Deux-cent vingt milliards de dinars par an : il s’agit là du montant des pertes en fonds que subit annuellement le Trésor public, dues principalement aux exonérations fiscales, aux taux d’intérêts bonifiés sur les crédits bancaires accordés par l’Etat aux investisseurs publics et privés et aux microentreprises créées par des jeunes en vue de relancer et soutenir l’investissement. «Les pertes sont de l’ordre de 210 à 220 milliards de dinars et qui pourraient s’élever à 300 milliards DA en 2018», indiquait jeudi le directeur général du Trésor, Fayçal Tadinit devant des parlementaires membres de la commission des finances. La déclaration du DG du Trésor intervient après celle du Premier ministre affirmant, par ailleurs, il y a un peu plus d’une semaine que les banques comptent pas moins de 800 milliards de dinars de créances auprès des entreprises, dont 11% non recouvrées. Ahmed Ouyahia avait également évoqué le montant des crédits à l’économie qui ont atteint précisément 8700 milliards de dinars, dont 4000 mds DA destinés au secteur public et 3000 mds DA au secteur privé. Aucune précision n’est donnée sur l’efficiente utilisation de ces crédits ni sur leur effet sur l’économie nationale. Encore moins sur les retombées de cette politique d’exonération fiscale sur l’économie. Ouyahia notera, cette fois-ci devant les sénateurs, que les redevances des entreprises publiques dues à l’Etat n’ont pas encore été fixées et que la valeur totale qui sera empruntée, suite à l’application du processus de financement non conventionnel, sera consacrée à l’investissement et au remboursement des dettes des entreprises publiques. Des crédits et encore des crédits seront accordés, par la bénédiction de la planche à billets, aux investisseurs, remboursables sur une durée de 30 années, et exonérés d’intérêts sur 5 ou 10 ans. Des sommes colossales et chiffres en milliards sont livrés à l’opinion publique pour montrer à la fois que l’Etat a mobilisé des moyens d’aide et continue de le faire pour le développement, mais il semble que les destinataires de ces aides n’ont pas les capacités nécessaires de faire de l’investissement réel et performant. L’inefficacité des investisseurs ne dédouane pas pour autant les pouvoirs publics de leur responsabilité dans le choix des opérateurs et des projets soutenus, d’autant que les critères de sélection sont connus de tous. Les banques sont d’ailleurs incapables ou n’ont pas les coudées franches pour obliger leurs clients à rembourser leurs créances. Le Premier ministre a le beau rôle aujourd’hui en lançant devant une Assemblée de députés un chiffre derrière l’autre et dire que l’Etat a dépensé beaucoup d’argent avant, mais que désormais il peut à peine «payer les primes des députés». Le plaidoyer de M. Ouyahia pour le recours à la planche à billets est bien léger et ne garantit pas un plan de sauvetage économique basé sur la performance et la bonne gouvernance. Des opérations de cassement de tirelires à n’en plus finir semblent être la seule formule connue des décideurs. La Banque d’Algérie avait décaissé entre 2015 et 2016 pas moins de 7 milliards de dollars dans le but d’effacer le déficit des entreprises publiques. Ouyahia, alors seulement secrétaire général du RND, avait préconisé tout simplement «la privatisation des entreprises dont la situation financière se détériore». Aujourd’hui le Premier ministre aura tout le loisir de le faire.
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