Le gouvernement tire la sonnette d’alarme quant au déséquilibre de la balance commerciale, alors que les opérateurs économiques ne cherchent qu’à développer leurs activités. Des fabricants de produits fromagers se préparent à l’exportation, mais les obstacles sont multiples. Le lait, produit de large consommation, et toute sa filière sont au centre des préoccupations contradictoires des pouvoirs et des organismes publics. Ahmed Ouyahia décide de ne pas approvisionner les laiteries en poudre de lait (importée), et ce, pour les unités ayant entamé leur activité au-delà du 31 décembre 2016. Motif : le nombre de laiteries est pléthorique. Le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, assène : «Il faut que les entreprises locales apprennent à produire une bonne partie des intrants locaux.» L’Onil (Office national interprofessionnel du lait) suspend l’approvisionnement du lait en poudre aux laiteries qui ont abandonné la collecte du lait cru. Dans une ambiance d’interdictions et d’injonctions, la voix des véritables investisseurs dans la filière demeure inaudible. «Les professionnels du secteur sont en effet éparpillés dans les différentes organisations patronales du pays. Nous n’arrivons pas à constituer une véritable force de propositions, tant nos intérêts sont également divergents», souligne le patron de Pâturages d’Algérie, Madani Ounoughene. Chez les professionnels, l’approche est différente. Pour eux, c’est le gouvernement qui pratique la vente concomitante. «On nous impose de collecter des citernes de lait cru en contrepartie de sacs de lait en poudre. Mais, pour en faire quoi ? Le consommateur achète le sachet de lait transformé de 25 DA et c’est légitime», opine le gérant d’une laiterie. Sur le marché algérien, il existe de grands groupes internationaux dans le domaine du lait mais dont l’activité est limitée à la transformation et au conditionnement. On signale à ce sujet, qu’aucune condition n’est posée à ces opérateurs pour œuvrer à l’intégration de la matière locale. M. Ounoughene explique : «Le ministère de l’Industrie exige un taux d’intégration dans l’industrie automobile et alors pourquoi pas généraliser cette démarche à toutes les entreprises. Par exemple, le Cheddar, essentiel de la matière première dans la production du fromage fondu, est importé à 100% de l’étranger. Avec une bonne volonté politique, il peut être produit chez nous en joint-venture avec les grands groupes. Ces fromages sont commercialisés avec zéro gramme d’intégration.» Ainsi, les professionnels estiment que les pouvoirs publics hésitent à prendre les bonnes décisions à même de booster la production laitière et enclencher une dynamique industrielle. Pour eux, l’encouragement de la production nationale passe par l’imposition de taxes consistantes sur les produits importés et, en parallèle, encourager le produit local par les exonérations de taxes sur l’aliment de bétail et la suppression de la TVA, entre autres mesures.
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