Il existe 6 millions de cotisants pour 3 millions de retraités, lesquels nécessitent le versement de pension de plus de 1000 milliards de dinars/an. La retraite est un aspect très sensible de la société aujourd’hui, c’est pour cela que le gouvernement en général et le Premier ministre en particulier se penchent de manière très particulière sur la question», a souligné hier Slimane Mellouka, directeur général de la Caisse nationale de retraite sur les ondes de la Chaîne 3. La situation est extrêmement critique, selon l’aveu même du Premier ministre Ahmed Ouyahia. «Concernant le système national de retraite, nous devons d’abord souligner que ses difficultés financières s’aggravent d’année en année. Le gouvernement veillera à la préservation du dispositif de retraite par le biais de la lutte contre la fraude sociale, ainsi que par des ressources additionnelles qui seront mobilisées dans le cadre de la loi de finances pour 2018. Cependant, tous ces efforts ne pourront dispenser le pays d’aller à terme vers une réforme du système national des retraites pour faire face au vieillissement de la population et afin que notre société s’acquitte de ses devoirs envers les générations qui ont construit le pays», a-t-il souligné dans son discours devant l’APN. La retraite est un dossier économique mais également éminemment politique. Une bonne raison pour le gouvernement de se mobiliser et de montrer sa capacité à répondre au défi érigé en nouvelle priorité des priorités. L’invité de la Radio nationale n’a pas caché que la Caisse nationale de retraite traverse depuis quelques années une période de perturbation très importante en matière de finances, résultat des départs massifs et précoces de nombreux travailleurs à la retraite, mais aussi à une baisse de l’emploi suite aux difficultés financières endurées par l’Algérie, sachant que les retraités sont pris en charge exclusivement par les cotisations des travailleurs. Il a expliqué cet état de fait notamment par l’importance des départs à la retraite en 2015 (150 000) et en 2016 (180 000) alors que les prévisions pour 2017 tournent autour 40 000 à 50 000 partants. Comment la CNR en est-elle arrivée à ce stade ? En 2012, les équilibres étaient «très favorables» en raison des augmentations importantes de salaires ayant renfloué la caisse et rééquilibré le système. 2 travailleurs pour un pensionné Cependant, il a été enregistré beaucoup de départs à la retraite à un âge précoce entre 2012-2013, ce qui a «accentué le déséquilibre» en 2014, nécessitant une compensation de plus de 200 milliards de dinars. «C’est pourquoi, dès 2014, nous avions tiré la sonnette d’alarme, la situation était devenue très tendue», a-t-il rappelé, appelant à un «débat national, un dialogue et un consensus» sur la question de la réforme du système de retraite. Si le recours au Fonds spécial de retraites peut être envisagé, il a indiqué que celui-ci, financé par les prélèvements de l’ordre de 3% de la fiscalité pétrolière, n’a pu engendrer qu’un montant de l’ordre de 460 milliards de dinars, lequel est préservé pour «plus tard», car mis en place pour les «générations futures». Contrairement au passé où 5 travailleurs cotisaient pour financer la pension d’un retraité, il y a aujourd’hui 2 travailleurs cotisants pour un pensionné. Selon les statistiques officielles, il existe 6 millions de cotisants pour 3 millions de retraités, lesquels nécessitent le versement de pension de plus de 1000 milliards de dinars/an, si on y ajoute les 140 milliards de dinars versés par l’Etat à titre de contribution. Alors, dans ce cas, y a-t-il une menace sérieuse dans le versement des prochaines retraites ? Si tel est le cas, les incidences sociales seront désastreuses : des pans entiers de la population seront sévèrement fragilisés. Et cela risque d’attiser la colère sociale et dégénérer en contestations. Et c’est justement le pire scénario que veut éviter à tout prix le gouvernement qui tente de rassurer. Toutes les solutions appropriées seront mises en place afin de continuer à assurer le versement des retraites, a affirmé Slimane Mellouka. A la question de savoir si la caisse pouvait arriver à une situation de «non-paiement» des retraites, son premier responsable a rappelé le déficit qu’elle connaît actuellement et estimé à 500 milliards de dinars, lequel a été compensé par un apport de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) et de la Caisse nationale d’assurance chômage (CNAC) de l’ordre de 900 milliards de dinars. Parmi les solutions envisagées afin de «rééquilibrer» la caisse, celle consistant en la création d’une branche pour la retraite complémentaire, précisant que ce système est «déjà instauré dans certaines mutuelles. C’est l’une des mesures qui pourrait apporter un plus, et c’est une procédure qui a donné ses résultats dans des pays développés», a-t-il souligné relevant que dans certains d’entre ces derniers, les travailleurs partent à la retraite à 69 ans avec des taux de pension très bas (à peine 50%), au moment où elle est établie à 80% en Algérie. Aussi, il a insisté sur la nécessité de réformer obligatoirement, à moyen et long termes, le système actuel de retraite : «Nous ne pouvons pas continuer à prendre en charge les retraites avec ce système et l’on ne peut maintenir le cap avec les paramètres actuels. Il faut réfléchir sérieusement à la question pour pérenniser l’ensemble du système de la sécurité sociale», a-t-il averti. Il a reconnu que même le système de la CNAS est «en péril et est compromis», en raison précisément du prélèvement que celle-ci a consenti sur son budget au profit de la CNR.
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