Près de 400 villages se sont inscrits dans le challenge de la propreté, mais aussi de l’écologie, du développement durable et solidaire. Il y a une révolution en douce, une énergie positive qui traverse une société insoumise, décidée à se donner elle-même les outils à même de lui garantir la prospérité économique et l’épanouissement social. Cela a toujours été le cas, mais l’énergie qui s’en dégage ces dernières années est tout simplement extraordinaire. Elle est époustouflante. Reportage dans trois villages qui ont défrayé la chronique. C’est incroyable ce qui se passe en Kabylie. Une véritable révolution est en train de se dérouler dans cette région que des médias, inféodés à certains milieux archaïques et intolérants, ont tenté par tous les moyens de diaboliser. Fake news, tentative de déstabilisation, incursion malveillante pour enraciner la culture de l’intolérance et du défaitisme. C’est une leçon de vie et de courage, d’abnégation, de sacrifice et surtout de solidarité que la Kabylie donne à méditer. Une opération anodine de campagne de propreté et d’embellissement initiée par quelques villages est en train de se transformer en une irréversible dynamique de développement. Elle se généralise. Près de 400 villages se sont inscrits dans le challenge de la propreté, mais aussi de l’écologie, du développement durable et solidaire. Pour y aller par ce vendredi d’hiver, pluvieux et froid, il faut emprunter des chemins qui montent, escarpés, caillouteux, parfois impraticables. D’où que l’on passe, par Larbaa Nath Irathen ou par Takhoukht, ce sont des chemins qui montent. C’est au sommet de cette majestueuse montagne qu’on trouvera Tiferdoud, le plus beau et le plus haut village de la Kabylie. C’est le week- end. Tout le monde est à l’ouvrage. Avec beaucoup de cœur. Ici, les gens ne rechignent pas au travail, condamnés à défier les aléas de la nature. Depuis des siècles, depuis toujours. Tiferdoud est un village typiquement kabyle conçu par des mains de maître. Ses habitants ont pris soin de transmettre de génération en génération la passion de préserver la belle architecture ancestrale, la finesse culturelle et sa sociologie. Ces maisons kabyles, construites en pierre de schiste, ont résisté à tous les aléas du temps et aux humeurs des hommes. Elles ont traversé des siècles sans vaciller. Elles ont résisté à la guerre, à la rigueur de la nature et à l’abandon. Aux vagues d’émigration massive de ses habitants, contraints à aller chercher ailleurs une vie meilleure. Après «le Printemps noir», manifestations qui ont fini dans un bain de sang en 2001, des centaines de jeunes ont pris le chemin de l’exil. C’était devenu un village sans avenir, un coin où l’on meurt à petit feu, un village fantôme où se conjuguent malvie, chômage et absence de perspectives. Mais les habitants n’ont pas baissé les bras. Petit à petit, ils se sont construit un rêve, puis des projets pour le réaliser. Tiferdoud a décidé de forcer la main du destin en se projetant dans la modernité, tout en gardant son ancestralité. A présent, qu’il fait bon d’y vivre ! Destiné à devenir un village fantôme, conséquemment au départ de «tous» ses enfants qui sont partis qui en France, qui au Canada ou aux Etats-Unis, d’autres se sont installés à Alger ou à Tizi Ouzou, Tiferdoud a réussi à changer la donne. La colline autrefois invivable est devenue un coin de paradis. C’est peut-être l’endroit le plus propre d’Algérie, assurément le plus beau aussi. Culminant à 1197 m d’altitude, il est le village le plus haut de Kabylie. Donc, en ce jour d’hiver, l’entrée du village est en pleine effervescence. Des habitants s’affairent à nettoyer la route, vident le fossé des détritus. Au foyer des jeunes baptisé du nom de Kamel Amzal, figure emblématique du combat identitaire, assassiné à la cité universitaire de Ben Aknoun en 1982 par les fous de Dieu, c’est le remue-ménage. Deux jeunes filles, pieds nus et pantalon retroussé, nettoient la bibliothèque. A l’entrée principale du village, des volontaires travaillent d’arrache-pied et effectuent quelques réparations sur le panneau lumineux, pendant que des enfants s’adonnent à cœur joie à une partie de foot au stade de proximité nouvellement aménagé. «Dimanche, nous accueillerons