Ancien membre du MALG (Ministère de l’armement et des liaisons générales), qui était au cœur même du dispositif de cet organisme de renseignement et de sécurité de la Révolution, Mohamed Lemkami, plus connu sous le pseudonyme de Abbas, s’est éteint dans la nuit du 26 au 27 septembre, à l’âge de 85 ans. Il était instituteur lorsqu’il avait rejoint, en 1954, les rangs de l’ALN, au sein de la Wilaya V, à l’Ouest, après avoir fréquenté pendant longtemps le PPA et les Scouts musulmans. Natif de la région berbérophone de Beni Snous, non loin de la frontière avec le Maroc, il a été choisi pour occuper divers postes de responsabilité au sein du MALG, jusqu’à l’indépendance. Il rejoint la vie civile avant d’être nommé secrétaire général du ministère du Commerce, puis directeur général des pharmacies vers la fin des années 1970, et député jusqu’à la fin des années 1980, avant d’être nommé ambassadeur à Tirana, capitale albanaise. Le défunt s’est illustré, cette année, par la publication d’un livre de près de 500 pages, intitulé Les hommes de l’ombre. Un témoignage sur le fonctionnement de l’intérieur du MALG, à travers son parcours au sein de ce ministère de la sécurité durant la Guerre de libération. Pour bon nombre de lecteurs de cet ouvrage, Lemkami a réussi à lever une partie du voile qui entourait et continue à entourer le personnage mystique de Abdelhamid Boussouf, qui menait cette guerre de l’ombre contre l’Etat colonial, mais aussi sur une bonne partie des jeunes intellectuels de la région de Tlemcen, qui avaient rejoint le maquis. Au mois de mai dernier, le défunt avait jeté un pavé dans la mare en revenant sur le passé du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès. Lors d’une conférence, organisée par la Fondation Slimane Amirat, à Alger, sur l’œuvre du chahid colonel Lotfi, Lemkami n’a pas voulu démentir directement les propos de Ould Abbès selon lesquels il faisait partie du 1er commando de fidayine à Tlemcen. Subtilement, il avait déclaré aux journalistes qui l’interpellaient sur le sujet : «Certes, je l’ai connu au lycée, mais je ne l’ai plus revu depuis. Je ne lui connais donc pas de passé révolutionnaire ni avant ni pendant la Guerre de Libération nationale.» Un grand homme et une mémoire sur le passé historique de la Guerre de libération s’en vont. Lemkami a été enterré hier, en présence de ses proches et de nombreux anciens compagnons de guerre. Il laisse derrière lui une épouse et deux enfants…
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