- La production céréalière est-elle en baisse cette saison ? Il est trop tôt pour évaluer les rendements de cette année, vu que la campagne moissons-battages vient à peine de débuter pour l’orge. Il faut attendre les grandes chaleurs pour lancer cette campagne afin de limiter les pertes générées par l’opération de la moisson du fait de la baisse des températures ces derniers temps. Toutefois, les rendements seront assurément réduits, quand bien même cette région, notamment dans sa partie nord, a bénéficié de conditions bioclimatiques qui ont permis à certaines parcelles de tenir le coup. A cela s’ajoutent quelques actions d’irrigation compensatoires opérées par des agriculteurs mais ne disposant que de petites surfaces (moins de 5 ha environs). Toutefois ces quelques avantages ne vont pas atténuer la perte des rendements habituels dans une proportion qui se situera autour de 50%. C’est déjà une chance par rapport aux wilayas qui auront à enregistrer jusqu’à 80% de pertes liées à trois causes majeures. - Cette baisse de production est-elle due, selon vous, à un déficit en pluie, alors que les responsables du secteur ont prévu une bonne production cette année, surtout que les mois de mars et avril ont connu un apport considérable en pluviométrie ? La sécheresse, qui avait sévi en début de campagne labours-semailles, que les dernières pluies n’ont pu compenser en raison d’un décalage par rapport au cycle de croissance du végétal, est pour l’essentiel dans cette baisse. Mais la sécheresse vient s’ajouter à un état sanitaire des cultures fragilisé, notamment dans les wilayas de Aïn Defla et Médéa, par l’infestation du puceron des racines des céréales dit «puceron de cornouiller» ou «Anoecia corni» d’une part et la rouille qui avait infecté jusqu’à 10% des cultures dans certaines zones, dont la wilaya de Bouira, d’autre part. Cette année, l’Algérie va importer davantage de céréales pour compenser un déficit de plus en plus lourd, généré par la déconfiture de cette filière, aussi bien par rapport à l’alimentation humaine qu’animale. Toutefois la facture de cette importation peut ne pas évoluer en raison de la baisse des prix du blé sur le marché mondial. Un autre facteur trompeur à ne pas prendre en considération, à savoir que les prix des fourrages en Algérie ont fortement diminué non pas par rapport à une augmentation de la production qui n’a pas lieu, mais parce que la demande a baissé terriblement du fait qu’on a abattu les vaches infectées à leur tour par la fièvre aphteuse. Mais ceci est l’autre histoire d’un drame que subit l’agriculture en général. - La wilaya de Bouira à vocation purement agricole n’arrive pas à augmenter sa production qui varie selon des chiffres officiels à 2 millions de quintaux ? La vocation agricole de la wilaya de Bouira est plutôt réduite aux légumes de plein champ, mais tout le reste provient des régions de Biskra, Jijel et Alger. Nul ne peut ignorer que les produits céréaliers et les viandes blanches, dont les services agricoles se targuent, sont le fait des importateurs en intrants ou en produits finis qui continuent de doper la facture des importations du pays. Connaissant parfaitement la wilaya de Bouira en termes de moyens de stockage des céréales jamais approvisionnés complètement par le produit local, il n’y a pas lieu de se demander où est stockée cette production virtuelle. Mais il faut retenir que la dépréciation s’accélère pour les filières céréales, lait, viande blanche et pomme de terre, qui ne feront qu’aggraver les perpétuelles pertes et les déficits que l’Etat aura à supporter lourdement au moment où ce secteur devrait se redéployer pour contenir en partie la chute des prix du pétrole. Amar Fedjkhi
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