mardi 28 juin 2016

Actions de solidarité avec les détenus de KBC

Quand la production artistique est considérée comme un crime, c’est le coup de grâce qui est asséné à la liberté. La mise en détention de Mehdi Benaissa, directeur de la chaîne KBC, de Ryad Hartouf, producteur de l’émission «Ness stah», et de Nedjaï Noura, directrice au ministère de la Culture chargée de délivrer les autorisation de tournage, ne peut être que le signe d’une grave atteinte à la liberté d’expression, de création et de production artistique. Ces personnes dont le crime a été de tourner et de produire des programmes de divertissement se retrouvent, à la surprise de tous, sous mandat de dépôt depuis vendredi dernier avec comme lourdes accusations de «fausses déclarations» et «abus de fonction». Des charges qui peuvent valoir aux accusés de lourdes peines d’emprisonnement. Les avocats de la défense ont introduit auprès du procureur près le tribunal de Sidi M’hamed une demande de liberté provisoire pour leurs clients et espèrent avoir une réponse demain ou au plus tard dimanche prochain. Le journal El Khabar a rapporté hier que Mehdi Benaissa a transmis, via ses avocats, un message aux journalistes et employés de KBC leur demandant de «continuer à travailler comme à leur habitude et de préserver  intact leur esprit élevé de responsabilité et de professionnalisme». Les signes de solidarité avec les détenus se font de plus en plus visibles. Les messages de soutien aux deux responsables de KBC et à la directrice au ministère de la Culture envahissent les réseaux sociaux. Une page facebook pour la libération de Mehdi Benaissa récolte déjà de nombreux adhérents. Une pétition est aussi lancée sur internet pour la libération de Noura Nedjaï. Cette dernière, au lieu de recevoir le soutien de l’institution à laquelle elle appartient, s’est vue radiée du ministère de la Culture avant même que la justice tranche sur son cas. Une décision indigne et inique qui renseigne sur l’absence de l’esprit de responsabilité dans cette institution censée défendre la création artistique. La société civile, elle, ne cache pas son indignation. Un appel à un sit-in demain à 22h devant le Théâtre national d’Alger a été lancé sur les réseaux sociaux en signe de solidarité avec les détenus de l’affaire KBC. L’association Avife/réseau Wassila, citée hier dans Liberté, a estimé que cette affaire montre que «les textes de loi sont bafoués avec des décisions de justice qui sont en flagrante violation avec leur contenu» et que «du fait de l’instrumentalisation de la justice, les Algériennes et les Algériens sont placés dans la plus grande fragilité juridique et politique». L’Initiative pour la protection des libertés et des droits de l’homme en Algérie relève, quant à elle, le grand silence de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel fraîchement installée. «Une guerre est déclarée contre la liberté de l’activité audiovisuelle», dénonce cette initiative.

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