Face à une crise aiguë de gaz butane et à l’indifférence des autorités incapables de venir à bout de ce problème cyclique, les habitants d’In Guezzam, à 400 km à l’extrême-sud de Tamanrasset, ont lâché bride à leur colère et procédé, hier, à la fermeture de la route principale menant vers le siège de la wilaya déléguée. Quadrillés par un dispositif de sécurité dépêché pour parer à d’éventuels dérapages, les manifestants en appellent aux plus hautes autorités du pays et les pressent d’intervenir pour prendre des mesures susceptibles de mettre un terme aux souffrances quotidiennes des habitants. Selon le président de l’association locale de protection des consommateurs, Bassi Tagueda, depuis le début du Ramadhan, ce produit vital se fait rare dans les stations-service de la ville. «La pénurie profite aux spéculateurs qui, de connivence avec les distributeurs de Naftal, s’arrogent le droit d’appliquer des marges bénéficiaires dépassant la juste mesure», s’indigne notre interlocuteur. Une bonbonne de gaz à 2000 DA ! Vu la demande croissante, la quantité de bonbonnes mises en vente ne suffit plus, obligeant les chefs de famille à aller vers le marché noir pour s’en procurer même à des prix, tenez-vous bien, allant jusqu’à 2000 Da la bonbonne censée être vendue à 200 DA. L’approvisionnement irrégulier des dépôts de vente n’est pas sans aggraver cette situation de crise exacerbée encore davantage par l’anarchie régnant dans la distribution parcimonieuse de ce produit. Les coupures d’électricité récurrentes sous une chaleur intenable ont également été soulevées par les protestataires qui manquent du minimum vital. L’indigence extrême dans cette collectivité, promue wilaya déléguée, a été bien décrite par le président de l’association Nour El Yatim, Chinoune Ramdhane, qui a arrêté un constat on ne peut plus alarmant d’une population paupérisée tant les subventions alimentaires accordées par l’Etat sont détournées et acheminées hors de nos frontières au vu et au su de tout le monde. Les tonnes de farine, de semoule et de sucre destinées à l’alimentation des commerces qui n’existent, a-t-on appris d’une source bien informée, que sur papier en l’absence de contrôle dans cette municipalité où le pain amélioré est devenu un luxe nécessitant de la «maârifa» pour s’en procurer. En déplacement dans la commune pour distribuer 40 kits alimentaires au profit des orphelins, M. Chinoune se dit frappé par un spectacle de tant de désolation et de misère. «Les familles auxquelles nous avons rendu visite mènent une vie de bohémiens. A court de provisions, les habitants vivent au jour le jour. C’est malheureux», a-t-il conclu. Des vidéos et photos ont été prises par des associations qui comptent saisir les instances de défense des droits de l’homme. Parlant sous le couvert de l’anonymat, un cadre associatif nous dit que ces images frappantes seront enregistrées sur des supports audiovisuels avant de les rendre publiques via la presse nationale.
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