Plusieurs dizaines de familles et proches de candidats à l’immigration clandestine ont violemment manifesté jeudi en fin d’après-midi devant le port de pêche La Grenouillère de Annaba, menant vers la caserne du commandement des garde-côtes de Annaba, avons-nous constaté sur place. Ils étaient nombreux à bloquer la route aux usagers, à l’effet d’obliger les forces navales à aller chercher leur progéniture, portée disparue, selon eux, depuis quelques jours en haute mer. Ils ont largué les amarres mardi pour les uns, dimanche ou lundi pour les autres à partir des différentes plages de Annaba, El Tarf et Skikda. Depuis, leurs parents sont sans nouvelles d’eux, contrairement à des dizaines d’autres qui, sains et saufs, ont pris attache avec leur famille à partir de la rive sarde de l’Italie. Sur les réseaux sociaux, cette grande évasion – une première depuis plusieurs années – a provoqué un véritable buzz où des «selfies» et des vidéos de groupes de jeunes harraga, dont des femmes et des enfants, à bord d’embarcations artisanales en haute mer alimentent à continuellement la Toile. Mieux, pour s’identifier, d’autres groupes s’affichent, ironiquement, avec des banderoles de leur équipe de football fétiche. Selon les parents des harraga disparus, ces derniers sont âgés entre 18 et 45 ans. Ils sont originaires de Annaba, El Tarf, Skikda et Souk Ahras. Profitant de l’amélioration ces derniers jours des conditions climatiques, ces jeunes Algériens ont tenté de quitter le pays clandestinement. Et si en mer les garde-côtes s’affairent quotidiennement à arrêter des embarcations de candidats à l’immigration clandestine, il n’en reste pas moins que la gendarmerie nationale est également de la partie. Selon le commandement national de ce corps constitué, agissant sur renseignements, les éléments de la gendarmerie de la brigade de Collo (Skikda) ont interpellé, lundi dernier, à hauteur de la plage Taleza, de la même commune, quatre candidats à l’immigration clandestine, près d’un véhicule. Ils étaient en possession d’effets vestimentaires, un appareil de navigation GPS, neuf batteries (1.5 V et 1.2 V), trois fumigènes de secours, un gilet de sauvetage et la somme de 460 euros. Le lendemain, les éléments de la gendarmerie de la brigade d’El Marsa (Skikda) ont interpellé à hauteur de la plage Sidi Oukacha de la localité, six autres citoyens, qui s’apprêtaient à rallier clandestinement les côtes italiennes. Une embarcation avec un moteur, un appareil de navigation GPS, des effets vestimentaires et la somme de 510 euros ont été saisis. Situation similaire à l’Ouest du pays où, agissant sur renseignements, les gendarmes de la brigade de Bouzedjar (Aïn Témouchent) ont interpellé à hauteur de la plage Sebiat, commune de Bouzedjar, neuf jeunes qui s’apprêtaient à se rendre clandestinement vers les côtes espagnoles. Une embarcation avec un moteur, une pompe à air et un appareil de navigation GPS ont été saisis. La wilaya d’Oran n’est pas en reste. En effet, le groupement territorial de Gendarmerie nationale d’Oran a été contacté, mardi dernier, sur le numéro vert (1055) par un citoyen qui a avisé que des jeunes étaient à bord d’un véhicule, à hauteur de la plage de Aïn Defla du village Cristel, commune de Gdyel, et s’apprêtaient à regagner clandestinement les côtes espagnoles. Aussitôt alertés, les gendarmes de la brigade territoriale de Gdyel, qui se sont dirigés vers cette zone, ont appréhendé sept candidats à l’immigration clandestine près du moyen de transport indiqué. Paradoxalement, cette grande ruée clandestine de jeunes algériens vers la rive européenne coïncide avec les annonces économiques austères du Premier ministre, Ahmed Ouyahia.
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