Le Trésor public a cumulé un déficit de l’ordre de 8800 milliards de dinars au cours des trois derniers exercices échus, soit de 2014 à 2016, a indiqué avant-hier le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, révélant ainsi l’ampleur de la frénésie dépensière qui a conduit l’Etat à recourir désormais au financement non conventionnel pour faire face à la crise. Intervenant devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN) pour présenter le projet de loi modifiant celle relative à la monnaie et au crédit, le grand argentier du pays, cité par l’APS, a ainsi précisé que pour faire face au recul important enregistré depuis fin 2014 des capacités de financement du déficit interne et externe, l’Etat a d’abord sollicité très fortement les réserves du Fonds de régulation des recettes (FRR) épuisé, selon lui, en février 2017. Depuis, l’Etat n’a cessé de multiplier les petites démarches pour trouver de nouvelles ressources permettant de financer le déficit du Trésor, avant de trancher en fin de compte en faveur du dispositif exceptionnel et radical qui est le financement non conventionnel. Dans cet ordre d’idées, le ministre des Finances a expliqué que le gouvernement a recouru en 2016 et 2017 à une série de mesures monétiques et financières, dont notamment des avances de la Banque d’Algérie (BA) au profit du Trésor sur les découverts sur les comptes courants représentant 10% des recettes ordinaires de l’Etat, ce qui a permis d’y injecter 276 milliards de dinars en 2016 et 280 milliards de dinars en 2017. En outre, a-t-il révélé, les intérêts de la Banque d’Algérie ont également été versés au Trésor public à hauteur de 610 milliards de dinars en 2016 et de 919 milliards de dinars en 2017, en sus de 560 milliards de dinars représentant les revenus de l’emprunt national pour la croissance économique, et un emprunt extérieur à hauteur de 105 milliards de dinars souscrit auprès de la Banque africaine de développement (BAD). S’agissant du système bancaire, le ministre a souligné que pour injecter plus de liquidités aux banques et leur permettre ainsi de continuer à contribuer au financement de l’économie, le taux des réserves obligatoires auquel elles sont assujetties a été abaissé à deux reprises. Ces baisses, a-t-il précisé, ont été opérées en mai 2016, de 12% à 8%, puis en juillet 2017, de 8 à 4%, générant ainsi respectivement pour les deux années 360 milliards de dinars, dont 314 milliards au profit des banques publiques, et 347 milliards de dinars, dont 301 milliards au profit des mêmes banques. Ces diverses options ayant été explorées, tandis que les pressions sur le Trésor continuent à s’aggraver et les cours du pétrole, avance encore le ministre, ne devraient pas augmenter à court et moyen terme au-delà des 50 dollars le baril, la solution prônée est donc désormais le recours au financement non conventionnel, dont dépendra ainsi le rééquilibrage des finances publiques au moins pendant les cinq années à venir. Reste en définitive à en contrôler rigoureusement la dose et les usages sans quoi, le pays risquerait de connaître une dérive inflationniste des plus désastreuses.
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