lundi 19 mars 2018

Hommage : Le parcours de Redha Malek évoqué à Alger

Le patriotisme, la probité et l’intransigeance du défunt moudjahid, journaliste, politicien et diplomate, Redha Malek, décédé le 29 juillet 2017, ont été évoqués samedi à Alger par des personnalités l’ayant côtoyé. «Redha Malek était l’autre nom de la probité, sa vertu cardinale. Il était le premier à reconnaître ses erreurs», a d’emblée témoigné le président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV), Zouaoui Benhamadi, lors d’un hommage rendu par le forum d’El Moudjahid à l’ancien chef de gouvernement et moudjahid, dans le sillage de la célébration de la Fête de la victoire (19 mars). Le témoin, qui a approché le défunt quatre décennies durant, a ajouté que ce dernier lui avait donné «carte blanche» pour gérer la rédaction d’Algérie Actualité alors qu’il était ministre de l’Information, et ce, en dépit du contexte particulier de l’époque (fin 70). Pour M. Benhamadi, le «succès» d’Algérie Actualité, qu’il qualifia de «belle page» du journalisme algérien, était surtout dû à Redha Malek dont il relèvera «la compréhension de la notion d’Etat» qui l’avait également caractérisé. A ce propos, M. Benhamadi dira que Redha Malek a été «un patriote jusqu’au bout des ongles et non pas un nationaliste chauvin et sectaire», évoquant, par ailleurs, «le courage, la fermeté et l’optimisme» qu’il avait affichés durant la décennie 1990 marquée par la tragédie nationale. «Faute de richesses, un Etat est pauvre mais faute de patriotisme, un Etat n’est que pauvre !» a conclu l’intervenant sur une des citations phares du défunt. De ce dernier, l’ancien diplomate Messaoud Aït Chaâlal, qui l’a connu un demi-siècle durant, dira qu’il fut un «intellectuel, un connaisseur de l’histoire millénaire du pays, un militant intransigeant et résolument engagé, ainsi qu’un grand politique, dans le sens le plus élevé du terme». Durant la tragédie nationale, témoigne-t-il, Redha Malek a mené «une bataille résolue et pugnace contre toutes les déviations ayant perverti notre religion», avant de souligner le rôle de l’épouse du défunt, dont elle a accompagné le long parcours. Pour l’ancien ministre Nacer Mehal, Redha Malek «s’est donné corps et âme à son pays (...). Il fut un grand homme et une école en matière de patriotisme», avant d’évoquer la «reconnaissance» des officiels américains pour son rôle dans le dénouement de la crise des otages en Iran en 1981. Egalement, l’ancien diplomate Abdelaziz Rehabi retient que le défunt «a contribué à la formation d’une identité et d’un socle normatif pour la diplomatie algérienne», considérant cette question comme étant une «référence fondamentale». L’ancien cadre de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), Aïssa Kasmi, se souvient du défunt qui, à peine nommé chef de gouvernement, avait organisé, en septembre 1993, une réunion au siège de cette institution dans le contexte de la situation sécuritaire de l’époque et leur avait dit : «Je sais que vous aussi, vous vous posez des questions !» «C’est lors de cette réunion qu’il avait prononcé sa fameuse phrase : ‘‘la peur doit changer de camp’’ et que nous avions senti que l’Etat était là et que la victoire n’était pas loin !» a-t-il poursuivi. Natif de Batna en 1931, Redha Malek est l’un des membres fondateurs de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema) en 1955. De 1957 à 1962, il a occupé les fonctions de directeur du journal El Moudjahid, hebdomadaire du Front de libération nationale (FLN). Il a été porte-parole de la délégation algérienne aux négociations des Accords d’Evian (1961-1962). A l’indépendance en 1962, il a été nommé au poste d’ambassadeur en Yougoslavie, en France en 1965, puis en Union Soviétique en 1970. En 1977, il a occupé les fonctions de ministre de l’Information et de la Culture, avant d’être à nouveau nommé ambassadeur aux Etats-Unis en 1979, puis en Grande-Bretagne, en 1982. En avril 1992, il a été désigné président du Conseil consultatif national, puis en juillet de la même année, comme 5e membre du Haut Comité d’Etat (HCE). En février 1993, il a été nommé ministre des Affaires étrangères, puis chef de gouvernement en août 1993, jusqu’à avril 1994. En 1995, il a été élu président du parti Alliance nationale républicaine (ANR). Redha Malek est, par ailleurs, l’auteur de nombreux ouvrages dont Tradition et révolution, Le véritable enjeu, l’enjeu de la modernité en Algérie et dans l’islam, L’Algérie à Evian et Histoire des négociations secrètes (1956/1962).  

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