samedi 6 janvier 2018

La justice espagnole soupçonnée d’être «expéditive»

L’affaire du jeune Algérien, mort en Espagne dans sa cellule le 29 décembre dernier, prend une nouvelle dimension. La justice espagnole semble avoir «bâclé» le dossier en concluant à un suicide. La famille du défunt et des organisations de défense des droits de l’homme ne veulent pas entendre parler de cette version. L’avocate de la famille Bouderbala, Amanda Romero, a accusé les autorités judiciaires espagnoles d’avoir «bâclé» le dossier. La preuve est que les juges espagnols ont vite conclu à un suicide du jeune homme de 36 ans dans sa cellule de la prison d’Archidona, dans le sud de l’Espagne. Dans sa décision consultée par l’AFP, le juge écrit notamment que «personne n’est entré dans la cellule de Mohamed Bouderbala, selon les images des caméras de surveillance». «La rapidité avec laquelle le juge d’instruction a décidé de classer l’affaire est pour le moins surprenante», estime l’avocate, citée par l’AFP. Selon elle, le tribunal «n’a interrogé aucun témoin, se basant uniquement sur les images des caméras de surveillance, l’autopsie et le rapport de police». Même si les preuves concluaient effectivement au suicide, «cela ne signifierait pas forcément qu’il n’y ait aucune responsabilité pénale, car nous parlons d’une personne qui était privée de liberté et sous protection policière». Ces critiques rejoignent, en effet, celles émises par des organisations de défense des droits de l’homme et la famille du défunt. Les critiques portent notamment sur l’utilisation de la prison d’Archidona, qui «est en soi une erreur». Selon ces organisations, les «étrangers y sont retenus dans des cellules la nuit, alors qu’ils devraient pouvoir se déplacer librement dans le centre, et sont surveillés par des policiers antiémeute». Du côté algérien, les critiques ne viennent pas que de la famille de Mohamed Bouderbala. Le député Nouredine Belmeddah a vivement critiqué l’ambassadeure d’Algérie à Madrid, Taoues Ferroukhi. Le parlementaire, qui s’est exprimé sur les colonnes du journal arabophone Echorouk, a notamment reproché à la représentante algérienne d’avoir accepté que des migrants algériens soient mis dans cette prison qui «manque de commodités». Mercredi dernier, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a reçu la famille Bouderbala à qui il a promis l’aide de l’Etat, notamment pour le rapatriement du corps. Le lendemain, les 40 autres migrants algériens qui se trouvaient dans la même prison que Mohamed Bouderbala ont regagné le pays par l’aéroport d’Oran.  

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