La situation est devenue incontrôlable à l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira. Les violences et les agressions se multiplient. L’administration peine à trouver une solution à ce phénomène inquiétant. L’agression et la prise d’otage «opérée» par un groupe d’étudiants adhérents de l’organisation estudiantine l’Union nationale des étudiants algériens (UNEA) à l'encontre du doyen de la faculté des sciences économiques et de gestion commerciale (SEGC), illustrent parfaitement le relâchement «manifeste et délibéré» des responsables à tous les niveaux, incapables d’assurer la sécurité du personnel et des étudiants, désormais exposés au risque d’agressions. Le fléau de la violence a, traîtreusement, gangrené l'université de Bouira. Plusieurs cas ont été enregistrés ces dernières années, résultant du laxisme, du laisser-faire et surtout de l'impunité de l’administration. L’immeuble abritant la faculté en question a été le théâtre, en début de soirée de mercredi dernier, d’une scène digne d’un film d’action, a-t-on témoigné. Des étudiants membres de l'UNEA ont décidé de prendre en otage, et ce, durant plusieurs heures, le doyen de la faculté, en l’occurrence Ferdj Chabane, originaire de Médéa, qui, selon certaines sources, a refusé de céder devant le chantage, les ordres et le forcing de ces derniers venus réclamer l’annulation de toutes les convocations au conseil de discipline adressées par l’administration à l’encontre de quelques étudiants et aussi de l'obliger à «intercéder auprès des enseignants» afin de revoir les notes d’examen de certaines étudiantes, vraisemblablement adhérentes à l’UNEA. Le doyen, ajoutent nos sources, a pris un grand risque en se lançant dans le vide depuis son bureau sis au deuxième étage. Le recteur de l’université Akli Mohand Oulhadj a réagi en condamnant, dans un communiqué rendu public hier, l’agression et les faits gravissimes survenus au niveau de la faculté des sciences économiques et gestion commerciale, «mettant en garde contre toute tentative et dessein» visant la déstabilisation de l’université. Le recteur a rappelé que les lois régissant le fonctionnement de l’université seront appliquées avec rigueur et fermeté. Le Cnes exige une commission ministérielle. La victime, qui s’en est sortie, selon une source médicale, avec plusieurs fractures qui lui ont valu une incapacité de travail d’une durée de trois mois, a procédé, en fin d’après-midi d’avant-hier, à un dépôt de plainte contre des étudiants membres de ladite organisation. Selon une source policière, dix personnes ont été citées dans la plainte du doyen. Les mis en cause sont poursuivis pour agression et séquestration, a-t-on précisé de même source. L’enquête des services de sécurité est toujours en cours, a-t-on indiqué. Contactée, la victime a refusé de s’exprimer sur cette affaire. De son côté, le représentant local du Cnes, Outafat Youcef, a dénoncé avec fermeté cet acte de violence en annonçant l’organisation prochaine de rassemblements de protestation. «Nous avons exigé une commission ministérielle sur ces cas de violence et d’agressions qui gangrènent l’université. Nous avons aussi réclamé l’application stricte des lois contre les auteurs de l’agression commise contre un doyen de l’université qui a failli perdre la vie», a-t-il précisé dans une conversation téléphonique avec El Watan. L’Union nationale des étudiants algériens, mise en cause dans cette affaire gravissime, s'est exprimée sur sa page Facebook, en rappelant, «sans convaincre», que l’organisation de rassemblements de protestation est «garantie par la loi», en précisant que «le doyen de la faculté avait été maintes fois saisi sur plusieurs affaires, mais aucune suite ne leur a été donnée».
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