Affectée par la sécheresse, la récolte des céréales chute de 50% à Bouira. La campagne moissons-battages a été lancée au début de la semaine dernière. Néanmoins, et contrairement aux années précédentes, les récoltes céréalières accusent une baisse sensible de production, qui est due essentiellement au déficit en pluviométrie enregistré durant toute la saison. La sécheresse, qui avait sévi au début de l’année, s’est répercutée négativement sur les récoltes. Les craintes exprimées par les agriculteurs au début de l’année pour cause de sécheresse sévissant dans la plupart des régions nord du pays se sont avérées «fondées». La saison agricole est presque perdue. Contrairement aux déclarations faites par les responsables du secteur, annonçant une meilleure récolte, les agriculteurs prévoient, quant à eux, une baisse sensible du volume de production. Pour cette année, un recul de 50% de production est attendu à Bouira, comparativement aux saisons écoulées. Les services agricoles de la wilaya prévoient une récolte de 1,3 million de quintaux des différentes céréales, alors que la production dépassait les 2 millions de quintaux au cours des années précédentes. Au niveau de la Coopérative des céréales et des légumes secs (CCLS) de Bouira, un organisme en charge d’emmagasiner la récolte céréalière, la collecte annuelle n’a jamais dépassé les 700 000 quintaux. La question mérite bien d’être posée sur le sort du reste de la quantité et qui dépasse le million de quintaux annoncée chaque année par les services concernés. Cependant, la superficie agricole réservée dans le cadre de la campagne labours-semailles n’a pas changé. Pour la saison 2015-2016, les services agricoles ont annoncé que 72 000 hectares ont été emblavés. Une surface de 41 403 ha a été réservée pour la culture du blé dur, 11 572 ha pour celle du blé tendre, 17 000 ha pour l’orge et 15 000 pour l’avoine. Le peu de moyens mobilisés par l’Etat dans le cadre du système d’irrigation des terres agricoles a également contribué à la chute du volume de récolte : seulement 1411 ha de la superficie totale est irriguée, soit un taux de 6%. Ce qui illustre que la production agricole dans la wilaya de Bouira, ainsi que dans toutes les régions du pays, dépend essentiellement de la clémence du ciel. La filière en question est tout bonnement aux abois. La production est catastrophique cette année. Pourtant, l’Etat a injecté des sommes faramineuses visant l’amélioration du secteur et des conditions de travail de l’agriculteur par l’acquisition de kits d’irrigation. Le nouveau ministre de l’Agriculture, qui a reconnu cette baisse sensible de la production à l’occasion de sa visite dans la wilaya de Bouira, a rassuré la population que l’Etat a pris toutes les dispositions nécessaires pour satisfaire les besoins du pays en matière de blé, en cas de régression de la production nationale. La facture d’importation sera incontestablement revue à la hausse, dès lors que le premier responsable du secteur qui ignore totalement les données de son secteur, a annoncé que le gouvernement a pris les mesures nécessaires pour importer du blé de façon à satisfaire les besoins de la population. L’absence d’une vision viable et de mécanismes ainsi que l’immobilisme des autorités sont autant de facteurs bloquant le secteur. La preuve, la superficie réservée exclusivement à l’agriculture ne cesse de se rétrécir. Ces terres fertiles, dont jouit la wilaya de Bouira, n’y échappent pas, puisqu’elles sont sérieusement menacées par l’avancée du béton. Des centaines d’hectares sont ainsi détournés de leur vocation initiale. A Bouira, des terres agricoles ont été récupérées pour ériger des «zones d’activités et industrielles», jusque-là improductives. Le ministre de l’Agriculture qui, sans pour autant proposer de mécanismes et de solutions quant au développement du secteur, se dit garant quant à la protection des terres agricoles et a appelé les agriculteurs de Bouira à augmenter la production.
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