la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghabrit, en visite de travail dans la wilaya de Tizi Ouzou et qui a émis le vœu de visiter ce village qui fait le buzz sur les réseaux sociaux», annonce le président du comité du village, Ouidir Ahmadache, qui, aux côtés d’autres membres de «tajmaat», supervise l’exécution des travaux et donne des directives. Ses membres ne laissent rien au hasard. «La propreté est une tradition» «Les transformations qu’a connues notre village sont le fruit de la volonté des habitants et nous les devons à la force des bras de nos enfants.» Des actions de volontariat, nous apprend-il, sont organisées de manière régulière chaque week-end et chaque mois. «Cela ne date pas d’aujourd’hui, la propreté est une tradition que nous avons héritée de nos ancêtres», rappelle Saadeddine Salah, un sexagénaire très actif, membre du comité du village. «Nous ne l’avons jamais perdu», lance-t-il fièrement. Ornée de véritables œuvres d’art, l’entrée suscite la curiosité des visiteurs, elle invite à la visite de ce joyau enchanteur perché sur cette colline qui côtoie les cimes neigeuses du majestueux Djurdjura. Elle étale tout de go la splendeur du village et surtout la générosité des efforts qui ont été consentis pour faire de Tiferdoud un véritable coin de paradis. Saadeddine Salah et deux autres membres de tajmaat nous font visiter tout le village et les réalisations qui ont été faites. Il les raconte avec passion et fierté. Un bout de rêve sur cette montagne jadis fuie pour la rudesse de la vie. Ce n’est certainement pas le froid qui dissuaderait ces téméraires volontaires qui ont accompli un véritable exploit, celui du développement que les pouvoirs publics n’ont pas réussi depuis l’indépendance en 1962. Tiferdoud a été un de ces villages kabyles anonymes, désertés par leurs habitants, avant d’attirer la lumière des projecteurs et faire parler de lui aux quatre coins du pays et même à l’étranger. Le rêve est désormais permis. Bien enraciné dans la tradition, Tiferdoud est surtout un projet d’avenir. Tous ses enfants, ceux qui y vivent ou ceux qui sont partis sous d’autres cieux sont mis à contribution. Tout habitant ayant atteint l’âge de la majorité devient de fait membre de tajmaat. Les résidants cotisent à raison de 50 DA et les non résidents 100 DA le mois. Ceux qui vivent à l’étranger ont leur propre caisse et leur apport est immense, soutiennent les membres du comité. Des citoyens prennent l’initiative de financer des projets. «Ces sculptures érigées à l’entrée sont conçues par un architecte et réalisées par un maçon passionné. Elles ont été financées par les enfants du village», indiquent nos interlocuteurs. Elles symbolisent les traditions du village et de la région en général. Avant de franchir le grand portail, il y a le chemin qui mène à Tala N’wada, la fontaine d’en bas. Ce sentier sinueux et escarpé d’autrefois a été réaménagé, embelli et pavé. Quelques pas plus loin, c’est un bel ornement sculptural représentant un puits. En haut, la première aire de jeux pour les enfants du village. Manège, toboggan et balançoires. La plateforme, entourée d’une belle clôture, est revêtue tantôt de pavés, tantôt d’un gazon synthétique. A l’entrée du village, sur la gauche, se dresse un mur construit avec de la pierre taillée, savamment agencée. Sur le mur d’en face sont accrochés les portraits des 28 martyrs du village ceints de l’emblème national. Tiferdoud, qui ne les a pas oubliés, a tenu à leur rendre hommage. Nous arrivons sur l’aire de stationnement, Saadeddine Salah, emmitouflé dans sa parka, et son cache-nez pour se protéger du froid nous montre le centre des conférences qui ne tardera pas à être opérationnel. Quelques ouvriers et un maçon apportent les dernières retouches et les subtiles finitions à cette belle bâtisse qui abritera, entre autres, une salle de conférences, un atelier de confection pour les femmes du village. La cave sert pour l’instant de centre de tri où sont rangées, selon les normes, dans des sacs adaptés, des bouteilles en plastique, d’autres en verre... en fait, tous les déchets destinés au recyclage industriel. Ambitions : Projet de développement durable et de tourisme de montagne Le comité s’apprêtait à signer des conventions avec des entreprises de la région. Tiferdoud est