Alors que toutes les dispositions de la loi de finances ne sont pas entrées en vigueur, les Algériens commencent à sortir dans la rue dans plusieurs régions du pays. Et les manifestations deviennent de plus en plus violentes au fur et à mesure de l’intervention des services de sécurité. Sans faire trop de bruit, ce sont les habitants de la ville côtière de Tigzirt, dans la wilaya de Tizi Ouzou, qui ont été les premiers à battre le pavé de leur cité pour protester contre «la vie chère». Les manifestants, qui ont sillonné l’artère principale de la ville dans un calme exemplaire, ont brandi des banderoles dénoncent notamment «la volonté de paupérisation» des populations par certaines dispositions de la loi de finances 2016. Les éléments de la police antiémeute s’étant mis à l’écart, il n’y a pas eu d’escarmouche. L’affrontement n’a par contre pas été évité lorsque des jeunes sont sortis, mardi, dans la localité de Oued El Ma, à l’ouest de la wilaya de Batna. Profitant de la délocalisation d’un projet de fabrication de panneaux photovoltaïques, censé procurer des emplois, des habitants ont vidé leur sac ; ils ont exprimé le ressentiment qu’ils nourrissent envers les autorités : chômage, malvie, absence d’infrastructures et de gaz de ville… autant d’arguments pour se rappeler que 2016 ne commence pas bien pour eux. Et les dispositions de la loi de finances ne sont en fait que la goutte qui fait déborder le vase. La situation ne semble pas se calmer puisque les habitants réclament désormais la libération des jeunes mis en détention. Une des revendications que vient d’exprimer également le Front des forces socialistes (FFS) qui a diffusé un communiqué dénonçant la répression des manifestants. Pour faire écho à ce qui s’est passé à Oued El Ma, les habitants de Béjaïa ont marché, mercredi, pour dénoncer les dispositions de la loi de finances 2016. Les manifestants, qui répondaient à l’appel de certains syndicats autonomes, demandent aux autorités de trouver d’autres solutions que de «punir» les citoyens. Pour canaliser tous ces mouvements qui s’opposent à la politique du gouvernement, un front national «contre la loi de finances 2016» est en gestation. Il regroupe, jusque-là, plusieurs organisations et associations auxquelles s’ajoutent des personnalités nationales. Ce mouvement va se réunir bientôt pour définir une politique à suivre et des actions à mener pour dénoncer les dispositions de la loi de finances 2016. Pour leur part, certains syndicats de fonctionnaires menacent de sortir dans la rue pour dénoncer la baisse de leur pouvoir d’achat. C’est le cas du Syndicat des corps communs de l’éducation nationale dont les membres ont menacé de recourir à la rue, eux dont le statut a plus de 20 ans d’âge. Du côté du gouvernement, rien de concret. Les autorités campent sur leurs positions et estiment qu’il n’y a pas d’autre issue que de poursuivre la politique d’austérité et la hausse graduelle des prix des produits énergétiques, fortement subventionnés.
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