dimanche 25 mars 2018

L'affaire Boudjedra devant la justice

Le directeur de la chaîne Ennahar TV, Anis Rahmani, sera auditionné, jeudi 29 mars, par le juge d’instruction de la 10e chambre du tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, et ce, dans l’affaire opposant sa chaîne à l’écrivain Rachid Boudjedra, selon TSA. Anis Rahmani, sur son compte Twitter, a posté hier : «Je vais comparaître devant le juge d’instruction (…) pour ‘‘enlèvement’’, ‘‘torture’’ et ‘‘menace’’ (…). Je ne commenterai pas ces accusations, mais je vais remettre au juge la vidéo montrant en détail les circonstances de l’enregistrement de la caméra cachée diffusée durant le mois du Ramadhan 2017.» Lors de cette caméra invisible, Rachid Boudjedra s’était vu répéter à plusieurs reprises la «chahada» – attestation, témoignage, la profession de foi de l’islam, dont elle constitue le premier des cinq piliers. «On veut savoir, ô monsieur Boudjedra, si tu es musulman ou athée ?» «Le pauvre est à plaindre, il fait pitié.» «Voici le grand romancier algérien, Rachid Boudjedra. Il ne fait pas la prière.» Telles étaient les phrases assassines à son endroit. Aussitôt après cette caméra cachée, la chaîne TV Ennahar n’a pas cessé de diffuser en boucle sur le fil au bas de l’écran ses excuses à Rachid Boudjedra et en promettant de revoir la conception proprement dite de la caméra cachée. A l’issue de cette bévue, Rachid Boudjedra avait envisagé de porter cette affaire en justice. La société civile avait réagi. Un collectif s’était constitué. Des avocats, des universitaires, des écrivains, des poètes, des activistes des droits de l’homme, des journalistes. On peut citer Hmida Layachi, Cherif Rezki, Abdelaziz Boubakir, Achour Fenni, Ismail Yebrir, Lachmout Amar, Nacer Djabi, Adel Boucherguine, Ahmed Cheniki, Rabiaâ Djalti, le Dr Yacine Mahi Bahi, Hadda Hazem, Mohamed Bouhamidi… Ainsi que des comités de soutien à Rachid Boudjedra dans plusieurs villes d’Algérie. Aussi ont-ils observé une halte de protestation devant le siège de l’ARAV (Autorité de régulation de l’audiovisuel), sise rue Didouche Mourad, au Sacré-Cœur. Et même Saïd Bouteflika, le frère et conseiller du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est venu soutenir l’auteur de L’Escargot entête et le FIS de la haine, Rachid Boudjedra. «C’est une ignominie ce qu’ils ont fait.» Qualifiant ainsi l’inepte «fatwa cathodique».  

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