Un troisième groupe terroriste, activant sous l’égide d’Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) vient d’annoncer son allégeance à Daech.
Dans une vidéo publiée par les sites propagandistes terroristes, ledit groupe, désigné sous l’appellation de Katibat El Ghuraba, affirme opérer dans la région de Constantine.
Mais avant lui, d’autres groupes dont un de Jijel – les Partisans d’El Khalifa, ayant proclamé sa dissidence avec AQMI – et un autre en Kabylie, Jund El Khilafah, ont rejoint les rangs de Daech.
La présence de cette nébuleuse terroriste en Algérie remonte donc à deux années. Hormis l’assassinat d’Hervé Gourdel en Kabylie, Jund El Khilafah, qui a signé son acte de naissance avec l’horrible décapitation du ressortissant français, ne s’est pas manifesté depuis.
Au contraire, il a subi des revers successifs sous les coups des services de sécurité. Il a perdu beaucoup de ses éléments avant que son chef, Abdelmalek El Gouri, soit abattu par les services de sécurité dans la région des Issers, wilaya de Bourmerdès.
Mais la grande défaite qu’il a subie a eu lieu fin mai dernier, quand Jund El Khilafah a été décimé par une offensive de l’ANP à Bouira.
Vingt-cinq terroristes ont été abattus, dont quatre émirs et le nouveau chef du groupe, Khazra Bachir dit Abdellah Athmane Al Acimi.
Quels sont les effectifs de Jund El Khilafah aujourd’hui ? Ce groupe, qui s’est détaché de l’organisation de Abdelmalek Droukdel, chef d’AQMI, et a signé les derniers attentats contre les éléments de l’ANP à Aïn Defla et Batna, doit être forcément réduit à quelques éléments, de même que cette inconnue, Katibat El Ghuraba de Constantine, qui vient de proclamer son affiliation à Daech. Constantine n’a connu que quelques incursions sporadiques des groupes terroristes depuis 1998.
Mais, selon des informations publiées par El Watan, des jeunes des quartiers défavorisés auraient tout de même rejoint les rangs de l’organisation terroriste. Dans la région de Jijel, où un groupuscule se réclame aussi de Daech, la situation sécuritaire paraît plus ou moins maîtrisée.
Une question se pose : la proclamation par ces trois groupes terroristes de leur allégeance à Daech signifierait-elle que le terrorisme a fini par se reconstituer en Algérie ? Pas forcément. Un élément important d’analyse : les effectifs de tous ces groupuscules qui se réclament de l’organisation terroriste qui sèment la désolation et la terreur au Moyen-Orient et dans d’autres pays sont constitués d’anciens éléments des Groupes islamiques armés (GIA) qui ont intégré par la suite le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) de Hassan Hattab, avant que celui-ci devienne, en 2003, Al Qaîda au Maghreb islamique.
ALLÉGEANCES SUR LE NET
A moins que ces groupes terroristes aient pu réactiver les cellules dormantes et insoupçonnées du terrorisme, ou embaucher de nouveaux desperados qui ne sont pas encore entrés en activité, rien ne dit que les groupuscules qui ont prêté allégeance à Daech se soient renforcés par de nouveaux recrutements.
Les seules recrues qu’a pu enrôler l’organisation terroriste transnationale sont des jeunes de la wilaya de Boumerdès qui ont rejoint les rangs de Daech en Syrie ou en Irak. Selon des rapports des Renseignements, l’Algérie est le pays de la région qui compte le moins d’activistes dans les rangs de l’organisation terroriste.
Est-ce que cela veut dire que le terreau d’embrigadement au profit des organisations terroristes a tari dans notre pays ? Pas aussi évident que cela. Un expert du fait sécuritaire s’interroge, lui, de savoir si Daech n’a enrôlé aucun activiste algérien en 2014.
Comme le dit un rapport américain, cela ne signifie-t-il pas que l’organisation terroriste a préféré renforcer les rangs de ses suppôts locaux ?
Pourquoi donc cette proclamation d’allégeance médiatisée des groupes armés à Daech ? L’organisation terroriste chercherait certainement, selon des spécialistes, une présence physique et surtout médiatique en Algérie dans plusieurs régions, surtout après le revers subi par Jund El Khilafah et les réseaux de recruteurs démantelés par les services de sécurité.
Ceci dit, quel que soit le niveau d’organisation de la nébuleuse terroriste dans notre pays, il est à craindre que le peu d’effectifs qu’elle a pu mobiliser s’avère d’une nuisance macabre.
On a vu déjà comment des jeunes, comme c’est le cas en Tunisie voisine ou en Europe, se sont «autoradicalisés» via internet et ont fini par commettre des attentats innommables au profit de Daech.
Quid alors du regain d’activité d’AQMI, qui multiplie les attentats terroristes dans certaines régions du pays ? L’organisation dirigée par Abdelmalek Droukdel, qu’on dit en perte de vitesse, mais exploitant certainement les failles du dispositif sécuritaire et la baisse de vigilance des services de sécurité, a commis deux attentats en quelques jours seulement.
Explication : pour certains, c’est dans la logique de l’organisation terroriste ; pour d’autres, il y a assurément une sorte de surenchère de la mort. AQMI, qui a connu plusieurs défections et des dissidences, a opté, même avec la réduction de ses capacités opérationnelles, pour l’offensive.
D’un côté pour maintenir la mobilisation de ses éléments, et d’un autre pour affirmer sa présence sur le terrain. Il faut dire qu’à défaut de communication officielle, nul ne sait comment a évolué la situation sécuritaire dans notre pays. Mais la menace est bien réelle, comme le confirment les déclarations de hauts responsables algériens.
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