Arrêté le 9 juillet dernier dans le sillage des événements tragiques qui ont fait une vingtaine de morts à Ghardaïa, le leader du Mouvement pour l’autonomie du M’zab, Kameleddine Fekhar, risque la prison à perpétuité. Fekhar aurait été torturé juste après son arrestation. Ses avocats s’apprêtent à porter plainte contre la police.
Kameleddine Fekhar, défenseur des droits de l’Homme et ancien militant du FFS, a entamé, aujourd’hui dimanche, son 12eme jour de grève de la faim dans la prison de Goléa au Sud de Ghardaïa. « L’état de santé de Dr Fekhar se détériore au fil des jours et les responsables de la prison refusent de le transférer à l’infirmerie », a affirmé l’un de ses avocats, Me Salah Dabouz, dans une déclaration à Elwatan.com.
Selon l’avocat, Fekhar a été « torturé » pendant son séjour au commissariat de Ghardaïa, entre le 9 et le 15 juillet derniers. « On m’a mis a genoux, le visage face au mur, et on m’a asséné des coups sur le cou. Je ne peux pas identifier mais j’ai vu qu’il (l’agresseur) portait l’uniforme blanc de la police scientifique », a témoigné Fekhar à Me Dabouz qui lui a rendu visite à la prison jeudi dernier.
Les avocats du leader mozabite, au nombre de trois pour l’instant, envisagent de porter plainte contre la police de Ghardaïa pour torture. La plainte sera déposée dans les prochains jours tandis qu'une vingtaine d’avocats dont Mokran Ait Larbi, ont exprimé leur volonté de rejoindre le collectif de défense de Dr Fekhar qui fait l’objet de 18 chefs d’accusations.
« Accusé de tous les maux de l’Algérie »
Il s’agit entre autres accusations d’atteintes à la souveraineté et à la sécurité nationales, incitation au meurtre, et attroupements armés. « Il est accusé de tous les maux de l’Algérie », ironise, amère, Me Dabouz en signalant que son client risque la prison à vie.
L’avocat a critiqué en outre le contenu de l’instruction donnée par le procureur de la République à la police de Ghardaïa afin d’arrêter Fekhar. Le procureur a employé la formule « arrêter avec tous les moyens », dans l’instruction et cela « met en danger la vie » du mis en cause.
Me Dabouz a indiqué que le collectif d’avocats a entamé des démarches auprès des ONG, avec lesquelles l’Algérie est liée par des conventions, pour assurer la défense de Fekhar sur le plan international. Une ONG – dont il n’a pas cité le nom, a déjà donné son accord pour soutenir Fekhar.
« L’affaire Kamel Eddine Fekhar a mis à nu la soumission de la justice au pouvoir politique (…) son arrestation est survenue suite à une décision politique et la justice s’emploie maintenant à lui trouver un cadre juridique », a dénoncé l’avocat, qui dirige une des ailes de la Laddh.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire