Il y a vingt ans, en cette journée du 27 septembre, onze jeunes enseignantes, M’hamdia, Naima, Hafida, Sahnounia, Zohra, Fatima, Amina, Aziza, Rachida et les deux Kheira, étaient assassinées par un groupe de terroristes, alors qu’elles rentraient chez elles, avec un de leurs collègues également tué, à Sfisef, wilaya de Sidi Bel Abbès, à l’ouest du pays. En quittant l’établissement, où elles exerçaient, elles ne se doutaient certainement pas qu’elles n’allaient plus y revenir pour enseigner le savoir à leurs élèves, même si au fond, elles étaient conscientes du danger qui les guettait, en raison de la condamnation à mort proférée par le sinistre GIA (Groupe islamiste armé) contre les enseignants. En ce mercredi ensoleillé, le fourgon, qui leur servait de moyen de transport, les attendait vers 15h30, à la sortie, de l’établissement. Depuis que les phalanges de la mort se sont emparées des vastes maquis montagneux qui entourent la ville de Bel Abbès, à l’ouest du pays, elles s’arrangeaient toujours pour rejoindre leurs domiciles avant le crépuscule. Dans ce fourgon, un de leurs collègues, également enseignant, avait déjà pris place. Sur la route, à quelques kilomètres du point de départ, plus exactement en sortant de la localité de Aïn Aden, à un lieu appelé «Shmada», un groupe d’une dizaine de terroristes a surgi de nulle part. Le chauffeur est sommé de descendre du véhicule et se mettre à genoux. Le fourgon est pris d’assaut et les 11 enseignantes ainsi que leur collègues sont pris de force vers le bas- côté de la route, où deux terroristes, les attendaient avec des couteaux de boucher. Ni les cris, ni les supplices n’ont pu faire reculer les bourreaux. Condamnées à mourir, pour avoir bravé la «fatwa de la mort». Une à une, elles sont toutes été égorgées par intermittences, de manière à ce que chacune d’elles puissent être témoin de la souffrance et de l’agonie de ses collègues. En quelques minutes, les 11 enseignantes ainsi que leur collègue ont été assassinés sous le regard tuméfié du chauffeur, épargné exprès pour qu’il raconte les détails de l’horreur. Certaines sont mortes sur le coup, d’autres ont rendu l’âme quelques minutes plus tard, sous les pluies torrentielles, qui se sont abattues en cette fin d’été. Il aura fallu attendre des heures pour que les secours arrivent sur les lieux maculés de sang, malgré le volume d’eau important qui a balayé la chaussée. La sinistre nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre et a alimenté aussi bien la presse nationale qu’internationale. Les 11 enseignantes étaient jeunes, belles, certaines mères de famille, d’autres célibataires qui travaillaient pour nourrir leurs proches, l’une d’entre elles était enceinte. Le souvenir de ce carnage est resté très vivace dans la mémoire collective et chaque 27 septembre les proches et collègues des victimes ne manquent pas de rendre hommage à ces martyres, devenues le symbole du courage et du sacrifice. Une stèle commémorative, avec les noms des enseignantes : Fliou M’hamdia, Louhab Naïma, Lenfad Hafida, Cherrid Kheira, Bouali Hanafi Sahnounia, Mehdane Zohra, Bouhend Fatima, Dich Amina, Tounsi Aziza, Boudaoud Kheira, Bouteraa Rachida, a été érigée sur le lieu même de leur abominable massacre et chaque 27 septembre, un hommage particulier est rendu à ces victimes, loin des feux des médias. Depuis quelques années, de nombreuses voix se sont élevées pour faire de cette date une journée nationale dédiée à la mémoire des enseignants victimes du devoir.
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