Le tribunal de Béjaïa a condamné, hier, le porte-parole du Comité de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques, Mourad Bouzidi, à trois mois de prison avec sursis et 20 000 DA d’amende. Le verdict a été rendu à la suite du procès en diffamation intenté par le directeur général du port de Béjaïa, Djelloul Achour. «Le jugement est abusif», a déclaré à El Watan Mourad Bouzidi, qui considère que son collectif d’avocats «a suffisamment démontré qu’il n’y a pas eu diffamation». Décision est prise de faire appel de ce verdict. «Une telle décision porte un coup à la liberté d’expression», ajoute-t-il en faisant appel à l’élite pour «se prononcer et dire est-ce qu’on doit défendre le droit à l’investissement ou accepter le diktat des lobbies destructeurs de l’économie nationale» ? «Si le directeur du port juge que le fait d’être qualifié de président de la République est réducteur, c’est à lui de se justifier», réagit le porte-parole du Comité, que cette condamnation ne fait que consolider ses convictions. «Ce n’est pas ce qui va me faire taire, le combat va continuer. Le port est en train de briser son meilleur client qu’est Cevital», dit-il, voyant que le schéma directeur de développement de l’entreprise portuaire (EPB), qui projette une extension de près de 80 ha, contredit l’argument de l’insuffisance d’espace pour le projet d’usine bloqué de Cevital, que même l’acquisition d’un terrain à l’extérieur de l’enceinte portuaire n’a pas débloqué. M. Bouzidi est convaincu que la manœuvre consiste, en plus d’empêcher la création de l’usine, à faire sortir Cevital du port pour lui imposer des surcoûts, dont ceux du transport. «Nous nous intéressons à l’emploi qu’il va créer, tout l’enjeu est là», explique-t-il, s’affichant plus déterminé que jamais : «Si le verdict se confirme en dernière instance, il s’ajoutera à ma carrière de militant.» Sa conviction reste aussi que l’incendie du 20 octobre dernier dans le complexe agroalimentaire de Béjaïa, et dont on ne connaît toujours pas les résultats de l’enquête policière, est un acte de sabotage. Il reconvoque cet épisode pas seulement pour rappeler que «le directeur du port s’est précipité pour écarter cette thèse, en déclarant que c’est suite à une erreur technique due à un frottement de fer contre fer, à croire qu’il était présent», mais aussi pour révéler à El Watan qu’une vingtaine de jours plus tôt, soit le 1er octobre, l’usine a connu une tentative de «sabotage» similaire. «En tant que citoyens, nous avons le droit de nous poser des questions», dit-il. En attendant l’introduction de l’appel, la coordination des comités de soutien a rendu publique une déclaration de soutien à son porte-parole qu’elle assure de «sa solidarité agissante». Celle-ci se dit «consternée et scandalisée par une telle décision qui porte atteinte aux droits de l’homme, à la liberté d’expression et d’opinion, et qui va à l’encontre des attentes des travailleurs et de tout citoyen épris de justice et de liberté». Elle considère même «qu’une fois de plus la justice algérienne est instrumentalisée». «Notre combat pour le déblocage des équipements de Cevital, le développement économique de notre pays, l’espoir pour notre jeunesse, l’équité, la liberté d’entreprendre, l’emploi et le droit à l’expression continuera. Nous ne nous tairons pas», écrit, déterminée, la coordination.
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