Bien que le gouvernement ait réussi à atténuer quelque peu les inquiétudes quant au recours à ce nouveau mode de financement de l’économie nationale, qu’est la création monétaire, communément appelée planche à billets, beaucoup de zones d’ombre autour de cette question subsistent toujours, tant les explications fournies jusqu’ici n’ont pas répondu à l’ensemble des questions soulevées. C’est le cas notamment des sommes d’argent qui seront créées et dont le montant exact n’est toujours pas connu, ce qui relance les inquiétudes quant à d’éventuels effets dramatiques de ce mode de financement, à savoir les tensions inflationnistes, l’érosion du pouvoir d’achat et de la valeur du dinar. Dans son exposé des motifs du projet de loi portant amendement de la loi sur la monnaie et le crédit, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait indiqué que le pays fait face, depuis près de quatre années, «à un choc externe sévère, découlant de la chute des prix sur le marché pétrolier mondial. […] C’est ainsi que l’épargne publique a été consommée, ce qui a conduit le Trésor à mobiliser des ressources additionnelles». Et de rappeler, dans ce cadre, qu’un emprunt obligataire national a été levé et que le Trésor a bénéficié de dividendes substantiels prélevés sur les résultats de la Banque d’Algérie. «En dépit de tous ces apports, le besoin de financement du Trésor pour l’année 2017 demeure supérieur à 500 milliardsde dinars.» C’est ainsi que le recours à «la planche à billets permettra, selon le gouvernement, de couvrir les besoins de financement du Trésor, de financer le remboursement de la dette publique interne, et le cas échéant, permettre au Trésor de doter en ressources le Fonds national d’investissement, au titre des prises de participations de l’Etat dans des investissements, ou de financements à long terme de programmes publics d’investissement». De son côté, le directeur général du Trésor, Fayçal Tadinit, a indiqué, jeudi à l’APN, devant la commission des finances, que le Trésor avait besoin de près de 570 milliards de dinars pour couvrir son déficit jusqu’à fin 2017, mettant en avant l’«efficacité» du financement non conventionnel pour le rétablissement des équilibres budgétaires, s’il est utilisé à bon escient. Il dira, cependant, que le montant des fonds qui seront mobilisés par le mécanisme du financement non conventionnel n’a pas encore été fixé, avant de relever que le Premier ministre a enjoint les walis au niveau local de procéder à une évaluation de tout ce qui doit être financé à court terme, ce qui permettrait, selon le même responsable, de définir le montant réel des besoins. Il faut savoir, par ailleurs, que le déficit public 2016, budgétisé initialement à -10,8% du PIB (-1954 milliards de dinars), s’est révélé largement supérieur, à plus de 15% du PIB (soit 2850 milliards de dinars), selon les estimations du FMI. La dette publique, qui aura sa part des sommes d’argent qui seront créées, s’est accrue, selon le FMI toujours, passant de 8,8% du PIB en 2015 à 21,0% en 2016 à la suite d’opérations financières réalisées par l’Etat pour soutenir deux entreprises publiques. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé à ce propos que le paiement des dettes des entreprises publiques «permettra d’injecter 1000 milliards de dinars dans le réseau bancaire, et ce, après l’adoption de la loi sur la monnaie et le crédit». Une autre destination de l’argent issu de la planche à billets est également prévue, mais dont le montant est non encore connu, à savoir le Fonds national d’investissement (FNI), une institution qui a pris une part importante dans le financement de plusieurs projets et programmes d’investissements de nombreuses entreprises publiques. Le gouvernement voudrait à cet effet, comme il l’explique dans son plan d’action, redynamiser le rôle du FNI en encadrant ses efforts et en dirigeant ses financements vers des secteurs clés de l’économie nationale.
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