Encore un autre week-end en prison pour Nora Nedjaï, cadre au ministère de la Culture. L’appel contre le mandat de dépôt déposé par les avocats n’était pas à l’ordre du jour de la chambre d’accusation, juridiction qui contrôle les actes du juge d’instruction. L’artiste peintre et les deux responsables de KBC, Mehdi Benaïssa et Ryad Hartouf, vont devoir attendre dimanche prochain. Dans le cas où l’affaire n’est pas programmée, leur incarcération durera encore une semaine parce que la chambre d’accusation ne siégera pas le mercredi, car est un jour férié. Triste sort réservé à cette femme, artiste peintre, fille de chahid et d’une grande combattante de l’ALN, dont les deux frères sont également d’anciens moudjahidine. Sous-directrice au ministère de la Culture, Mme Nedjaï est réputée pour sa probité, son professionnalisme et son dévouement pour son travail. Me Bergheul, qui assure sa défense et celle de ses coïnculpés, plaide pour «une mise en liberté rapide» en mettant en avant le statut des mis en cause, «tous des primaires et des cadres de notoriété qui offrent toutes les garanties de se présenter devant la justice à chaque fois qu’il sera nécessaire». Pour l’avocat, «si l’Autorité de régulation était en activité, le dossier aurait été traité administrativement. Mais, elle a été créée deux jours après que l’affaire ait été gérée pénalement (…) et les trois cadres ont fait l’objet d’un mandat de dépôt. Une mesure qui ne colle pas avec l’article 123 du code de procédure pénale, les nouvelles dispositions de la Constitution et les amendements du code de procédure civile qui rendent cette mesure exceptionnelle en privilégiant la liberté provisoire et/ou le contrôle judiciaire». Tout en reconnaissant le principe du pouvoir discrétionnaire du juge et la souveraineté de sa décision, Me Bergheul estime que la mesure de mise en détention est «exagérée». En effet, si les deux cadres de KBC sont poursuivis pour «fausses déclarations», Mme Nedjaï a été inculpée pour «abus de fonction», alors qu’elle n’a fait que signer une autorisation pour un tournage d’une émission à un habitué du secteur, très connu et de surcroît un de ses collègues, puisqu’il avait été désigné comme membre de la commission des films cinématographiques et documentaires du ministère de la Culture. Très compétente, Mme Nedjaï suscite un grand respect non seulement auprès de ses collègues au ministère, mais aussi au sein de la communauté des artistes et notamment les producteurs. Comment pouvait-elle abuser de sa fonction, alors que c’était elle qui avait attiré l’attention du ministère de l’Intérieur sur des drones français qui filmaient avec une autorisation délivrée par la ministre de la Culture, Mme Laabidi, alors que la réglementation algérienne l’interdit formellement. Mme Nedjaï est victime de sa probité et surtout de son intégrité. Est-ce une raison pour la mettre en prison, et en plein un mois de Ramadhan ? Est-ce une raison pour la démettre de ses fonctions alors que l’affaire n’était qu’au stade de l’enquête préliminaire ? Autant de questions qui suscitent des interrogations sur les buts recherchés à travers son incarcération. Tous ses proches espèrent que la chambre d’accusation statuera dimanche prochain sur son cas et mettra fin à sa détention. Ni sa santé, affectée par une hypertension, ni son état psychologique ne pourront supporter d’autres jours derrière les barreaux, loin de sa famille. Il en est de même pour ses coïnculpés, Mehdi Benaïssa et Ryad Hartouf. Pour la libération des trois détenus, un appel a été lancé pour un sit-in de solidarité des artistes et des hommes et femmes de culture, prévu demain à 22h, devant le Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA), à Alger.
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