Mieux vaut prévenir que guérir. Telle est la devise de l’association Al Aman. Après Oran, Tlemcen, Sidi Bel Abbès et Alger, cette association a fait une halte à Mostaganem, mercredi dernier, afin de sensibiliser les étudiants de l’université Abdelhamid Ibn Badis sur les méfaits d’un excès de sucre, de sel et de matières grasses. Reportage. Chaque année, 50 000 nouveaux cas de cancer et 4 millions de nouveaux cas de diabète et d’hypertension sont enregistrés en Algérie. C’est par ces chiffres alarmants que le président de l’association Al Aman pour la protection des consommateurs, Hassan Menouar, a entamé son discours dans un amphi archicomble de la Faculté des sciences de la nature et de la vie de l’université III de Mostaganem (ex-ITA). Cette campagne vise en premier lieu les étudiants, tant cette catégorie de la société est la première cible des restaurants, dont les plats sont on ne peut trop salés, sucrés et gras. «Les étudiants passent énormément de temps dehors et sont la première cible des fast-food ainsi que le grignotage. C’est pour cela que notre présence aujourd’hui à l’université pourrait sauver des vies et leur épargner de très graves maladies», a déclaré le président d’Al Aman à l’assistance. Ce n’est une surprise pour personne de constater que les producteurs des produits alimentaires ne respectent pas totalement les mesures d’hygiène alimentaire, notamment dans le secteur des sodas et jus. Pour faire face à ce fléau, Hassan Menouar estime qu’une diminution de la consommation inciterait les producteurs à se ressaisir. «Selon une étude récente de l’OMS, l’Algérie est un pays qui ne respecte pas les mesures d’hygiène alimentaire. Dans chaque verre de soda ou de jus, il y a l’équivalent de 5 à 8 cubes de sucre. Afin que les producteurs réduisent les taux de sucre, il faut que, nous d’abord, nous réduisions notre consommation», explique le conférencier. Alimentation anarchique, nourriture malsaine et manque d’attention aux étiquetages sont les principales négligences relevées par l’association Al Aman que le consommateur algérien commet. «On ne prend jamais le temps de lire les composants des aliments que’on consomme ; il est vrai aussi que c’est parfois presque illisible tellement c’est écrit en petits caractères. Mais la vérification des étiquetages nous révèle souvent l’existence de produits dangereux dans nos aliments. Pis encore, il existe même des substances incorporées dans les produits dont la fonction principale est de créer une sorte de dépendance chez le consommateur», affirme Hassan Menouar. Alternances Interrogés, les étudiants ont déploré, pour leur part, le fait que le conférencier n’était pas accompagné par un médecin ou un nutritionniste, dont les interventions auraient pu expliquer les conséquences d’un excès de sel, de sucre et matières grasses dans l’alimentation. Comme alternatives à la nourriture malsaine, l’association Al Aman suggère la consommation des légumes et fruits bio à la place des repas des fast-food et les jus industriels. Dans ce sens, Michel Cymès, médecin français, estime qu’en se privant de certains repas, il faut que la nourriture de remplacement soit aussi agréable et délicieuse que les premiers. Dans le chapitre «Pensez aux saveurs» dans son livre Vivez mieux et plus longtemps, il dit que «manger doit rester un plaisir. Les rois de l’alimentation industrielle l’ont compris et nous piègent avec des plats dont la teneur en sel, en sucre et en graisse est hélas, trop élevée. Mais il est possible d’avoir une alimentation savoureuse sans pour autant s’esquinter la santé. Il suffit, pour ce faire, d’opter pour des aliments frais et de miser sur les fines herbes. Il en existe une pléthore qui, pour ne rien gâcher, regorgent de composants nutritifs». Marcher L’activité physique, dont l’importance dans l’entretien d’une bonne santé n’est plus à démontrer, a par ailleurs été évoquée par l’association qui incite les jeunes à privilégier la marche, les escaliers et le vélo. Outre ses bienfaits sur la santé, la marche fait