mardi 28 juin 2016

«Donner une autorisation n’est pas un crime !»

Mme Nedjaï n’a fait qu’un acte administratif. Dans tous les cas, elle ne doit pas être en prison !» Ce cri d’indignation est celui d’un ancien cadre du ministère de la Culture. Il fait référence à l’emprisonnement de Noura Nedjaï, cadre supérieur au ministère de la Culture, pour avoir signé un accord de tournage des émissions culturelles pour la société NessProd, qui sous-traite pour la chaîne KBC. Selon notre interlocuteur, Noura Nedjaï, «l’un des cadres les plus intègres» du ministère de la Culture, «n’a pas commis de crime» pour se retrouver en prison. Parce qu’elle a signé une autorisation de tournage à «une société algérienne, légale», la fille de moudjahid, artiste peintre, est menottée un jour de Ramadhan, comme ce fut le cas pour sa mère, arrêtée par l’armée coloniale durant ce même mois de carême. L’acte est donc «purement administratif». Mais pourquoi est-ce que cette dame se retrouve, avec deux autres cadres, en prison ? Pour ce cadre supérieur à la retraite, «ceux qui ont mis Madame Nedjaï en prison ont décidé de politiser l’affaire». Car, en plus du caractère administratif de ce document, «Mme Nedjaï n’aurait jamais signé une telle décision sans se référer au cabinet, donc au ministre», témoigne un ancien haut responsable du ministère de la Culture, qui regrette que le ministre, qui a refusé de s’exprimer publiquement, ne défende pas la fonctionnaire. Plus qu’un acte administratif, il n’existe aucune base légale qui exige d’une boîte de production d’effectuer des tournages dans des studios clos. Il existe bel et bien une autorisation pour le tournage sur la voie publique. Mais, «pour les émissions et autres programmes, nous tournons sans autorisation», explique Mustapha Kessassi, animateur de l’émission «Ki hna ki  nass». Plus que cela, le journaliste rappelle que pendant des jours, des policiers étaient postés devant les studios de tournage sans dire un mot. Et ce n’est qu’une fois que l’émission commence à avoir du succès que les autorités ont décidé d’agir. Le même témoignage est répercuté par beaucoup d’autres producteurs qui indiquent tous que les autorisations de tournage ne sont exigées que pour tourner dans l’espace public. Pourtant, NessProd a demandé «par précaution» le fameux sésame au ministère de la Culture. L’accord a donc été donné. «Nous donnons ce genre d’autorisation régulièrement et sur la base d’un dossier», témoigne, pour sa part un haut responsable du ministère que gère Azzedine Mihoubi. Des éléments qui démontrent donc que le dossier KBC est avant tout «politique». «S’il y avait diffamation ou autre atteinte aux personnes, les personnes visées n’ont qu’à déposer une plainte», clame Kessaci qui revendique le droit «à la liberté de création artistique».

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