un véritable village écologique. Ici, on ne badine pas avec l’environnement. Une pancarte plantée à l’entrée du village rappelle fermement que la propreté est l’affaire de tous. Le village dispose d’un lieu de collecte des déchets ménagers et d’un centre de tri. Initiés aux techniques de compostage — un processus de transformation des déchets organiques en un terreau riche qui permet des économies d’engrais et d’eau —, les villageois ont aménagé des lieux destinés au compostage, ce qui aidera certainement le développement des cultures vivrières, et l’offre en produits bio pour d’abord la propre consommation des habitants, et pourquoi pas les touristes qui viendront découvrir la région. Dans toutes les rues du village, à intervalles réguliers, des corbeilles sont accrochées. Elles sont à la portée des adultes mais aussi des enfants qui participent naturellement à la protection de l’environnement. Point de détritus, ni d’immondices jonchant le sol couvert d’un beau pavé. C’est tout le village qui respire la propreté. Les villageois respectent scrupuleusement le règlement intérieur qui impose à tous le dépôt des déchets ménagers entre 8h30 et 9h. Gare à celui qui ne s’y plie pas. Deux agents payés par le comité du village veillent à son application rigoureuse. Une amende de 1000 DA s’abat sur tout contrevenant. En compagnie de nos guides, nos entrons au cœur du village, vieux de plusieurs siècles. 1300 âmes y vivent toujours. Pas loin de la place centrale, les villageois ont aménagé une deuxième aire de jeux pour les enfants. Elle n’est pas ouverte tout le temps. A Tiferdoud, tout est réglé comme une horloge suisse. Chaque chose en son temps. Ici, les mamans ou les grand-mères accompagnent leurs enfants ou leurs petits-enfants pour un moment de détente. Les bambins y jouent en toute sécurité et leurs accompagnatrices en profitent pour échanger et contempler les paysages dignes de figurer dans les émissions «Ushuaïa» qu’offre à voir Tiferdoud qui a une vue imprenable sur une grande partie de la Kabylie. Une vue symbolisée par l’expression de cette stèle érigée à l’entrée du village à la mémoire du défunt Mouloud Mammeri, immense écrivain, qui montre du doigt Thaourirth Mimoun, son village natal perché, au loin, sur la colline des Ath Yenni. L’auteur de La Colline oubliée peut reposer en paix. Ni l’opium ni le bâton n’ont eu raison de ses enfants, bien résolus à réussir le pari d’apprivoiser une terre si rude, mais remplie de tant de générosité et de gratitude dès lors qu’on la respecte. Tiferdoud rend aussi hommage à un autre monument de l’histoire de l’Algérie. Il s’agit du défunt Hocine Aït Ahmed, leader charismatique du plus vieux parti de l’opposition algérienne, le Front des forces socialistes (FFS). Il est originaire de la région. Une plaque commémorative est érigée à sa mémoire. Elle est accrochée à l’entrée d’une ancienne demeure, située au bas du village. C’est la maison de sa tante où il a vécu une partie de sa tendre enfance. A côté de son portrait, on lit ce témoignage du grand militant pour l’indépendance de l’Algérie. C’est un extrait tiré de son livre Parcours d’un combattant, où il raconte son enfance dans ce village : «A six ans, j’ai dû émigrer chez une tante pour me rapprocher de l’école française. C’était un des plus grands villages de la Haute Kabylie, Tiferdoud, planté comme un paratonnerre au sommet d’un piton, constamment battu par des vents hurlants. Fantasmagorique.». D’indélébiles souvenirs, ineffaçables, empreintes laissées par un homme qui a marqué son temps et l’histoire d’un pays. Le village garde fièrement un bout de lui. Un bout qui complète, comme une pièce de puzzle, cette belle fresque, Tiferdoud, qui raconte tant d’histoires, les siennes propres et celles de toute la Kabylie. La place de tajmaat elle aussi a subi un total lifting sans pour autant perdre de son âme. Un minutieux travail de restauration a été exécuté par des artisans qui ont pris le soin de redonner, avec une parfaite minutie, à tajmaat sa place d’antan où se trouve le salon d’hôtes, une espèce de couchette réservée à l’étranger de passage pendant les saisons clémentes. En hiver, il est hébergé dans la mosquée du village à laquelle on accède à partir de tajmaat. Tiferdoud est composée de deux