mardi 24 mai 2016

Panama Papers : Rym Sellal, Omar Habour et l’offshore

Selon les documents consultés par le site marocain Desk, Rym Sellal «apparaît comme bénéficiaire d’une des sociétés offshore montées par la fiduciaire suisse Multi Group Finance, dans un schéma identique à celui mis en place au profit de Najat Arafat (épouse de l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil) et de Farid Bedjaoui, le flamboyant neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui.» Le volet algérien des Panama Papers recèle encore quelques inavouables secrets nichés dans la multitude de documents révélés par l’enquête mondiale initiée par le journal allemand Süddeutsche Zeitung et coordonnée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ)», écrivait hier Le Desk, un journal électronique associé aux révélations liées au scandale des Panama Papers, sous la plume des journalistes Lyes Hallas et Ali Amar. «Rym Sellal, fille du Premier ministre Abdelmalek Sellal, apparaît de 2005 à 2010 comme bénéficiaire d’une société offshore domiciliée aux îles Vierges britanniques», indique la même source, qui ajoute que «celle-ci est en lien avec le vaste montage financier de l’entourage de l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, lui-même au cœur du scandale de corruption de Sonatrach, la major algérienne du pétrole et du gaz». Selon les documents consultés par Le Desk, Rym Sellal «apparaît comme bénéficiaire d’une des sociétés offshore montées par la fiduciaire suisse Multi Group Finance, dans un schéma identique à celui mis en place au profit de Najat Arafat (épouse de l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil) et de Farid Bedjaoui, le flamboyant neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. Des noms devenus coutumiers du scandale d’Etat qui agite l’Algérie dans le vaste système de corruption échafaudé autour de Sonatrach sur son contrat avec Saipem, filiale du groupe italien Eni». «Cette nouvelle révélation de l’implication de Rym Sellal est à elle seule une affaire dans l’affaire pourrait-on dire, tant elle braque cette fois-ci les projecteurs sur les relations qu’aurait entretenu son père, personnalité centrale du clan Bouteflika, avec les mis en cause», commente Le Desk révélant que «la société à laquelle la fille Sellal est liée, Teampart Capital Holdings Limited (TCH), a été constituée le 26 octobre 2004 aux îles Vierges britanniques par le cabinet panaméen Mossack Fonseca en faveur de Omar Habour, né en 1939 à Oujda. Ce Franco-Algérien, réputé proche du couple Khelil et de Farid Bedjaoui, est visé par les justices algérienne et italienne pour être le faux-nez de ce réseau aux ramifications sans fin». Selon des documents puisés dans les Panama Papers, «quatre mois à peine après la constitution de TCH, Rym Sellal en devenait l’ultime bénéficiaire, comme l’indique l’ordonnance établie le 24 février 2005 et transmise par télécopie quatre jours plus tard par Ludovic Guignet, gestionnaire de la fiduciaire Multi Group Finance basée à Lausanne, à l’antenne genevoise de Mossack Fonseca chargée d’en assurer l’inscription sur les tablettes des îles Vierges britanniques». «Les pouvoirs de Habour – cité dans l’affaire Sonatrach 2, dont le procès est en cours au tribunal de Milan en Italie – ont été effectivement annulés le 16 août 2005», précise Le Desk, qui a repris un document des Panama Papers sur lequel on peut lire : «Nous vous prions de bien vouloir annuler le power attorney en faveur de M. Omar Habour et de bien vouloir en émettre un en faveur de Mlle Rym Sellal.» Cette ordonnance, datée du 28 février 2005, indique que Rym Sellal était à partir de ce moment-là «la bénéficiaire économique finale de Teampart Capital Holdings Ltd en remplacement de Omar Habour. Elle restera l’ayant droit de cette société offshore au capital de 50 000 dollars jusqu’au 30 mars 2010, date à laquelle elle sera démise de ses pouvoirs». «Rym Sellal, 36 ans, se déclare analyste résidente à Londres, à un jet de pierre du parc Kensington, autant dire dans le quartier huppé de la capitale britannique. Son père Abdelmalek Sellal, 67 ans, est dans les hautes sphères de l’Etat depuis les années 1970 ; il a été tour à tour chef de daïra (sous-préfet), wali (préfet), ambassadeur en Hongrie, plusieurs fois ministre jusqu’à sa nomination à la tête du gouvernement en 2012. Il a été également directeur de campagne électorale de Abdelaziz Bouteflika pendant les présidentielles de 2004, 2009 et 2014.» Sa fille a «défrayé la chronique en Algérie à la parution, en 2015, du livre Alger-Paris, une histoire passionnelle (Stock) des journalistes Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet, qui révèle, entre autres, le patrimoine immobilier détenu par de nombreux responsables algériens sur les bords de la Seine. Un patrimoine souvent acquis dans des conditions