette mesure, annonce M. Messeguem, qui révèle que le Haut- Commissariat à l’amazighité (HCA) et les services du ministère de l’Education nationale ont fait un travail «colossal» pour l’introduction de l’enseignement de tamazight dans les établissements, «même s’il s’agit d’une seule demande».
Des directives sont également données pour la formation des enseignants, qui ne doivent pas être en rupture avec le contexte régional dans lequel ils exercent. La maîtrise des parlers locaux et la connaissance du contexte sociologique local devraient ainsi être prises en compte dans la formation et le recrutement des enseignants, explique M. Messeguem.
Éradiquer les disparités
Les orientations des spécialistes concernent aussi la généralisation du préscolaire. Cet enseignement ,disponible uniquement dans 51% des établissements scolaires constitue aujourd’hui un aspect de disparité criard. Le ministère fera appel, dès la prochaine rentrée scolaire, aux écoles gérées actuellement par le ministère des Affaires religieuses et celles relevant de la Solidarité nationale ainsi que celles détenues par les communes et les entreprises pour élargir la couverture en préscolaire en créant un «socle commun» et un programme en collaboration avec le ministère de l’Education nationale.
«Nous visons un taux de couverture de 65% pour l’année 2015/2016 et de 100% pour 2017/2018», ambitionne le conférencier, qui rappelle que «la lutte contre les disparités à l’école commence par la généralisation du préscolaire car il est inacceptable que les élèves atterrissent au même âge dans les établissements scolaires en premières année avec un niveau de connaissances décalés entre les établissements et les régions».
La feuille de route que propose la conférence aspire également à la révision des programmes, conformément aux orientations des évaluations de 2014. «Il s’agit, entre autres, de la révision des programmes pour valoriser l’histoire algérienne avec un programme qui s’adresse à l’enfant et au jeune Algérien qui doit retrouver ses références de l’Afrique du Nord de Massinissa, de Jugurtha, de l’amazighité et de l’islam tolérant, des références avec nos propres références religieuses nationales sans avoir le besoin d’importer d’autres cultures», explique M. Benremdane, conseiller à la pédagogie au ministère de l’Education nationale.
La commission des programmes s’atèle à la confection des nouveaux programmes du cycle obligatoire (primaire et CEM) conformément aux directives et recommandations de la conférence de 2014. La rentrée scolaire verra l’arrivée de nouveaux manuels scolaires allégés et revus, annonce-on également. Pour le secondaire, «les recommandations suivront selon ce qui sera adopté comme mesures», explique le même pédagogue.
Dans ce contexte, M. Benremdane révèle que des propositions pour l’introduction de nouvelles filières ont été formulées ainsi que la suppression d’autres.
Mais les mesures proposées ayant fait le plus de bruit lors de cette conférence sont liées à l’instauration d’un bac professionnel, à la refonte du baccalauréat et à son organisation en deux sessions. Il s’agit également de l’organisation d’une session anticipée pour les matières secondaires à l’issue de la 2eAS. Les participants ont rejeté en bloc l’option du rachat, alors que la question de la fiche d’évaluation n’est pas encore tranchée. La recommandation liée à la suppression de l’examen de la fin de cycle primaire a été également formulée.
Les participants sont unanimes à diagnostiquer que le système actuel d’évaluation est dépassé. Les spécialistes étudieront les meilleures propositions pour introduire les changements à effectuer dans les plus brefs délais pour mettre en place une méthode d’évaluation qui détermine le niveau réel de l’élève et dresser le profil de l’élève dès la fin du primaire afin de remédier aux difficultés à temps.
Les deux responsables reconnaissent que «ces mesures impliqueront d’autres secteurs, d’où la difficulté de fixer des délais».
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