vendredi 7 août 2015

Les touristes ? Ils n’ont qu’à aller dormir à la belle étoile !

«Aucun investissement dans les ZET n’a été concrétisé depuis leur classement en 1988», nous révèle un cadre du ministère de l’Aménagement du territoire, du Tourisme et de l’Artisanat. 174 zones ont été validées avant que deux d’entre elles soient déclassées.
33 autres ZET ont été approuvées en 2009 et 2010. Jusqu’à présent, 205 Zones d’expansion touristiques (ZET) ont été choisies et approuvées par le ministère de tutelle, ce qui représente 53 000 hectares au total.

Ces zones sont de grandes assiettes de terrain où étaient censées être implantées des infrastructures touristiques diverses, selon les ressources touristiques de la zone en question.

«Sur les 205 ZET approuvées au total, plus de 150 sont en cours d’étude pour élaborer des plans d’aménagement, car depuis 2011, les plans d’aménagement sont devenus obligatoires avant de céder les terrains aux investisseurs, précise Nordine Nadri, directeur de l’Agence nationale du développement du tourisme (ANDT).

Sur les 150 ZET en cours d’étude, 21 plans d’aménagement touristiques ont été approuvés par décrets exécutifs en 2013 et 2014, telles que les ZET d’El Aouana à Jijel, Cap Ivi, à Mostaganem, Azeffoun et Sidi Khelifa, à Tizi ouzou, El Marsa, à Skikda. 13 autres ZET soumises par les APW seront approuvées par arrêté du ministre avant fin 2015. 32 autres sont à la dernière phase d’étude et seront approuvées avant la fin de l’année en cours ou au plus tard durant le premier trimestre de l’année 2016», ajoute Noredine Ladri.

Blocage

Mais l’exploitation de la majorité de ces zones touristiques traîne. D’après le gérant d’une agence de voyages spécialisée dans le tourisme réceptif (spécialisée dans l’accueil des touristes), «les infrastructures existantes ne sont pas conformes aux normes internationales que recherche le touriste étranger. Dans un tel état, il est impossible de recevoir des touristes étrangers dans notre pays», assure-t-il.

Et de donner pour exemple les infrastructures existantes avant 1988, telles que les Andalouses à Oran et le complexe touristique de Sidi Fredj, pour la région algéroise.

Dans certaines wilayas, les zones désignées depuis 1988 sont toujours à l’abandon, car les soumissionnaires pour les lots de terrain n’ont jamais eu de suite à leurs demandes, «ni favorables ni défavorables», assure cet investisseur dans la wilaya de Jijel, qui souhaitait ériger un grand complexe. Dans la zone de Tigzirt, à Tizi Ouzou, c’est le même scénario.

Ce jeune investisseur n’arrive pas à digérer sa déception. «Je travaillais pour une chaîne hôtelière internationale, je gagnais très bien ma vie. Quand j’ai su que les responsables de mon pays voulaient relancer le tourisme, je suis revenu pour construire un hôtel de cinq étoiles.

Toute l’étude est faite, mais les autorités me bloquent toujours, c’est injuste», dénonce-t-il. Nadri précise que «les dossiers approuvés en 1988 devraient être relancés par les walis et les président d’APC, car l’établissement de plans d’aménagement pour chaque ZET est une étape indispensable avant de céder les terrains.»

Classement

Mais avant d’être classées ZET, les zones sélectionnées par les autorités locales passent par plusieurs étapes. «La première action est l’affichage dans la commune concernée durant un mois, dès le premier jour du lancement de l’étude, afin d’annoncer la mise en œuvre du plan d’aménagement de la ZET. Par la suite, un bureau d’études évalue et diagnostique notamment la délimitation et les contraintes techniques de la ZET.

Durant la même période, les représentants des secteurs publics (Domaines, les travaux publics, la Conservation foncière) sont sollicités pour donner leur avis qui sera par la suite soumis au bureau d’études.

Ce dernier peut développer des variantes d’aménagement.» Une fois la proposition de plusieurs variantes faite, la wilaya est sollicitée pour choisir une variante d’aménagement. «Le bureau d’études va enfin élaborer un plan d’aménagement et un règlement urbanistique : définir les coefficients d’occupation au sol et le coefficient d’emprise au sol et le gabarit), selon la variante retenue par la wilaya.

Par la suite, c’est le dossier d’exécution des voiries et réseaux divers (VRD) qui prend le relais. Le plan d’aménagement doit être affiché dans la commune concernée pendant 45 jours pour mettre les habitants au courant et s’assurer qu’il n’y a pas d’opposition ou de meilleure proposition sur un registre de doléances.

Tout le dossier doit être par la suite soumis à l’APC dans un premier temps pour délibération et par la suite à l’APW qui doit donner son avis dans un délai qui ne doit pas dépasser les 15 jours, à compter de la date de réception du dossier. Le wali doit, par la suite, donner son avis et joindre le dossier complet de la ZET pour être transmis par courrier officiel au ministre pour approbation.

Quand le plan d’aménagement de la ZET est approuvé, il vaut permis de lotir. Enfin, le wali peut libérer les terrains pour les investisseurs dans le cadre de la concession», ajoute Noredine Nadri.

Alternative

Et c’est durant l’étape où les investisseurs déposent leurs demandes pour bénéficier d’assiette de terrain que tout se joue. Plusieurs investisseurs dénoncent «la sélection par affinités», car dans la zone touristique d’Azeffoun par exemple, «les terrains n’ont pas été cédés équitablement selon les projets présentés».

Selon la même source, «une bonne partie du littoral est cédée à un important capitaine d’industrie de la région». Une source au sein du ministère de l’Aménagement du territoire, du Tourisme et de l’Artisanat nous a assuré que «le ministre actuel, Amar Ghoul, a installé, il y a deux semaines environ, une commission chargée de recueillir tous les blocages que rencontrent les investisseurs désireux de se lancer dans des projets touristiques.

Cette commission travaille avec les directions régionales basées dans toutes les wilayas».

Un autre cadre du ministère de l’Intérieur nous a confié que «le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a donné des instructions au ministre du Tourisme afin de relancer tous les projets touristiques bloqués sur tout le territoire national», ce qui peut être une alternative pour les recettes du pays pour combler le «creux» causé par la chute libre des prix du pétrole.

En attendant le deuxième quota qui sera approuvé incessamment qui comporte un lot de 10 ZET, notamment à Aïn Ouerka, à Naâma, à Aïn Témouchent et à Adrar. Les investisseurs attendent que toutes les promesses «soient transformées en autorisations d’exploitation pour libérer le secteur touristique qui est victime de la bureaucratie».

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