La saisie de véhicules transportant des denrées alimentaires à In Guezzam, à Tamanrasset, a failli tourner au vinaigre dans la nuit de dimanche à lundi. Si pour des sources sécuritaires, les propriétaires de cette marchandise sont des contrebandiers qui se sont opposés aux militaires, pour des sources locales, ce sont des bergers, des nomades, qui transportaient des produits pour leur propre consommation. On évoque deux victimes mortellement atteintes lors des tirs de sommation, alors que des sources sécuritaires le nient catégoriquement. Alors qu’il patrouillait à In Guezzam, dans la wilaya de Tamanrasset, non loin de la frontière avec le Niger, un détachement de l’Anp a intercepté, dans la nuit de dimanche à lundi, un convoi de camions tout-terrain transportant des denrées alimentaires. Des sources locales affirment que la saisie de ces produits a provoqué la colère des chauffeurs, lesquels auraient fait appel à leurs familles et proches pour tenter, à coups de pierres et autres projectiles, de récupérer de force la marchandise saisie par les militaires. «Une foule compacte aurait tenté un coup de force, mais les tirs de sommation ont poussé les gens à se replier», indiquent des sources sécuritaires locales, en précisant qu’il s’agit de contrebandiers qui étaient sur le point d’acheminer vers le Niger des produits alimentaires. «Tout le monde sait que la frontière est une zone militaire. Cette marchandise alimente les réseaux de trafiquants et de terroristes. Il n’est pas question de fermer l’œil. Les véhicules ont été saisis, leurs propriétaires s'y sont opposés et ont même tenté de les récupérer par la force», précisent nos interlocuteurs. Une version démentie néanmoins par des sources locales. «Les véhicules interceptés appartiennent à des bergers qui bivouaquaient durant la nuit, non loin de la frontière. Les produits trouvés leur appartiennent. Ils sont destinés à leur propre consommation. Lorsqu’ils ont entendu les tirs de sommation des militaires, ils les ont abandonnés et pris la fuite. Ils ne savaient même pas qu’il s’agissait des éléments de l’Anp. Ils ont tenté de les récupérer, mais ils ont essuyé un refus. Personne ne voulait les croire. Les bergers étaient en colère. Ils se sont regroupés pour aller en nombre exiger la restitution de ce qu’ils estiment être leur bien. Malheureusement, on ne sait pas comment durant les tirs de sommation deux personnes ont été touchées», raconte un habitant d'In Guezzam. Pour lui, la situation reste très électrique et cela depuis bien longtemps. «Ils ont décidé de fermer les frontières et de maintenir une forte pression sur les mouvements des bergers tout au long de la bande frontalière, en oubliant que de nombreuses familles vivent du troc entre l’Algérie et le Niger. Si on décide d’assécher les seules sources de revenus des bergers du Sahara, il faut s’attendre au pire. Nous sommes conscients de l’importance de la sécurité de nos frontières. Mais, il ne faut pas que celle-ci soit assurée au détriment de la population locale. Ici, le chômage touche la plus grande partie des jeunes, qui ne survivent que grâce au commerce du troc avec les voisins. Ce ne sont pas des contrebandiers. Il n’y a qu’à voir la quantité minime de marchandises qu’ils transportent. Les contrebandiers sont rares à être interceptés. Ils achètent la route et leurs convois passent en toute sécurité», révèlent nos sources, qui mettent en garde contre ce qu’elles qualifient de «provocations inexpliquées». Jusqu’en fin de journée, il nous était difficile de confirmer officiellement s’il y a eu, lors des tirs de sommation des militaires, des victimes. On préfère évoquer «une opération menée dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée, menée en respect de la loi et qui a permis la récupération d’une importante quantité de denrées alimentaires, de carburant et de groupes électrogènes», tout en niant une quelconque victime. En tout état de cause, cet incident ne risque pas d’être clos de sitôt, nous dit-on.
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