Décédé le 12 février dans la ville de San Diego, aux Etats-Unis, Hamou Amirouche repose désormais sous un olivier au cimetière de Tiouririne, à Tazmalt, comme il l’avait souhaité de son vivant. Emouvantes funérailles, jeudi et hier, pour le moudjahid Hamou Amirouche à Tazmalt, sa ville natale, à 90 km au sud de Béjaïa, où il était né il y a 81 ans. La population lui a rendu un dernier hommage, vibrant et populaire, à la stature de l’homme, le secrétaire particulier et l’un des derniers hommes de confiance du Colonel Amirouche dans la Wilaya III historique. Décédé le 12 février dans la ville de San Diego, aux Etats-Unis, Hamou Amirouche repose désormais sous un olivier au cimetière de Tiouririne, à Tazmalt, comme il l’avait souhaité de son vivant. Nombreux ont été ceux, y compris des personnes anonymes, à avoir laissé des messages sur les registres de condoléances, ouverts pour la circonstance par l’APC, avant que l’on accompagne le défunt vers sa dernière demeure. A l’enterrement, le cimetière a difficilement contenu son monde. Dans la foule était visible le Dr Saïd Sadi, entouré de nombreux élus du RCD. Parmi les députés, on pouvait croiser Djamel Bahloul du FFS, Khaled Tazaghart du Front El Moustakbel, Zina Ikhlef du RPR, et l’entraîneur Noureddine Saadi, pour les visages connus de la scène nationale. Parmi les officiels personne, si ce n’est la présence du chef de la daïra et du directeur des moudjahidine de la wilaya. Ni le ministre, ni le wali, ni le secrétaire général de l’ONM, Saïd Abadou ne se sont déplacés. Cette absence a été particulièrement remarquée et très commentée sur place, où l’on a déjà déploré que la dépouille de Hamou Amirouche ait été rapatriée par un vol commercial et n’ayant pas bénéficié de la prise en charge de l’Etat algérien. Le sentiment d’indifférence a été exprimé et d’aucuns ont trouvé un prolongement du déni subi par le Colonel Amirouche. La dépouille a été rapatriée jeudi des Etats-Unis, via Istanbul, vers Alger avant d’arriver à Tazmalt en début d'après-midi, où une foule nombreuse l’attendait à l’entrée de la ville. Porté sur un véhicule, drapé de l’emblème national, devancé par un groupe de scouts jouant des airs patriotiques, le cercueil du défunt, accompagné d’une couronne de fleurs, a traversé la grande rue de la ville, encadré par un dispositif policier et un parfait service de vigilance assuré par de nombreux jeunes Tazmaltais, mobilisés par l’APC et le mouvement associatif. Les funérailles de Hamou Amirouche devaient ainsi porter le cachet du peuple. La procession a accompagné le défunt dans le silence et le deuil jusqu’au domicile mortuaire où il a été accueilli par des youyous, comme ceux qui célèbrent un martyr tombé au champ d’honneur. Une escouade d’agents de la Protection civile a déposé le cercueil dans une pièce toute tapissée du drapeau national et de deux portraits géants du moudjahid en tenue de combat dans les maquis de l’ALN, à Zenouna en mars 1958, et au PC de Bounamane en 1957. La levée du corps, vers le siège de l’APC, a été aussi accompagnée de youyous et de la même atmosphère de deuil et de recueillement, le lendemain matin, en présence d’une impressionnante foule qui était venue rendre un dernier hommage à Hamou Amirouche. D’anciens moudjahidine, compagnons de lutte du défunt, Djoudi Atoumi, Abdelmadjid Azzi, Medjkoune Hocine et bien d’autres, étaient au rendez-vous, tout comme ses amis qui l’ont côtoyé après l’indépendance, dont le sociologue Houari Addi et Noureddine Aït Hamouda. Abdelmadjid Azzi a connu le défunt en novembre 1957 dans les maquis de la Wilaya III, où il a servi comme infirmier dans la zone 2. «J’étais en contact avec lui, par Skype, deux jours avant sa mort. J’ai senti en lui la nostalgie du pays. Il devait venir pour que nous animions une conférence à Tazmalt. Il me disait qu’il allait venir le plus tôt possible, et il est venu en effet, dans un cercueil», témoigne A. Azzi à propos de son compagnon qu’on appelait au maquis Hamoud. S’étant exilé aux Etats-Unis, depuis 1994, Hamou Amirouche s’inquiétait des tumultes du pays. «Il demandait à ce qu’on lui envoie des articles. Comme nous, il était désolé de la situation du pays», ajoute le moudjahid Azzi qui rappelle sa reconnaissance pour Hamou Amirouche, car s’il a pu étudier et arriver à son niveau d’instruction (docteur), «c’est grâce à Amirouche». Pendant que des centaines de personnes, jeunes et moins jeunes, continuaient à affluer vers le siège de la mairie pour un dernier hommage au défunt, on se relayait au microphone, sur le perron, pour témoigner des qualités de l’homme dont deux grands portraits étaient accrochés sur la façade du siège de l’APC. L’un montrant le Colonel Amirouche posant le bras sur l’épaule de son jeune secrétaire, à Iamouren, en septembre 1957, l’autre présentant Hamou Amirouche en Tunisie, un sac sur le dos, en avril 1958. Dans le sac, des documents et de l’argent de la Révolution. Le Colonel Amirouche avait chargé son homme de confiance de les acheminer vers la Tunisie. «Amirouche me traitait comme son fils», témoignait, de son vivant, le défunt, cadet de son chef d’une dizaine d’années.
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