ténébreuses», écrit le journal. Et de souligner que «la minutieuse enquête des deux journalistes français indique que Rym Sellal a acheté, le 27 avril 2007, deux studios transformés en un appartement richement meublé de 64 m2 sur les Champs-Elysées, au niveau de la galerie commerciale des Arcades, attenante à l’hôtel Claridge». «L’acquisition de ce bien de prestige, est-il précisé dans l’acte notarié qui ne fait apparaître aucun crédit bancaire, a été conclue pour 860 000 euros, dont 50 000 ont été versés hors vue du notaire». La même source précise que «la transaction a valu à son ancienne propriétaire, une fiscaliste afghane, laquelle s’était portée acquéreur du bien un an plus tôt, une coquette plus-value de 420 000 euros». «D’où viennent les fonds», s’interrogent les auteurs de l’ouvrage qui a éventé ce mirifique achat. Du père Premier ministre qui n’a aucune activité recensée dans le privé ? De son mari, l’homme d’affaires libanais Ramzy Al Asmar qui aurait travaillé dans une société pétrolière, mais dont le nom n’apparaît pas dans l’acte de vente ? Le scandale Sonatrach 2, Omar Habour et la fille Sellal Pour Le Desk, «la citation du nom de Rym Sellal dans la galaxie des sociétés créées simultanément par des personnes soupçonnées d’être impliquées dans la grande lessiveuse des commissions occultes de l’affaire Sonatrach-Saipem est une piste sérieuse. D’autant que l’historique de TCH, dont l’objet demeure un mystère, montre qu’elle en a été la bénéficiaire économique finale au gré de son utilisation, la société ayant été désactivée fin 2007, réactivée en 2008, puis enfin mise en veilleuse deux ans plus tard. Celle-ci, comme d’autres sociétés directement liées à Omar Habour et Farid Bedjaoui — Abode Finance Services Corp., Girnwood International Engineering Ltd et Minkle Consultants SA — ont donné des sueurs froides à Mossack Fonseca.» «Afin de brouiller les pistes menant à leurs bénéficiaires finaux, Ludovic Guignet de Multi Group Finance avait ordonné en janvier 2010 à Mossack Fonseca de transformer leurs actions nominatives en titres au porteur. Une mesure qui ne sera manifestement pas concrétisée, une législation plus tatillonne en la matière ayant été adoptée entretemps par les îles Vierges britanniques», écrit le journal, qui fait remarquer que «leurs activités ont particulièrement été suspectées de servir au blanchiment d’argent sale par l’agence d’investigation financière des îles Vierges britanniques». «L’épaisse correspondance triangulaire échangée en novembre 2013 entre la fiduciaire helvète Multi Group Finance (initiatrice du montage), le cabinet panaméen Mossack Fonseca (chargé de sa mise en œuvre) et l’agence financière des îles Vierges britanniques où les coquilles offshore étaient domiciliées», affirme la même source, «démontre la grande fébrilité qui s’est emparée de tous ces intervenants, notamment lorsque le scandale Sonatrach a pris une tournure résolument internationale, et que les biens de Omar Habour ont fait l’objet d’un signalement de la cellule française anti-blanchiment Tracfin en juillet 2013». «Pris de panique, les administrateurs de Mossack Fonseca ont tenté tant bien que mal de nettoyer leurs dossiers, effarés d’apprendre l’ampleur de l’affaire, d’autant que des failles béantes sont apparues dans leur dispositif.» Selon Le Desk, «ni Omar Habour, encore moins Rym Sellal, qui l’a remplacé un temps à la tête de TCH, n’ont fourni toute la documentation nécessaire à leur traçabilité». «Habour se déclarant comme industriel, indique le journal, avait fourni différentes adresses, à Neuilly-sur-Seine, Genève et Oran, pour les multiples coquilles offshore dont il était mandataire.» Pour ce qui est du dossier de Rym Sellal, il est «resté désespérément vide», soutient la même source. «Créée dans la précipitation, TCH, comme d’autres coquilles du réseau ayant formellement servi comme paravent à la gestion de comptes bancaires en Suisse et ailleurs, avait pour directeurs deux employées de Monsack Fonseca.» «Craignant des sanctions de l’agence d’investigation financière des îles Vierges britanniques qui a exigé une mise à jour des données sur TCH, le cabinet s’est finalement désisté de sa qualité d’agent dépositaire de la société, faisant valoir que celle-ci était directement gérée par ses bénéficiaires successifs», précise la même source qui révèle que «dans une ultime correspondance adressée le 24 avril 2014 par Mossack Fonseca à l’agence financière d’investigation des îles Vierges britanniques, il est attesté que l’ayant droit de Teampart Capital Holdings Ltd est de nouveau Omar Habour, demeurant à Genève. Une copie de son passeport français accompagnait le courrier pour justifier de son identité». «Toute trace de Rym Sellal ayant alors complètement disparu», écrit Le Desk.                   

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