énormément de bien au cerveau et surtout à notre mental. Selon une récente étude publiée dans Santé magazine, «les travaux de l’Inserm ont scientifiquement établi les bienfaits de la marche pour prévenir les troubles psychiques sur le très large spectre qui va du stress de la vie moderne jusqu’à la dépression. La marche libère les endorphines qui participent à notre sensation de mieux-être, nous permet de mieux se situer dans notre vie et de renforcer notre estime de soi», dit le Dr Guillaume Scheinder-Maunoury. Rencontré lors de cette journée de sensibilisation, Mourad est un jeune qui combine étude et boulot. Il nous a confié que la fréquentation excessive des restaurants et fast-food est due en grande partie au manque d’autres lieux de loisir et de détente. «Faute de moyens de loisirs comme le cinéma, le théâtre, les concerts de musique, le manque de piscines, etc., on se retrouve, mes amis et moi, acculés à se réunir autour d’une pizza après une longue et pénible journée», dit-il. Dans ce sens, Saïd Berber, coordinateur de l’association El Aman à Mostaganem, explique que parfois c’est encore pire. «Les jeunes, face au manque de moyens de distraction et devant le vide réel qu’ils ressentent, sombrent dans les vices. C’est comme cela qu’ils se retrouvent à fumer, à boire, voire à se droguer. Pour eux, c’est une manière de casser la routine, et là il se retrouvent embarqués dans un environnement dangereux et pour eux, pour leur famille et pour la société.» Sensibiliser La campagne de sensibilisation d’Al Aman au sein de la faculté des sciences de la vie et de biologie a été marquée par la présence de Mme Mezali, la doyenne de la faculté des sciences de la nature et de la vie. «On encourage ce genre de manifestations qui sont organisées par des citoyens ou des associations, dont le but est de protéger le consommateur. Et on est là aussi pour apprendre. Pour tous ces jeunes, c’est bien d’avoir des gens comme ça en associations. Même s’ils ne sont pas du domaine, ils vont participer à un accompagnement et un acheminement des idées dans le sens où les gens peuvent se projeter dans l’avenir. Que vont devenir ces jeunes qui consomment des quantités considérables de produits industriels ? Surtout en Algérie où le contrôle n’est pas absolument efficace, que connaissons-nous de ces contrôles ? Tous cela est important, d’autant que c’est une ouverture pour ces jeunes cadres qui vont désormais être plus regardants par rapport aux produits qu’on leur propose», nous déclare-t-elle. L’impact positif de la campagne d’Al Aman n’a pas tardé à se manifester. En effet, cette initiative semble déjà donner des résultats probants et inspirer ladite faculté pour continuer le combat à Mostaganem «On pense même à organiser des portes ouvertes vers la société civile. Notre université se situe au centre-ville. Nous avons beaucoup d’impact sur la société. En ouvrant les portes de l’université, cela permettrait d’influencer les citoyens et de voir aussi ce qu’on peut faire pour changer les mentalités des consommateurs», déclare la doyenne de la faculté des sciences de la nature et de la vie. Dans ce même élan, le président de l’association Al Aman nous a confié qu’ils ont sollicité l’université d’Alger pour qu’il y ait davantage de thèses sur le consommateur algérien. Au sortir de l’amphi, un stand a été érigé par l’association où les jeunes étudiants ont eu plus d’explications sur comment adhérer à l’association afin qu’ils puissent à leur tour contribuer à ce travail ô combien salutaire en sensibilisant les gens sur la dangerosité de l’excès de sel, de sucre et des matières grasses. A cet effet, l’association a distribué des prospectus fournis grâce à des dons des membres bénévoles de l’association. Aussi, l’association est disponible sur les réseaux sociaux où tout le monde peut se rendre pour plus d’explications. L’association Al Aman continuera sa tournée dans tout le pays avec la caravane du Sud qui démarrera en mars prochain.
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