vendredi 7 août 2015

El Tarf : 35 ans après, toujours rien

Des ZET à El Tarf ? Ce n’est pas ce qui manque, il y en a 5 le long des 90 km du littoral de la wilaya.
Elles totalisent une emprise de 5185 hectares sur l’un des plus beaux rivages de la Méditerranée. On en parle depuis 35 ans, mais aucune n’a encore vu le jour. Depuis 30 ans, sont passés les Turcs, les Cubains, les Espagnols, les Libanais, les Saoudiens, les Français, les Anglais, etc., et un nombre hélas inconnu mais important de promoteurs nationaux qui ont tous souhaité s’y installer.

Beaucoup, il est vrai, se sont avérés être des affairistes sans dimension, comme ces Saoudiens qui faisaient miroiter aux Algériens la réalisation d’une petite sœur de Las Vegas sur la charnière entre l’Algérie et la Tunisie ! Sur 5 ZET, qui d’est en ouest sont La Messida à cheval sur les communes d’Om Teboul et d’El Kala, le Cap Rosa (El Kala), Hennaya (El Kala et Berrihane), Mafragh est (Berrihane) et Mafragh ouest (Chatt), il y a depuis quelques mois un bruissement à El Batah ouest.

Un promoteur originaire de la région s’y est installé à la faveur d’un contournement de la loi 02-02 dite «loi littoral» qui interdit toute implantion sur le cordon dunaire. Il réalise sur une parcelle, acquise auprès de l’agence foncière de Ben Mhidi, une cinquantaine de petits chalets en bois, la condition pour détourner la loi, dont une demi-douzaine est déjà prête à titre de démonstration.

A l’autre bout du littoral, à la Messida, un bureau d’études français, le groupe ISIS, a réalisé l’étude d’aménagement de la zone sur les 45 ha aménageables, car ce n’est pas la totalité des 565 ha de la ZET qui le sont. L’étude est approuvée par l’APW et on attend que le ministère lance l’appel à intérêt national et international. Il n’y aura qu’un seul investisseur pour toute la zone.

Bénédiction

Et pour la Messida, on se demande encore si les membres du gouvernement s’adressent la parole, car on apprend qu’un abri de pêche y est aussi en projet. Le tourisme de qualité et l’odeur du poisson ne vont pas très bien ensemble, sans compter les dérangements que peut causer une activité de ce genre. Il semble que ce cas n’est pas unique et qu’il y aurait aussi dans l’Oranie des ports de pêche en projet à proximité de sites de grande valeur esthétique.

Le Cap Rosa avec ses 900 ha, dont 50 aménageables, n’a pas non plus échappé aux convoitises. Il a, tout à tour, été menacé par une  implantation d’une unité de mise en bouteilles d’eau de source, d’une crevetterie et d’une ferme aquacole pour l’université, pour lesquelles une grande partie a été défrichée.

A l’exception de la Messida, les études d’aménagement sont en cours sur les 4 autre ZET. Dimanche, a-t-on appris auprès des services de la wilaya, se tiendra une réunion de travail pour l’évaluation de ces études. Selon des rapports internes de l’administration locale, les 5 ZET pourront accueillir 65 000 estivants. Les choses semblent bouger un peu, mais on craint que le récent changement de main du ministère du Tourisme ne bloque encore la dynamique comme cela a souvent été le cas.

Et ce n’est pas le nouveau ministre Amar Ghoul qui pousse à l’optimisme. Autre obstacle de taille, la plus grande partie des zones aménageables des ZET font parties du Domaine forestier national, d’où il faut les soustraire.

On pense même qu’il est préférable de revoir à la baisse les superficies des ZET, trop vastes pour certains spécialistes et ainsi la distraction des zones aménageables. «Les ZET ne sont pas sorties de terre depuis si longtemps, c’est une bénédiction», nous dit un expert, car pour lui cela a permis au pays de progresser dans la législation et la réglementation et d’avoir évité ainsi qu’elles ne tombent dans les mains d’affairistes et d’aventuriers qui auraient saccagé ces sites.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire