Le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (Snpssp) estime que les problèmes que vit la corporation ont eu pour effet la fuite massive de spécialistes vers d’autres pays. Le syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (Snpssp) a, lors d’une conférence de presse, tenue hier à son siège à Alger, énuméré l’ensemble des mesures pouvant redresser le secteur de la santé et «réduire les effets de l’anarchie dans le secteur» ainsi que comment faire face à la situation «de désert médical» vécue dans plusieurs régions du pays. Plusieurs dossiers «de grande importance» pour la stabilité de ces praticiens ainsi que pour la couverture médicale de l’ensemble du pays sont soumis aux autorités du pays, «même si certains d’entre eux ont été réglés, d’autres d’importance capitale et revêtant un caractère urgent, traînent depuis des années», déplore Mohamed Yousfi, président du SNPSSP. Le syndicat estime que les problèmes dans lesquels est maintenue la corporation ont eu pour effet la fuite massive des spécialistes vers d’autres pays. Selon le syndicat, rien qu’en France, 6000 médecins spécialistes ont postulé cette année aux épreuves de l’examen leur permettant d’exercer dans ce pays, se référant à des statistiques d’organisations françaises. Ceci sachant que des spécialistes postulent également pour les pays du Golfe, au Moyen-Orient et des pays asiatiques. Ce chiffre s’ajoute donc aux 12 000 médecins algériens spécialistes déjà installés en France ainsi qu’aux 7000 spécialistes ayant fui le public vers le privé, souligne le Dr Yousfi qui rappelle que l’Algérie forme annuellement 2000 spécialistes. Le syndicat propose, entre autres mesures, la révision du statut particulier des praticiens spécialistes. Malgré le feu vert en 2011 de la direction générale de la Fonction publique pour la révision du texte régissant la fonction, «le dossier est bloqué au niveau du Premier ministère», souligne le président du SNPSSP. Il s’agit également de la mise en conformité de la prime d’intéressement avec les dispositions du statut en vigueur depuis 2002. Le SNPSSP relève qu’il est «inconcevable» pour les spécialistes que cette prime soit la même pour les trois grades. Le syndicat lance un appel au ministre actuel pour débloquer la situation qui attend concrétisation depuis novembre 2015, soutient le Dr Yousfi. L’occasion est également pour le syndicat d’exiger l’organisation du concours d’accès au grade de spécialiste principal, prévu en 2017 selon l’arrêté ministériel de 2016. «Après 20 ans de blocage et de mouvements de protestation, le ministère a renoué avec l’organisation des concours d’accès aux différents grades de spécialistes en 2013. Nous assistons depuis l’année dernière à une nouvelle situation de blocage qui compromet le concours d’accès au grade de spécialiste principal de 2017 et celui de spécialiste chef, prévu pour 2018», prévient le même syndicaliste. Lobby Le syndicat revendique en outre la levée de la «discrimination» pratiquée sur les spécialistes en matière d’imposition. Selon le président du SNPSSP, des praticiens du corps médical touchant les mêmes indemnités versées par le ministère de la Santé sont soumis à une imposition forfaitaire de 10% uniquement, au moment où celle appliquée sur les médecins spécialistes pour le même type et montant d’indemnités atteint 35% de ces indemnité. Cette «discrimination» instaurée dans la loi de finances 2010 est un des facteurs de désertion du secteur public, selon le SNPSSP. Ce dernier revendique la réhabilitation de la carte sanitaire et la redéfinition du statut des établissements de santé publique «transformés du jour au lendemain en centre CHU, gérés par des hospitalo-universitaires». Le SNPSSP estime que la transformation de la carte sanitaire est le fruit «de lobbying pratiqué sur le ministère de la Santé». La même organisation syndicale plaide pour une loi sanitaire pouvant consacrer la contractualisation des établissements de santé. Le texte qui devrait être enrichi au Parlement doit tenir compte de la situation d’anarchie qui prévaut actuellement au niveau du secteur avec le gaspillage des ressources humaines et financières. Pour le SNPSSP, le texte, dont le contenu a été débattu avec les syndicats du secteur, est appelé à fixer les normes d’exercice dans le privé, dont 90% des activités sont pratiquées dans l’informel, selon le Dr Yousfi. Ce dernier estime que le ministère doit réhabiliter l’obligation du service public pour les praticiens du secteur privé pour éviter les situations d’indisponibilité des médecins, comme ce fut le cas ayant engendré le décès de la parturiente de Djelfa. Le SNPSSP plaide également pour l’abrogation du service civil «qui est une fausse solution pour la couverture médicale» et de l’activité complémentaire «qui ouvre la brèche à tous les dépassements», et ce, dans le cadre de la nouvelle loi sanitaire. Etant en divergence avec l’intersyndicale à propos du dossier de la suppression de la retraite anticipée, le SNPSSP ainsi que d’autres syndicats de la santé sont en train de créer la fédération des syndicats de la santé, l’objectif étant de défendre les intérêts des travailleurs du secteur.
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