samedi 16 décembre 2017

Lettre ouverte à l’opinion nationale et universitaire

Le comité d’organisation d’une journée d’études m’a invité à présenter une conférence sur la sociologie des élections en Algérie, ce jeudi 14 décembre 2017 à la faculté des sciences politiques et des relations internationales, Alger 3. Je fus surpris, mercredi au soir, d’apprendre par le biais d’un des organisateurs que ladite journée d’études était annulée, en raison de la situation que connaît l’université ces derniers  jours. Je n’ai pas douté une seconde des motifs évoqués pour cette annulation, jusqu’à jeudi matin. Je découvre alors que la  manifestation avait bel et bien lieu, et que seule ma présence avait été annulée, car constituant une gêne pour le directeur de l’université. Une gêne occasionnée par mes «positions politiques dans l’opposition». Cette violation criante des libertés académiques n’est pas la première du genre dans cette université. En juin dernier, l’administration avait déjà abusé de son pouvoir contre une doctorante, en refusant de lui remettre son diplôme de doctorat, et en exigeant d’elle de censurer son texte, sous des prétextes sécuritaires et politiques inventés. Ce même abus de pouvoir a également visé des enseignants, victimes d’une agression menée par des étudiants au sein même de l’enceinte universitaire dans laquelle ma conférence a été interdite. Les enseignants et enseignantes ne peuvent plus garder le silence face à ces atteintes répétées aux libertés académiques au sein de l’enceinte universitaire. Ils ont le droit, ainsi que l’ensemble de l’opinion publique, de connaître les tenants et les aboutissants de ce qui se déroule en termes d’abus de pouvoir, de répression et de mépris des valeurs de l’université en Algérie. Aussi, les autorités publiques et à leur tête la présidence de la République, le chef du gouvernement et le ministre de l’Enseignement supérieur, sont-elles vivement invitées à s’exprimer sur ce type d’agissements afin d’informer l’opinion publique. Ces agissements qui se sont enracinés à l’université Alger 3 font-ils partie d’une politique officielle mise en œuvre pour imposer le fait accompli à la famille universitaire réduite à une grande précarité ? Ou sont-ils des «dérapages», des «fautes», commis par des gestionnaires convaincus qu’ils sont protégés, considérant que leurs agissements dont ils s’enorgueillissent auprès des responsables les préservent et préserveront leurs intérêts individuels au sein de l’université. Si ces agissements, de plus en plus graves, font partie d’une politique nationale ciblant les libertés académiques, le citoyen et l’universitaire sont en droit de le savoir pour préparer la défense de ce qui reste de la réputation de l’université algérienne. Car l’université est une partie de la réputation et des libertés de tous les Algériens. En revanche, si ces agissements sont le résultat d’une «faute et d’agissements individuels», la famille universitaire est alors en droit de recevoir les assurances claires et rapides de la part des plus hauts responsables  au niveau national et au niveau de l’université, qui montrent clairement leur rejet et leur condamnation sans équivoque de ces procédés répétés à l’université. Ces assurances passent par la levée de la couverture administrative et politique dont bénéficient les responsables coupables d’agissements qui n’honorent ni l’Algérie ni ses universités. 

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