Le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS) estime que le pays n’a jamais été en crise comme il l’est aujourd’hui. Dans un discours à l’occasion de l’organisation par le parti d’une conférence-débat sur la crise économique et sociale, jeudi soir, Abdelmalek Bouchafa, installé il y a un mois à ce poste, parle d’une crise aiguë de représentation politique due au système politique actuel. Le responsable du plus vieux parti de l’opposition assure que même si le régime est toujours en place, la population ne lui a jamais accordé la confiance. Ainsi, M. Bouchafa considère que cette crise s’exacerbe «parce qu’une minorité manipule les institutions, instrumentalise et si nécessaire viole la légalité constitutionnelle et parce que les relations entre institutions de l’Etat sont marquées par l’hégémonie de l’Exécutif». Il estime que le régime est contraire à l’évolution historique de notre pays et que la paix apparente n’est pas la stabilité. Pour le premier secrétaire du FFS, «la stabilité est le consentement des forces politiques et sociales dans le pays à la règle du jeu librement établie entre partenaires appelés à vivre ensemble». Abdelmalek Bouchafa qualifie ainsi la situation générale du pays de «désastre intégral». Il décrit un pays en régression dont les libertés et les acquis multiples sont progressivement remis en cause. «Nous vivons dans un pays sans projet commun, sans vision commune, sans initiatives fortes de ses gouvernants pour trouver une issue à une crise complexe depuis plusieurs décennies et qui une fois encore est en train de s’approfondir et de s’aiguiser aux différents plans : politique, sécuritaire, diplomatique, économique et socioculturel», souligne-t-il. Dénonçant la judiciarisation du politique, il parle de «menées d’un pouvoir en proie à un spasme autoritaire qui n’a de stratégies politiques et institutionnelles que celles d’assurer une succession dans la continuité du régime». Il énumère dans ce sillage les nombreux textes de loi que le pouvoir compte expédier en quelques jours, en dépit de leur caractère sensible. Pour le premier secrétaire du FFS, «le régime actuel n’est ni constitutionnel ni pluraliste, ni démocratique», mais il est plutôt «autoritaire». Il met en avant le traitement réservé à l’opposition parlementaire et l’usage des majorités parlementaires qu’il se donne. «Ces majorités sont des armes de dissuasion, des armes de destruction massive de la séparation des pouvoirs, de la démocratie et de l’économie du pays», estime-t-il, considérant que le pouvoir manœuvre pour assurer «une stabilité parlementaire et surtout s’assurer une base de départ fiable pour la future élection présidentielle». Pour ce faire, il se donne ainsi des outils et instruments juridiques qui vont lui permettre de bien maîtriser les résultats des élections législatives et locales. A cela s’ajoute, affirme Abdelmalek Bouchafa, «la jonction entre les fonctionnaires de la politique et les milieux économiques et financiers sur la base d’un deal dont nous ne faisons qu’entrevoir les contours». Le premier secrétaire du FFS a également abordé la situation économique et se demande où est le nouveau modèle économique promis par le gouvernement. Il dénonce le choix délibéré de faire supporter le fardeau de la crise économique à la population et rappelle le projet du parti qui vise à «reconstruire un consensus national». Il précise, cependant, que le plus vieux parti de l’opposition ne va jamais à un «consensus des dupes» tel que proposé par «le pouvoir et ses démembrements ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire