Le gouvernement serait sur le point d’abandonner les coupes drastiques qu’a connues le budget d’équipement durant ces deux derniers exercices. Pour le gouvernement, la croissance doit s’améliorer impérativement pour ne pas aggraver le coût social de la crise, gripper le moteur de l’investissement et renvoyer sine die les objectifs de sortie de crise. Dans l’avant-projet de loi de finances 2018, il y aurait une hausse importante du budget d’équipement, alors que les dépenses de fonctionnement se stabiliseraient ; les dépenses globales repasseraient au-dessus de 7500 milliards de dinars, selon des sources proches du ministère des Finances. La loi budgétaire du prochain exercice, qui sera présentée aujourd’hui au gouvernement par le ministre des Finances, table sur un taux de croissance de 4%, lequel a été durement affecté par les dernières coupes qu’a connues le budget d’équipement : -16% en 2016 et -28% en 2017. Cette importante réduction des dépenses d’équipement s’est traduite par un ralentissement net de la croissance, notamment dans le secteur hors hydrocarbures. Elle s’est établie à 2,9% en 2016, selon les services du Fonds monétaire international (FMI), contre une prévision initiale de 4,6% (loi de finances 2016). Par cette révision à la hausse des dépenses d’équipement, l’Exécutif veut opérer un ajustement progressif qui serait propice à la croissance. L’ajustement de 2016 et de 2017 qu’a connu le budget d’équipement aurait favorisé la montée du chômage et aggravé le coût social de la crise. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait déclaré jeudi dernier à l’Assemblée que le budget de fonctionnement prévu pour l’exercice 2018 ne serait pas augmenté, et ce, contrairement au budget d’équipement qui sera revu à la hausse du fait de l’augmentation du coût des projets de développement des communes et des crédits du Fonds spécial du Sud et des Hauts-plateaux, ainsi que l’assainissement des dettes des entreprises. Outre la révision à la hausse du budget d’équipement, la loi budgétaire de l’exercice 2018 apporterait une nouvelle hausse des prix des carburants, à raison de trois dinars le litre pour chacun des carburants, avons-nous appris également. C’est la troisième augmentation annuelle au nom de l’assainissement budgétaire et la lutte contre le gaspillage des produits énergétiques. Dès 2016, l’Etat y allait mollo, révisant progressivement les prix des carburants par le moyen d’une hausse de la TVA. La première augmentation de la TVA à l’importation des produits pétroliers est intervenue en 2016, avant qu’une seconde hausse n’entre en vigueur dès janvier 2017 en application de certaines dispositions de la loi de finances de cette année. Dans les détails, les prix des carburants ont bondi de plus de 5 dinars dès janvier 2016 ; le gasoil est ainsi passé de 13,70 DA à 18,76 DA (+5,06 DA), le super à 31,42 DA contre 23 DA (+8,42 DA) et le super sans plomb à 31,02 DA contre 22,60 DA (+8,42), avec un alignement de la hausse de l’essence super avec le sans plomb. En application d’autres dispositions comprises dans la loi de finances 2017, les prix des carburants ont été une nouvelle fois révisés à la hausse ; essence normale : 32,69 DA/litre, essence super : 35,72 DA/litre, essence sans plomb : 35,33 DA/litre, tandis que le prix du gasoil a été fixé à 20,42 DA/litre. La loi de finances 2018 apporterait donc son lot de hausses, en attendant qu’un nouveau dispositif de soutien aux prix puisse voir le jour. L’inflation devrait rester à 5,5% en moyenne en 2018, alors que se prépare une mise en marche de la planche à billets qui pourrait s’avérer un facteur favorisant le retour des tensions inflationnistes. L’érosion monétaire continuerait à marquer le prochain exercice avec, au tableau des changes, une prévision d’une nouvelle dépréciation du dinar (1 dollar pour 115 dinars en moyenne). Un correctif monétaire qui servirait à faire croître les recettes pétrolières libellées en dinar et à faire chuter la valeur des importations. Au plan du cadrage macroéconomique de la prochaine loi budgétaire, le gouvernement devrait garder le même prix de référence (50 dollars le baril), nourrissant l’espoir que le marché pétrolier puisse retrouver son équilibre sous l’effet des mesures de limitation de l’offre prises par l’Opep. Dans le domaine de la fiscalité, le gouvernement proposerait de taxer davantage les produits importés et l’institution d’un impôt sur la fortune, attribuant à l’administration fiscale la responsabilité de préparer un nouveau barème de taxation et les textes d’application dudit impôt. Pour ainsi dire, exceptés quelques éléments disparates dits d’ajustement budgétaire, l’avant-projet de loi de finances 2018 est loin de traduire la volonté d’accompagner la planche à billets par les réformes structurelles qui devraient concourir au rééquilibrage des finances publiques.
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