parties, «adrum uffela» (le clan d’en haut) et «adrum nwada» (le clan d’en bas). Elle possède quatre accès orientés vers les quatre points cardinaux : nord-sud et est-ouest. D’où que l’on vienne, l’on remonte inexorablement à la place du village qui symbolise l’extraordinaire convergence des bonnes volontés, donnant naissance à une extraordinaire solidarité. La tradition et la modernité cohabitent en bonne intelligence pour projeter Tiferdoud vers la lumière du développement solidaire. Les touristes affluent déjà des quatre coins du pays. Il y a quelques jours, c’est un groupe de la vallée du M’zab qui est venu à la découverte de cet endroit. Deux volontaires sont mobilisés chaque week-end pour servir de guide. Le potentiel touristique de ce village écologique est incommensurable. Des maisons d’hôtes sont prêtes à accueillir les amateurs de l’évasion et du tourisme de montagne. Ce n’est pas par hasard que le village est choisi pour accueillir, en juillet prochain, Racont’Art, un festival international de conte et des arts de la rue qui a pris racine en Kabylie depuis maintenant 15 ans. Chaque année, il rassemble des artistes de divers horizons, de diverses nationalités. Tiferdoud perpétuera la tradition et s’y prépare d’arrache-pied. Saadeddine Salah et les autres villageois en tirent une immense fierté. «Ici, chaque coin de rue, chaque maison a une histoire.» L’infatigable sexagénaire nous a fait voyager à travers toutes les rues du village, son histoire, et nous a livré surtout les secrets d’un ambitieux projet qui prend forme et se réalise. Désertique autrefois, Tiferdoud est devenu en quelques années un exemple de solidarité et du développement durable. «C’est un gisement de richesses», croient fermement les membres du comité, à leur tête Ouidir Ahmadache, qui préparent, avec la contribution de tous, les résidents et les émigrés, les meilleures conditions d’une vie sociale qui retiendraient les jeunes et stabiliseraient la population. Propreté, aires de jeux, une crèche, un musée qui recèle toute l’histoire de Tiferdoud, une bibliothèque où sont dispensés gracieusement des cours de soutien aux enfants du village, tout est mis en place pour réussir le challenge du développement. L’enseignant est rémunéré par tajmaat. Le village dispose de toutes les commodités : eau, électricité, gaz, la fibre optique qui permet une excellente connexion à internet... D’ailleurs, les réseaux sociaux permettent aux enfants du village d’être continuellement en contact. Ils y organisent des discussions et des débats et prennent des décisions. Tiferdoud est au cœur d’une véritable dynamique économique et sociale. Boumessaoud reçoit les premiers touristes A un jet de pierre de Tiferdoud, le village de Boumessaoud se lance lui aussi dans le challenge du développement. Sur l’aire de stationnement aménagée à l’entrée du village, en lieu et place d’une ancienne décharge publique, plusieurs familles défiant le froid prennent des photos souvenir au milieu de belles fresques représentant la fontaine, une huilerie traditionnelle, la tradition kabyle, mais aussi l’histoire de Boumessaoud, le village qui a vu naître le monument de la chanson kabyle et algérienne, Cherif Kheddam. Construit sur une pente, Boumessaoud est totalement réaménagé. C’est devant la maison de jeunes (Akham n’ylmeziane) que nous avons rencontré cheikh Amar, président de l’association Cherif Kheddam, membre du comité du village et élu à l’Assemblée populaire communale (APC) d’Imsuhal. Cheikh Amar nous fait visiter fièrement les réalisations des villageois. Thala (La fontaine) est transformée en un beau tableau. Ornée avec de la pierre, la fontaine possède trois robinets d’où coule l’eau de source qui descend de la montagne. Il y a même un sanitaire pour femmes. L’organisation de l’alimentation en eau potable est bien particulière à Boumessaoud. C’est le comité de village qui la gère. L’approvisionnement en eau est gracieux. Sauf en été, ceux qui consomment plus que la ration décidée sont appelés à payer la surconsommation, indique cheikh Amar. Chaque maison dispose d’un compteur où sont effectués les relevés par les membres du comité. La maison de jeunes est en plein travaux, de même que l’ancienne mosquée du village, une bâtisse centenaire, constituant un