jeudi 21 décembre 2017

L’accusé placé en détention préventive

L’affaire de la célèbre fontaine de Aïn Fouara fait encore la une à Sétif, où des architectes et archéologues, spécialisés dans la restauration du patrimoine, sont, depuis hier, au chevet de la «mutilée». Mais c’est l’identité de l’agresseur, ses motivations et ses convictions qui intéressent désormais l’opinion. La thèse de l’acte isolé et de la santé mentale de l’auteur de cet acte n’ont pas convaincu tout le monde. La barbe, le kamis et la symbolique féminine de la cible plaident justement pour le choix délibéré et conscient de la part de l’auteur. Doté d’une musculature d’un lanceur de poids, le fanatique, devant peser plus de 120 kg pour une taille de plus de 1,90 m, est un ex-militaire radié des effectifs de l’ANP, où il n’a exercé que quatre années. Les troubles psychiques sont, nous dit-on, les principales causes de son licenciement. Mais l’information n’a pas encore été confirmée par l’administration militaire. Aussi, le décès de sa mère l’aurait fortement affecté, selon des sources familiales. Natif d’El Hadra, un bourg dépendant de Beni Ouassine (chef-lieu de commune situé à 40 km au nord-ouest de Sétif), Abbas A. est marié et père d’une petite fille. Selon des proches, le fait d’avoir raté l’enterrement de sa mère aurait plongé l’individu dans un immense désarroi. Ce gaillard de 34 ans se détache, nous dit-on, de la société, puis se renferme sur lui-même. L’isolement volontaire le conduit tout droit vers la dépression nerveuse. A son arrestation, l’agresseur de la statue de Francis de Saint-Vidal se rendant à l’évidence a tenu à présenter un bout de papier indiquant, semble-t-il, une incapacité mentale de 80%. Une fois son forfait accompli, le mis en cause s’est muré dans un silence de cathédrale. Les résultats de la minutieuse enquête déclenchée par la police judiciaire de la sûreté de wilaya de Sétif vont démêler cet écheveau. Après 48 heures de garde à vue, Abbas A. a été présenté, hier vers 13h, devant le magistrat instructeur près le tribunal de Sétif. Après plus de cinq heures d’audience, le magistrat a décidé d’envoyer le mis en cause en détention préventive. Le parquet n’a donc pas choisi de le transférer vers un hôpital psychiatrique, l’interrogatoire ayant vraisemblablement conduit les instructeurs à conclure à sa bonne santé mentale. Restauration en deux mois Notons, par ailleurs, que l’opération de restauration a été enclenchée. Des spécialistes algériens se sont déplacés hier sur site. Le diagnostic des experts rassure les Sétifiens et plus particulièrement leur madone qui n’a pas succombé. «Comme on détient des morceaux, la restauration est faisable. L’opération prendra au maximum deux mois», déclare, à El Watan, Abdelkader Bensalah, un archéologue-restaurateur qui s’est déplacé spécialement de Cherchell, où il exerce depuis plus de 32 ans. Ayant réalisé, en avril dernier, le balayage lazer de la statue vandalisée, des chercheurs de l’université Sétif I (Ferhat Mekki Abbas), à savoir le professeur Hamza Zeghlache et les docteurs Ali Khodja et Benali, abondent dans le même sens : «L’empreinte initiale numérique, réalisée en avril dernier, sera d’un très grand apport dans la restauration de Aïn Fouara, l’autre mémoire de la cité. Grâce à la méthode des structures from motion (SFM), on est en mesure de reconstruire la statue.»  

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