La drogue se répand vite. Elle se répand dangereusement vite. La consommation est en train de gagner du terrain et d’atteindre même les foyers qui paraissaient très hermétiques il y a quelques années.» Ce constat sans appel est dressé par les responsables de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT), qui cite les chiffres inquiétants du bilan des services de lutte contre les stupéfiants (Gendarmerie nationale, DGSN et Douanes). Une quantité de 38,7 tonnes de résine de cannabis a été saisie en Algérie durant les quatre premiers mois de 2016, dont plus de 77% à l’ouest du pays. La quantité de résine de cannabis saisie au cours des quatre premiers mois de 2016 a enregistré une baisse de 15,54% par rapport à la même période de l’année 2015, en raison surtout du renforcement du dispositif sécuritaire aux niveau des frontières, mais ces quantités saisies restent encore élevées. S’agissant de drogue dure, la quantité d’héroïne saisie en Algérie a fortement augmenté, passant de 18,3 grammes à 145,4436 grammes, soit une hausse de 694,77%, et ce, durant la même période. Le rapport a également relevé une très forte augmentation de saisies des comprimés de type psychotrope, passant de 217 438 à 518 158 comprimés, soit une hausse de 138,30%, dont 57,28% ont été saisis à l’ouest du pays. «Les drogues dures circulent, il y a aussi l’apparition, ces derniers temps, de drogues produites par les laboratoires clandestins qui se trouvent en Afrique et particulièrement au Sahel et qui inondent le marché algérien. Les nouvelles substances psychoactives sont vendues en remplacement de drogues connues et sont censées produire des effets semblables à ceux de leurs équivalents traditionnels.Elles peuvent poser de sérieux risques pour la santé et la sécurité publiques», selon Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem).Selon lui, il y a de nouveaux produits qui sont mis en circulation basés sur des agglomérats de produits chimiques et de cannabis, une texture hautement toxique qui constitue un danger pour le corps humain. La Gendarmerie nationale a fait état de l’apparition, en 2016, de deux nouveaux types de comprimés de drogue, à savoir le Mythilone et le Bythilone, produits par des laboratoires clandestins. Les consommateurs sont âgés en général de 15 à 54 ans. Il y a autour de 900 000 consommateurs : 15% chez les collégiens, 27% chez les lycéens et 31% d’étudiants universitaires, principalement dans les grandes villes. Lors d’une action de sensibilisation à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la toxicomanie, organisée par la sûreté de la wilaya d’Alger lundi soir au parc Les Sablettes, la DGSN a rendu publics ses chiffres. Selon cette source, 586,422 kg de cannabis, 59 110 comprimés psychotropes, 30,4 g d’héroïne, 6,209 kg de cocaïne, 994 comprimés d’ecstasy et 577 comprimés de Subutex ont été saisis au cours du premier semestre 2016. Pour la même période, 5074 affaires de drogues ont été traitées par les mêmes services. Rachedi Nordine, chef de la sûreté de wilaya d’Alger, a souligné l’importance de renforcer l’action de proximité pour sensibiliser les jeunes aux dangers de la toxicomanie. Il a souligné que la DGSN a adopté une stratégie à deux volets, à savoir la prévention assurée par les cellules d’écoute qui accompagnent les toxicomanes en coopération avec les partenaires (associations, directions des affaires religieuses) et l’action coercitive. «Une lutte implacable contre les dealers et les barons de la drogue sera engagée», a-t-il affirmé à l’APS. Dans le cas des jeunes, la consommation de drogue figure parmi les raisons les plus fréquentes d’interruption du cycle de développement intellectuel et du processus d’apprentissage social. C’est également un élément déterminant de la désorganisation et de la dislocation des familles dans un contexte de crispations et de relâchement des liens sociaux.
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