Les transformateurs de tout le pays, majoritairement de l’Est qui rassemble 70% des cultures de tomate industrielle, s’opposent fermement à l’importation. Le 6 mars 2018, comme promis le 16 novembre 2017 par Bouazghi Abdelkader, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, lors de sa visite de travail à El Tarf, les transformateurs de tomate industrielle ont été invités à une réunion au ministère. Et ce, pour discuter des questions liées au développement de cette filière, mais avant tout du problème posé par l’importation du double et triple concentré de tomate (DCT et TCT), qui n’a pas été interdite. Ces produits ne se trouvent pas sur la liste dite des «1000 produits», alors que la production nationale, qui souffre de mévente, est capable de couvrir largement les besoins nationaux. Les transformateurs de tout le pays, majoritairement de l’Est qui rassemble 70% des cultures de tomate industrielle, s’opposent fermement à l’importation sous toutes ses formes de DCT ou TCT (1 kg de TCT trituré donne approximativement 3 kg de DCT qui lui est mis sur le marché pour la consommation). Dans une lettre adressée aux pouvoirs publics, ils indiquent, chiffres à l’appui obtenus auprès du CNIS de la Douane ou des bilans de l’Onilev (Office national interprofessionnel des légumes et des viandes), qu’en 2017 la production nationale de DCT a tourné autour de 128 000 tonnes pour des besoins nationaux estimés entre 90 000 et 100 000 tonnes selon la rigueur des hivers et la saison du mois de Ramadhan. En 2016, la production nationale, qui a atteint les 100 000 t, est restée à ce jour en grande partie dans les stocks, on parle de près de 70%. La commercialisation a été entravée par l’importation de 40 000 t de TCT qui, triturées, ont donné 52 000 t de DCT. Ce qui a donné un total de 152 000 t pour des besoins de 100 000 t. Les importateurs, qui bénéficient des crédits, sont bien entendu des privilégiés du système. En plus c’est du DCT provenant de Chine, ce qui par ailleurs ne figure curieusement pas sur les emballages. En effet, la Chine inonde le monde de concentré de tomate de piètre qualité et bourré de pesticides et autres produits chimiques. Le produit chinois s’est même imposé en Italie, foyer de la tomate en Europe, avec l’aide de la mafia. Pour Omari Charif, directeur central du développement, de la régulation et de la production agricole au ministère de l’Agriculture, la filière tomate industrielle est stratégique et est au cœur d’un programme d’optimisation de la production qui fera passer les rendements de 600 à 1000 quintaux à l’hectare. Le but étant d’encourager les producteurs (agriculteurs) et les transformateurs. A terme, c’est l’exportation qui est visée. Les importations, en baisse puisqu’elles sont passées de 40 000 t à 17 000 t, viendront éventuellement compléter la production nationale. Lors de la réunion du 6 mars, il a été demandé aux 22 conserveurs (transformateurs) présents de s’organiser dans le cadre d’une association qui sera associée aux décisions concernant leurs activités. Ils auraient accepté la démarche de faire un bilan lors de la prochaine campagne (juillet-août), sur lequel va être calé le volume des importations. Ce qui laisse penser que celles-ci sont déjà envisagées, bien que les chiffres des transformateurs mettent en évidence une surproduction nationale. C’est à n’y rien comprendre. Dans leur lettre aux pouvoirs publics signée par 16 d’entre eux, les transformateurs admettent l’idée d’un éventuel complément en importation, mais dans ce cas avec une transparence totale pour la sélection des importateurs avec au préalable un «avis de presse à manifestation pour importer» suivi d’une opération classique de contractualisation. Le décret exécutif relatif à l’interdiction temporaire de produits fabriqués localement et en voie de révision a pour but, entre autres, de protéger la production nationale en plus de stopper l’hémorragie de devises. La démarche du ministère de l’Agriculture laisse perplexe. Dans un semblant de concertation sans exclusive, elle confie aux transformateurs, ce qui n’est pas courant dans les pratiques des pouvoirs publics, de faire des propositions sur le maintien ou pas de l’importation de concentré de tomate. La majorité des professionnels ont déjà répondu officiellement par «non» et le décret est clair sur ses objectifs. Pourquoi ces tergiversations ? Pourquoi exiger une association ? Les observateurs rompus à ces manœuvres dilatoires ne peuvent que penser qu’il s’agit de calmer le jeu et de donner le temps aux lobbies de l’importation de reprendre les choses en main.
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