mercredi 2 décembre 2015

«Le pouvoir fait dans l’improvisation»

«Ceux qui ont élaboré ce projet de loi de finances visent le pétrole des Algériens. Le pouvoir n’a plus honte. Ce qui se passe actuellement ce n’est pas un hold-up masqué, mais un vol au vu et au su de tout le monde», note le président de Jil Jadid. La loi de finances 2016 n’est pas uniquement contestée et critiquée par l’opposition parlementaire, mais aussi par d’autres formations politiques qui ne siègent pas à l’Assemblée et qui qualifient certaines de ses dispositions de «très graves» car elles sont «antinationales». Le RCD, par la voix de son chargé de communication, estime que la loi de finances adoptée à l’APN est une sérieuse menace pour le quotidien des citoyens et la stabilité du pays. Elle signe l’échec incontestable du pouvoir. «Après avoir vidé les caisses de l’Etat, le gouvernement veut subtiliser le portefeuille du citoyen», dénonce Mazouz. Pour lui, ce texte de loi tel qu’adopté vise à faire payer les conséquences de la mauvaise gestion, de la corruption et de la faillite de ceux qui nous gouvernent par les couches sociales moyennes et les citoyens les plus défavorisés. «Au moment où les Algériens subissent de plein fouet les affres du chômage, du sous-développement et des choix incohérents du gouvernement, il aurait été plus conséquent de réduire le train de vie de l’Etat et de s’attaquer aux effets ravageurs de la corruption et de l’inaction du gouvernement», suggère Mazouz qui pense que dans ce texte, tout le contraire de ce que le bon sens dicte est envisagé pour aboutir, assurément, à l’accentuation des tensions sociales. Revisitant certaines dispositions de la LF 2016, Mazouz relève que dans les mesures annoncées par le gouvernement, il apparaît une introduction massive et incohérente de taxes qui assécheront considérablement le porte-monnaie du citoyen. Le citoyen sanctionné «Devant l’aggravation de la situation économique et sociale, le gouvernement continue de faire dans l’improvisation ; l’incohérence des mesures introduites dans la loi de finances 2016, le creusement des déficits et le recours inconsidéré au Fonds de régulation sont des signes qui ne trompent pas», note le RCD. Qui invite les citoyens, en l’absence d’un Parlement légitime, à se mobiliser pour faire échec à ces décisions. «L’absence de vision économique et l’improvisation dans l’élaboration des lois de finances chez les tenants du pouvoir ne doivent pas être supportées par le citoyen que, après avoir été dépossédé de sa voix, on cherche à rançonner», conclut Mazouz. Ali Fawzi Rebaïne, président de Ahd 54, estime, pour sa part, que cette loi, qui est la résultante de toutes les politiques menées par le système en place, a été conçue pour les riches et pour sanctionner les pauvres. «Comment peut-on sanctionner le citoyen alors que le pouvoir a gaspillé 1000 milliards de dollars ?» s’est interrogé Rebaïne, qui est persuadé que l’argent que l’on extirpera au citoyen servira à renflouer les caisses des riches. «La LF 2016 n’est que la résultante des compromissions du système avec le pouvoir de l’argent. Il ne fallait pas s’étonner d’avoir des assemblées de milliardaires», affirme le président de Ahd 54. Tous les chiffres que renferment les lois de finances élaborées jusqu’à ce jour ne reflètent pas, selon Rebaïne, la réalité de notre économie. «Les chiffres ont été maquillés et nous n’avons jamais eu de saut ni qualitatif ni quantitatif en matière économique. Nous n’avons rien produit», déplore-t-il. Soufiane Djilali, leader de Jil Jadid, s’est dit optimiste de voir enfin les députés assumaient  leur position et dénonce le contenu de la loi de finances notamment l’article 66 qui permet aux prédateurs d’avoir la main mise sur Sonatrach. «Ceux qui ont élaboré ce projet de loi de finances vise le pétrole des Algériens. Le pouvoir  n’a plus honte. Ce qui se passe actuellement ce n’est pas un hold-up masqué, mais un vol au vu et au su de tout le monde», note S. Djilali. Il explique qu’il n’est pas contre la privatisation, mais qu’il s’oppose aux privatisations telles que réfléchies et conçues par le pouvoir. «Le pouvoir ne privatise rien. Toutes les privatisations qui ont été faites l’ont été de manière occulte. Nous assistons à la déperdition du patrimoine algérien pour alimenter la corruption et les prédateurs», accuse Djilali. Notons que l’opposition parlementaire (FFS, PT, AAV) décidera aujourd’hui de la suite à donner à son action.

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