inestimable trésor patrimonial que le comité est en train de restaurer afin qu’elle serve de maison à l’imam, originaire de Médéa. La rue principale du village est revêtue de bitume. Boumessaoud est un village propre. Lui aussi organise le tri sélectif et entend bien, malgré les difficultés, tirer bénéfice de l’opération de recyclage. Un règlement intérieur régit la vie villageoise. Une sorte de Constitution locale que tout le monde est censé respecter à la lettre. Un manquement au règlement intérieur au sein de tajmaat, comme élever la voix, manquer de respect à quelqu’un lors de la tenue de l’assemblée générale, est lourdement sanctionné. Celui qui enfreint les règles de la propreté écope d’une forte amende qui varie de 1000 à 2000 DA. Selon cheikh Amar, la propreté est une tradition chez les habitants de Boumessaoud, comme la plupart des villages qui nous entourent. Pour ce membre du comité de village, la préservation de l’environnement est l’affaire de tous, c’est devenu même une habitude, une culture chez nos enfants qui ramassent automatiquement tout détritus qu’ils trouvent par terre. Les habitants de Boumessaoud ont fait de leur localité le village le plus propre de Kabylie en 2016, où il a été récompensé par le prix Rabah Aïssat, décerné chaque année au village le plus propre. Tous les villageois veillent au respect de l’environnement. Même la chasse au chardonneret est interdite. Boumessaoud étale ses atouts. Son ambition est de mettre en valeur son patrimoine matériel et immatériel. La maison qui a vu naître Cherif Kheddam est en pleine restauration. «Notre objectif est de faire de notre village une destination touristique», indique cheikh Amar qui nous fait savoir que des touristes sont venus dernièrement de Oued Souf, du sud du pays, pour découvrir Boumessaoud. Ils y ont passé la nuit et sont repartis très contents et satisfaits par l’accueil qui leur a été réservé. Zuvga, le pionnier de l’écologie A quelques kilomètres de Boumessaoud se trouve un autre village écologique, planté dans les entrailles de la montagne du Djurdjura. 400 âmes y vivent encore. «La grande partie des habitants vivent à l’étranger», souligne l’un d’eux. C’est cette forte communauté d’émigrés qui a contribué à faire de Zuvga, à deux reprises, le lauréat du prix Rabah Aïssat, ancien président de l’Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou, tombé sous les balles d’un groupe terroriste. Rencontré sur place, le président du comité de village Lakhbassaine Gana indique que «Zuvga est en plein travaux». Les ruelles sont en réfection à cause de l’installation des conduites du gaz de ville qui tarde à arriver suite à une histoire d’opposition formulée par un village voisin. Les habitants peinent, en cette période d’hiver où les températures descendent souvent au-dessous de zéro, à s’approvisionner en gaz butane. Il faut aller jusqu’au chef-lieu de la commune d’illilthen, situé à 7 km, pour acheter une bouteille de gaz. Comme les autres villages de la Kabylie, Zuvga organise le tri sélectif des déchets ménagers. Son projet environnemental l’a propulsé rapidement sur le devant de la scène médiatique, mais la situation sécuritaire, souligne un de ses habitants, a freiné un peu son ambition de lancer une dynamique pour développer le tourisme de montagne. La géographie de ce village, qui dispose d’un énorme potentiel, s’y prête. D’ailleurs, indique notre interlocuteur, il y a quelques années on devait recevoir des groupes de touristes étrangers en collaboration avec une association locale. «Le projet est tombé à l’eau à cause de la situation sécuritaire, mais nous ne perdons pas l’espoir de relancer le projet», affirme M. Gana qui ne manque pas de mettre en valeur tout le travail des associations du village, couronné, entre autres, par la formation d’une championne d’Algérie dans les jeux d’échecs. Zuvga a de l’ambition à revendre. Le village, qui bat le rappel de tous ses enfants pendant les vacances d’été, connaît une extraordinaire animation avec l’organisation de tournois de football sur la belle pelouse du stade nouvellement aménagé. «Pendant l’été, ici c’est la fête au village, contrairement à l’ambiance lugubre de l’hiver», lance un habitant de Zuvga.
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